La face cachée de Bruno Venanzi: les cauchemars du rêveur
Présider le Standard est loin d’être une mission tranquille. Bruno Venanzi l’a appris à ses dépens, au cours d’un parcours qui atteint presque son cinquième anniversaire. Entre course financière, agents influents et principes tombés aux oubliettes, le gâteau pourrait avoir un arrière-goût amer.
Pour être tout à fait honnête, on a longtemps cru dans son discours. Comment ne pas être séduit par un président qui connaît son club, son histoire et celle de ses tribunes au coeur d’un milieu bourré d’artifices et de faux-semblants.
» À l’heure où le football belge voit débarquer de nouveaux propriétaires venus des quatre coins du globe, le Standard a été repris il y a trois ans par un entrepreneur qui a grandi à deux kilomètres de Sclessin. » C’est par ces mots que nous avions introduit un monologue de Bruno Venanzi, qui se racontait de supporter à président, dans un numéro spécial consacré aux 120 ans du Standard paru en septembre 2018. » Pourquoi ce club est si particulier ? Je pense qu’il a une âme. « , expliquait l’homme fort de Sclessin. » C’est difficile à définir, mais il y a un sentiment d’unification à la limite plus forte qu’un lien familial. On se retrouve tous derrière un blason. »
Le retour de MPH au Standard a un coût : 1.500.000 euros brut hors primes à l’année.
Des mots d’une grande justesse qui contrastent terriblement avec ces nouveaux patrons attirés par la gloire, et cette médiatisation que seul le foot (business) vous procure. Bruno Venanzi peut en témoigner, lui dont la success-story avec Lampiris (fournisseur et producteur d’électricité verte et de gaz naturel qu’il fonde en 2003 avec Bruno Vanderschueren) était brièvement racontée dans les médias, alors que son intronisation à la tête du Standard, le 24 juin 2015, l’avait propulsé à la Une de tous les journaux.
DÉBUTS BALBUTIÉS
Cette médiatisation soudaine ne se fait d’ailleurs pas sans casse. Le nouveau boss de Sclessin dérape chez Stéphane Pauwels, en balançant la rumeur (infondée) d’un joueur qui aurait payé son coach pour être dans le onze de base. Roland Duchâtelet, pourtant élogieux envers son successeur lors du passage de témoin, fait les frais d’une sortie incontrôlée dans le magazine Trends-Tendances. Il y explique qu’il » découvre tous les jours des vices cachés au Standard « , et avoue être » tombé sur le cul » en apprenant la manière dont Roland Duchâtelet gérait la trésorerie du club : » Je sais que Roland a fait une bonne affaire, tant mieux pour lui, mais s’il ne vit qu’avec des satisfactions financières et quand on voit ce qu’il s’est passé au Standard avec lui, je dis : pauvre homme ! »
Cette fougue médiatique laisse très vite place à davantage de frustration. L’image d’Epinal ne dure qu’un temps. Une rapide lanterne rouge après une défaite à domicile face à Westerlo, en octobre 2015, flingue l’optimisme un peu béat des premières semaines. Et pourtant, Daniel Van Buyten vient d’arriver à Sclessin, en tant que conseiller du président. Un ancien de la maison et un grand nom de notre football en guise d’indicateur des ambitions du nouveau patron. Exit aussi le vieillissant Slavo Muslin (ramené par Duchâtelet), remplacé par le jeune coach prometteur, Yannick Ferrera.
Si les débuts sont laborieux, Bruno Venanzi n’est pas devenu président du Standard sur un coup de tête. La reprise est réfléchie et préparée. Il en fait d’ailleurs fait part à quelques leaders des tribunes : » Ils m’ont assuré de leur confidentialité et ils l’ont gardée jusqu’au bout. »
RÊVE ÉVEILLÉ
Cette reprise est également encouragée par son ami, l’agent Christophe Henrotay, qui a évidemment de la suite dans les idées. » On se voyait régulièrement, on partait en vacances ensemble. C’est d’ailleurs en vacances à l’Île Maurice qu’il m’a dit qu’il allait racheter le club. Je lui ai alors conseillé, dans un premier temps, d’intégrer le Standard, d’analyser les choses, de voir où il mettait les pieds. En devenant vice-président, il a pu, par après, trouver un accord avec Roland Duchâtelet, ce qui lui avait été refusé jusque-là. »
» C’était un peu le rêve qui devenait réalité. J’avais en quelque sorte gagné à la loterie « , se souvient Venanzi. » J’étais tout excité et j’ai dû apprendre à gérer. »
En quelques mois, le président découvre les fastes d’un milieu qui lui était étranger. Christophe Henrotay, alors agent de plusieurs cadors de notre football, lui ouvre les portes de l’élite internationale. Venanzi se rend au Bayern, à la Juventus, à l’Olympiacos, à Tottenham, à Chelsea, à Benfica, à l’Atlético de Madrid, au PSG, à Lyon, ou à Monaco.
