Brian Riemer, coach d'Anderlecht. © BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR

La recette de Brian Riemer pour refaire du Sporting d’Anderlecht un grand de Belgique

Le coach danois Brian Riemer est censé, avec ses deux compatriotes, Jesper Fredberg et Mikkel Hemmersam, refaire du Sporting d’Anderlecht un grand de Belgique. Portrait d’un coach parti plutôt bas sur l’échelle.

Igor Vetokele n’est pas un grand habitué des travées du Lotto Park. En douze ans de carrière, l’attaquant n’a joué qu’à trois reprises à Bruxelles. Et jamais avec le même maillot, portant tour à tour celui du Cercle Bruges, de Saint-Trond puis de Westerlo. Le 9 avril dernier, quand il débarque à Anderlecht avec les Campinois pour un match de championnat, il apprend en sus qu’il est réserviste. Le déplacement à l’ombre de Saint-Guidon ne réussit pas trop à l’Angolais, à chaque fois muet devant le but, mais qu’importe… Lorsqu’il quitte les vestiaires pour tâter le terrain une bonne heure avant le coup d’envoi, c’est plutôt tête basse. Il tombe alors nez-à-nez avec Brian Riemer, le mentor anderlechtois. «D’habitude, quand on croise un ancien coach à la tête de l’équipe adverse, on se serre la main, puis on poursuit notre route», glisse Igor, qui a côtoyé le Danois en tant que T2 lors de son passage au FC Copenhague (FCK) entre 2012 et 2014.

Ici, pourtant, pas question de salutations polies et formelles: Riemer saisit le petit buteur par les épaules et le serre chaleureusement dans ses bras pour un authentique câlin public. «Ensuite, il a pris le temps de me poser des questions: il voulait tout savoir sur moi depuis la dernière fois», sourit l’intéressé. «Beaucoup de coaches cherchent à installer une barrière avec leurs joueurs, Brian s’intéressait au contraire à ce qu’il se passait dans nos têtes, même en cas de soucis privés. À Copenhague, je vivais ma toute première expérience à l’étranger, jeune et sans famille, et il a été présent pour m’épauler et m’écouter. Son seul but était de rendre ses gars meilleurs sur le terrain, mais on le sentait sincère

« On ressent tout de suite le plaisir que Riemer éprouve à être à la fois sur le terrain et en compagnie des joueurs. »

SUNE SMITH-NIELSEN, DIRECTEUR DU DÉVELOPPEMENT DU FC COPENHAGUE

Incarnation réussie du deuxième papa, Brian Riemer aurait pu le payer cher en s’enfonçant involontairement dans une voie sans issue. «C’était typiquement ce type sympa et toujours dispo pour faire un podcast sur le foot danois», théorise Lasse Vøge, journaliste au quotidien BT. «Tout le monde pensait qu’il resterait toute sa vie cet adjoint ou ce dirigeant d’académie, qu’il serait célébré à nonante ans sur le terrain avant un match pour son travail et sa fidélité.» Surprise, donc, quand il décide de franchir la mer du Nord en 2018 pour assister son compatriote Thomas Frank à la tête de Brentford après neuf ans de loyauté envers le FCK.

Dans le borough de Hounslow, il connaît la promotion en Premier League et est considéré comme un «top mec» par le défenseur français Yoann Barbet. «Tous les lundis, on regardait les vidéos de notre match du week-end pour voir ce que l’on avait bien et mal fait. Puis, quinze minutes avant l’entraînement, on allait sur le terrain pour travailler ce qui n’avait pas fonctionné.» «Il savait comment se faire comprendre, mais avait aussi des moments plus légers», renchérit Igor Vetokele à propos de l’époque Copenhague. «Il aimait organiser des activités en équipe comme aller manger un bout ou fêter Noël. Et quand ça n’allait pas – il sentait particulièrement bien ces moments-là – il incitait le capitaine à en parler en équipe.»

Riemer au milieu de ses hommes, comme il l'aime.
Riemer au milieu de ses hommes, comme il l’aime. © BELGAIMAGE

L’actuel coach du Sporting d’Anderlecht est donc quelqu’un de bienveillant. De passionné aussi, comme il le fait remarquer dès son arrivée au FC Copenhague en 2009 en tant qu’entraîneur des jeunes. «On ressent tout de suite le plaisir qu’il éprouve à être à la fois sur le terrain et en compagnie des joueurs», témoigne Sune Smith-Nielsen, directeur du développement du club de la capitale danoise. «Il peut aussi être très sévère. C’est bon signe: ce n’est que quand les joueurs ont confiance en un coach qu’il peut se permettre d’en demander plus.»

Comme avec Andreas Cornelius. Réputé pas très travailleur, voire carrément fainéant, lors de son passage en U19 au FCK, l’attaquant trouve sur sa route de l’oisiveté un obstacle nommé Brian Riemer, qui comprend rapidement comment pousser son joueur à bout. «Il a été terriblement dur avec Andreas, mais en même temps très proche de lui, ce qui lui a permis de passer du statut de talent à celui de top talent et, au final, de transiter par l’Atalanta et l’équipe nationale», assure Smith-Nielsen. Les débuts de Riemer à la tête des jeunes de Copenhague coïncident avec une époque où les clubs danois commencent à investir sérieusement dans la formation. Ça tombe bien: il évolue dans le milieu de la jeunesse depuis ses débuts en amateur à Hvidovre IF, à 26 ans. Son professionnalisme achève d’en faire le candidat idéal pour devenir le premier coach à temps plein des U19 des Lions.

L’opportunité de se montrer

C’est ensuite assez naturellement qu’il est appelé à la rescousse, à la veille du départ en stage de l’équipe première en juillet 2012, pour remplacer le T2 Johan Lange, parti sans crier gare à Wolverhampton. Un peu par chance, aussi, celle d’être l’homme qui connaît le mieux les U19 et l’équipe réserve. «Il ne s’y attendait pas du tout», rembobine Ariël Jacobs, alors entraîneur principal du FC Copenhague. «Je lui ai dit que c’était l’opportunité de se montrer. À ce moment-là, il était voué à rester dans l’ombre: sa vocation, c’était d’entraîner les jeunes et, au maximum, l’équipe réserve.»

Cette semaine-là, Brian répond entièrement à l’attente. Son leadership, ses préparations en amont, puis son organisation des entraînements, sa capacité d’adapter les séances en fonction de la fraîcheur des joueurs et des risques de blessure plaisent à son T1. D’autant que Brian est un bosseur. Une qualité indispensable pour un FCK qui n’a pas les moyens de s’offrir une brigade d’assistants. Il endosse donc le rôle d’analyste vidéo. Par obligation autant que par plaisir. «Les Danois étaient déjà fort attachés à leurs données personnelles», rembobine Jacobs. «En début de semaine, Brian s’occupait de visionner tout le monde en vidéo, puis lançait les discussions en individuel.» En plus des séances données avec son T1, de la post-analyse du match précédent, de la préparation du suivant et de la gestion des joueurs envoyés en réserve. De souvenir d’Igor Vetokele, Riemer est alors déjà porté sur «le pressing et un football agressif, organisé et soigné.» Une recette que le Danois ne semble pas avoir abandonnée au Lotto Park. Toujours proche de ses joueurs, toujours attiré par le football léché, mais désormais à son tour assisté pendant les matches, puisque le banc anderlechtois est en contact permanent avec les tribunes, où se trouve un compatriote particulièrement attentif, le CEO Jesper Fredberg.

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