Cet admirateur de Luka Modric se retrouve même dans la loge de Jorge Mendes lors d’un match de Ligue des Champions du Real Madrid. Plus tard, c’est Pini Zahavi qui l’invite dans un prestigieux resto londonien et débouche une bouteille de Cheval Blanc facturée plusieurs milliers de pounds. À Chelsea, où il se rend avec Big Dan, c’est José Mourinho en personne qui vient les saluer avant de poursuivre la soirée à table avec Willian, Branislav Ivanovic ou Diego Costa.
« Pourquoi ce club est si particulier ? Je pense qu’il a une âme. » Bruno Venanzi
L’AGENT ET L’ARGENT
Seulement, tout cela a un prix. L’ex-défenseur du Bayern Munich perçoit 500.000 euros brut par an pour des conseils rarement précieux. Venanzi reconnaîtra plus tard que le rapport qualité/prix fait lourdement pencher la balance du mauvais côté. Christophe Henrotay, lui, officie dans l’ombre et tire de nombreuses ficelles. À Liège, une rumeur persistante raconte que l’agent de joueur a aidé financièrement son futur ex-ami à racheter le matricule 16. Lors de la conférence de presse du 24 juin 2015 qui l’officialise nouveau président, Bruno Venanzi déclare pourtant » être propriétaire de toutes les parts que Duchâtelet détenait. Il n’y a personne derrière et je ne suis pas l’homme de paille d’un autre ! Je suis le seul investisseur. »
Longtemps, Venanzi niera en bloc toute aide financière, avant que la situation ne se détériore entre les deux hommes. Henrotay lâche finalement le morceau. Aujourd’hui, Venanzi ne nie plus. Plus de cinq millions d’euros sont apportés pour aider à financer le rachat de 100% des parts à hauteur de dix millions d’euros (s’ensuivra une réduction de capital de la SA de vingt à dix millions d’euros, puis une augmentation de capital de dix millions souscrite par le holding luxembourgeois Red & White Invest, créé par Bruno Venanzi dans le seul but de financer le Standard).
L’entrepreneur liégeois n’a pas encore les reins suffisamment solides pour y aller seul, mais il ne peut passer à côté de cette occasion unique de réaliser son rêve. La vente de Lampiris à Total pour 180 millions d’euros (Venanzi empochera 33% de la somme) n’intervient qu’un an plus tard, en juin 2016. L’opération est entérinée par un virement effectué le 29 septembre, alors que l’Ajax reçoit le Standard dans le cadre de la phase de poule de l’Europa League.
L’ÉTÉ D’HENROTAY
Venanzi passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel lors de sa première saison, une campagne résumée en à peine sept jours : le Standard prend l’eau à Malines et loupe les play-offs 1 lors de la dernière journée de la phase régulière avant de décrocher la Coupe de Belgique face au Club Bruges de Michel Preud’homme. Le club sauve sa saison et Yannick Ferrera sa tête (pour quelques mois). » Cette année, c’était les chips. L’année prochaine, ce sera la bière « , s’emballe un Venanzi euphorique après la victoire en Croky Cup. Il déchante à nouveau très vite. Malgré ce succès au stade Roi Baudouin, le duo Van Buyten- Olivier Renard (arrivé en février 2016 comme directeur sportif) ne croit pas en Ferrera. Mircea Rednic débarque quelques jours plus tard à Liège, invité par le conseiller d’un président qui est mis devant le fait accompli.
Le coach roumain poireaute trois jours à Liège, sans nouvelles de la direction principautaire. Échaudé par les rumeurs d’agissements plus que douteux sur certains transferts du temps de Duchâtelet, Venanzi ne veut pas entendre parler de la venue du coach roumain. Yannick Ferrera reste en place pour quelque temps avant d’être remplacé le 6 septembre par Aleksandar Jankovic.
Durant l’été, Big Dan prévient : » Il y aura du changement à tous les étages. » Exit Ferrera, mais aussi Bob Claes (directeur général qui avait pourtant aidé Venanzi lors du rachat) et Christophe Dessy (directeur de l’Académie). La politique sportive, elle, reste ubuesque. Le duo Henrotay-Van Buyten amène une flopée de joueurs dans les dernières heures du mercato dont les mémorables Farès Bahlouli, Elderson, Soares ou Wallyson (pourtant refusé à la visite médicale). La suite est bien plus surréaliste.
TREBEL ET BELFODIL
Janvier 2017. Le capitaine des Rouches, Adrien Trebel refuse d’accompagner le groupe en stage et force son transfert vers Anderlecht, après avoir fait un arrêt à Gand. Venanzi fulmine, mais n’est pas au bout de ses surprises. Le 2 janvier, c’est Ishak Belfodil, accompagné de son agent Mohamed Al-Fayech, qui se rend à Londres pour y rencontrer les dirigeants d’Everton dans les bureaux du propriétaire du club, le milliardaire d’origine iranienne Farhad Moshiri.
Après être arrivé gratuitement en provenance des Émirats, Belfodil est décidé à rejoindre les Toffees sur le champ après avoir enflammé la compétition belge en quelques mois. Venanzi pense pouvoir faire monter les enchères et contacte dans la foulée Henrotay, proche du président d’Everton Bill Kenwright. Quelques jours plus tard, l’agent de joueur affirme ramener une offre plus importante (10 millions + 2 millions de bonus). S’ensuit un mauvais vaudeville qui a pour cadre Marbella, où le Standard a posé ses valises en stage. Belfodil rend responsable Van Buyten de son transfert avorté vers la Premier League et cherche à l’encastrer. Quand Venanzi débarque en compagnie d’Henrotay au stage, un drôle de duo aux allures de gangsters en provenance de Suisse les attend dans le lobby de l’hôtel. Chacun veut apparemment sa part du magot.
« Mogi Bayat, c’est le Chanel des agents. » Catherine Jadin, l’épouse de Bruno Venanzi
Finalement, l’attaquant international algérien ne reçoit pas son bon de sortie et va le faire payer très cher. Le président des Rouches, qui affirmera plus tard ne jamais avoir reçu d’offre officielle d’Everton, passe à la caisse pour ne pas voir son attaquant vedette, à qui il ne reste que quelques mois de contrat, partir gratuitement en fin de saison. Ce sont près de six millions d’euros ( ! ) que Belfodil et son agent se partagent en échange d’une prolongation d’une saison. Le pari est raté. Le club passe à côté d’un très joli pactole et loupe à nouveau les PO1, tandis que Belfodil traîne la patte jusqu’en fin de championnat.
DU CHANTIER AU TROPHÉE
Instabilité, toujours. Venanzi tranche une nouvelle fois dans le vif et licencie Big Dan, après une interview suicidaire de ce dernier dans la DH. Henrotay perd son pouvoir d’influence après avoir récupéré sa mise de départ.
Olivier Renard reçoit enfin les coudées franches au niveau sportif, mais la tâche est gigantesque. Il faut réduire un noyau pléthorique, hérité des années Duchâtelet, et trouver un nouveau coach. Des noms défilent : Mogi Bayat propose Felice Mazzù (avant de réussir son coup un an plus tard avec Preud’homme), Venanzi rêve de Sergio Conceição (qui choisit finalement Porto), avant de se rabattre sur une version portugaise plus low-cost, Ricardo Sa Pinto. » Je veux que mes joueurs meurent sur le terrain ! « , clame le mythique joueur du Sporting Portugal lors de son entretien d’embauche au domicile de Bruno Venanzi. Après deux saisons moroses quelque peu sauvées par la victoire en Coupe, le club principautaire a besoin d’un fameux électrochoc.
Si depuis le jour 1 Venanzi a compris l’importance de la base – il débouche » une bonne bouteille de rouge » chez lui en compagnie de quelques Ultras après la victoire en Coupe de Belgique, ou intègre l’une des figures illustres du groupe au sein du club en tant qu’ADN Director, claironne tel un politique qu’il est favorable au projet Socios avant de l’enfouir sous le tapis – il sait qu’il n’a plus le droit à l’échec après deux saisons ratées en championnat. Sébastien Pocognoli et Paul-José Mpoku arrivent dans le vestiaire afin d’y rallumer la flamme. La saison est complètement folle. Longtemps, elle dessine les contours d’un nouveau fiasco, mais se conclut en happy-end. Les arrivées de Gojko Cimirot et Mehdi Carcela en janvier changent la donne. La fin de saison se conclut en boulet de canon. Victoire en Coupe et deuxième place en championnat après une remontada épique.
Quelques mois plus tôt, personne ou presque ne s’attend à un tel final. Venanzi anticipe d’ailleurs l’après Sa Pinto. Lors d’une partie de golf, en septembre 2017, il se rapproche d’une de ses idoles de jeunesse, Michel Preud’homme. Il est alors prêt à tout afin de rapatrier l’homme du titre de 2008. Et quelques semaines avant la finale de la Coupe face à Genk, les deux hommes tombent d’accord. Venanzi pense avoir réussi un coup de maître quand il évoque sa venue auprès des membres de la direction. Preud’homme, qui débarque en famille et grandes pompes le soir de la finale au stade Roi Baudouin, fait fuiter l’information. Au surlendemain du sacre des Rouches à Bruxelles, Sudpresse balance la bombe » MPH arrive à Sclessin « . » Ils m’ont volé la victoire, ils m’ont volé la fête « , racontera Ricardo Sa Pinto en aparté. Mais la dynamique est telle que la symbiose entre le groupe et le staff fait déjouer tous les pronostics.
SA PINTO MANIPULÉ
» Bruno est un homme qui fuit les conflits « , nous avait expliqué Axel Lawarée, l’une des premières victimes de l’ère Venanzi. » C’est un lâche, il renvoie toujours la faute sur les autres « , poursuit un joueur du noyau. L’adjectif revient régulièrement quand il s’agit de définir le personnage.
En plein sprint final, Venanzi fait miroiter à Ricardo Sa Pinto une prolongation alors que son sort est scellé depuis longtemps, avant d’envoyer le fidèle Alexandre Grosjean mettre officiellement fin à l’aventure la veille du dernier match de championnat à Charleroi.
Ironie du sort, un an après sa prise de pouvoir, Venanzi déclare dans nos colonnes que » le foot est un milieu où le mensonge est institutionnalisé. Ça ne me plaît pas et ce n’est pas ma manière de travailler. C’est peut-être pour ça que l’on dit que je suis gentil, mais je ne suis pas naïf pour autant. »
Et pourtant, il en adopte rapidement les codes. Olivier Renard apprend via un journaliste qu’il est déclassé et passe directeur du recrutement suite à la venue de Preud’homme, alors que son président lui certifie peu de temps avant qu’il occupera les mêmes fonctions l’an prochain. Renard n’est qu’un élément parmi tant d’autres à goûter aux méthodes Venanzi. » Quand vous le bousculez un peu, Il vous répond oui-oui sans vous regarder dans les yeux, s’enfonce dans son canapé et dévient tout rouge « , nous explique un joueur.
CE CHER MICHEL
Sur la lancée d’une saison folle, qui renvoie aux oubliettes les deux premières campagnes ratées, l’officialisation de l’arrivée de MPH ramène le Standard aux premières loges nationales. Les éditorialistes flamands retrouvent la route de Sclessin, alors que les fans rêvent logiquement de titres. L’expérience et l’aura de Saint-Michel vont structurer et stabiliser un club qui en a bien besoin, martèle-t-on en haut lieu. Partenaire privilégié des farandoles de fin de saison, Olivier Renard voit son pouvoir décisionnel se restreindre au fil des mois.
Venanzi tente d’abord de ménager la chèvre et le chou, tout en prêtant une attention particulière à ne pas froisser le nouveau coach, directeur sportif, vice-président et administrateur du matricule 16. MPH est le vrai boss du club. » Ce ne sont pas les clefs du club, mais tout le trousseau qu’il a reçu « , paraphrase joliment un employé du club. » On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre « , déclare à Sport/Foot Magazine, le nouveau directeur général, Alexandre Grosjean.
C’est le moins qu’on puisse dire. Car le retour de MPH au Standard, ça a un coût : 1.500.000 euros brut hors primes à l’année, auxquels il faut ajouter 70.000 par mois de facture en sa qualité de vice-président, et ce sur quatre ans. Un record pour la Belgique. Le sulfureux avocat, Laurent Denis, longtemps fidèle de Mogi Bayat et qui ficèle le contrat, n’en revient pas : » Venanzi est coincé avec un tel contrat. »
LES QUARTIERS DE MOGI
Dans ses bagages, MPH ramène également Mogi Bayat, qui adressait douze mois plus tôt des messages d’insultes au duo Renard-Venanzi pour ne pas avoir été introduit dans l’arrivée d’Uche Agbo. À la question : » que vient faire Bayat dans un deal entre un président et l’un des personnages les plus expérimentés de notre football ? « , Venanzi nous répond : » Parce que Michel me l’a demandé quand on est entrés dans le vif des négociations. Il avait confié ses intérêts à Mogi, car il était tout le temps contacté par des clubs étrangers (sic). Avec Michel, on était aussi beaucoup dans l’émotionnel. Mogi a toujours dit : Je m’occupe du contrat, mais je ne veux pas être rémunéré. Ce que j’ai refusé. Car je ne veux pas avoir de dette morale envers lui. »
« C’est un lâche, il renvoie toujours la faute sur les autres. » Un joueur du Standard
Venanzi n’est pas dupe non plus du personnage. Du moins, c’est ce qu’il prétend. Mais avec MPH, Emilio Ferrera et Benjamin Nicaise, Mogi est désormais en terrain conquis à Sclessin. D’autant que la femme du président, la notaire Catherine Jadin, dont l’influence au Standard ne date pas d’hier, semble séduite par le nouvel agent-maison. » Mogi, c’est le Chanel des agents « , répond-elle quand on lui demande conseil sur les intermédiaires.
Le 10 octobre, le Footbelgate éclate. Mogi Bayat se retrouve derrière les barreaux. Le couple Venanzi est choqué par la violence de son interpellation et rend visite à la femme de Mogi et à ses enfants, en guise de soutien durant sa détention. Dès sa sortie de prison, Mogi ne perd pas une seconde ni ses bonnes habitudes. Il signe Nicolas Raskin à Sclessin et se félicite d’avoir baissé les prétentions salariales du jeune milieu de terrain, mais réclame alors une plus grosse commission en retour. Business as usual. Bayat tisse également sa toile à l’Académie avec l’aide de son rabatteur, Roberto Bisconti. Son empreinte est de plus en plus importante à Sclessin, ce qui n’est pas du goût des Ultras, qui le font savoir à travers une banderole sans équivoque : » Craque un fumigène et prends six mois. Arnaque le foot belge et on te déroulera le tapis rouge. Bayat not welcome. » À la découverte du message, le couple présidentiel, assis en tribune d’honneur, voit rouge. Comment celui qui personnifie ce que le foot a de plus détestable a-t-il pu se refaire une santé au sein d’un club qui a longtemps eu une aversion pour de nombreux agents ?
Lors du mercato estival de la saison 2019-2020, le Standard délie généreusement les cordons de la bourse grâce aux départs de Moussa Djenepo, Razvan Marin et Christian Luyindama. Felipe Avenatti débarque, par exemple, contre la somme de 3,5 millions d’euros, assortis de 700.000 euros de bonus.
Sur la corde raide lors de chaque mercato, Venanzi croit pouvoir souffler, mais plusieurs départs se font toujours attendre : Carcela, Pocognoli ou Mpoku. Preud’homme veut se débarrasser des fortes têtes. Dès son retour, il met fin au conseil des joueurs, sorte de relais entre la direction et le noyau. Alors que, circonstances obligent, sa deuxième saison à la tête des Rouches touche à sa fin, la situation n’a rien d’enthousiasmant, au contraire.
Si le club tente via ses médias-relais de rassurer le peuple rouche, le directeur général, Alexandre Grosjean est beaucoup moins confiant en coulisses. » La crise du coronavirus pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour le club « , glisse le DG du club. » Le retour de Preud’homme est la plus grande défaite de Venanzi « , pointe un ex-collaborateur. Avec trois affaires judiciaires sur le dos (le Footbelgate via Dejan Veljkovic, le dossier Henrotay mené par le parquet fédéral, et l’affaire Edmilson) et des finances dans le rouge, le rêve de Bruno Venanzi s’est transformé en cauchemar.
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