Swann Borsellino
La chronique de Swann Borsellino: Union, la saison d’une vie?
Découvrez cette chronique en intégralité dans notre magazine de la semaine, dispo dès demain en librairie
Il n’y a guère que quelques bruits de gyrophares, des groupes de policiers en faction et un début d’échauffourée pour nous rappeler que l’on n’est pas en pleine immersion dans le monde des Bisounours. Ce samedi 6 novembre au soir, le 1190 a des airs de petit monde parfait. Tout sourire avant d’aller répondre à la traditionnelle interview d’avant-match, Edward Still avoue être content de venir à l’Union pour y jouer à guichets fermés, tandis que côté Jaune et Bleu, joueurs et membres du staff ont en commun de porter le grand sourire en guise d’uniforme. La veille, Dante Vanzeir avait reçu sa première convocation avec l’équipe nationale de la bouche de Roberto Martínez, qui fait partie des quelque 8.000 personnes présentes ce soir en bordure du Parc Duden. Ça ne goûte certainement pas à tous les supporters locaux, notamment aux plus anciens, mais cet Union Saint-Gilloise – Charleroi à 20h45 est devenu the place to be. Toute la Belgique du foot est présente ou aurait voulu en être et, en marge de la rencontre, il se murmure même qu’Angèle, dont le dernier bébé « Bruxelles je t’aime » sort des enceintes du stade Joseph Marien, serait venue assister au spectacle. Un peu avant 20 heures, dans l’effervescence générale, chacun y va de son échauffement. Les artistes galopent sur la pelouse. Les autres artistes enchaînent les bières à l’Union’s Tavern ou Chez Katy. Les muscles réveillés, les corps houblonnés, tout ce petit monde peut se réunir pour assister au match. L’entrée des acteurs est habillée par les chants qui restent dans la tête et chacun comprend, à sa manière, qu’il s’apprête à vivre un moment suspendu. De ceux qui ne s’expliquent pas et dont ne sait jamais combien de temps ils durent.
Les supporters de l’Union semblent convaincus que cette saison, c’est « une fois dans une vie ».
Pour ce qui est du match, je ne vais rien vous apprendre. Si vous me lisez ici, vous l’avez probablement vu ou entrevu. Edward Still avait envie d’oser. Felice Mazzù était prêt au combat. L’efficacité fut au rendez-vous pour les Unionistes et la soirée fut à oublier, ou plutôt sera à étudier pour les Zèbres. Ce qui m’amène à vous reparler de l’Union, c’est le sentiment diffus de vivre, en qualité d’observateur, la saison d’une vie. Alors évidemment, le matricule 10 est un club historique, multi-titré et iconique. Mais il est difficile d’ignorer la place du destin dans ce qui est en train de se passer. Ce samedi, un 3-0 infligé à l’adversaire en dix minutes. Deniz Undav par deux fois, Bart Nieuwkoop ensuite. Des joueurs transcendés, les courses de Teddy Teuma, Damien Marcq ou Casper Nielsen. Siebe Van der Heyden absolument impassable. Et au-delà de ça, un staff, un groupe et des supporters, tout sourire mais pas naïfs, qui semblent convaincus que cette saison, c’est « une fois dans une vie ». Alors évidemment, personne ne sait comment tout ça va finir. Il se pourrait même que ça ne se finisse pas aussi bien que dans le monde des Bisounours, justement. Le format play-offs de la D1A n’étant pas celui qui favorise le plus les épopées magiques à la Leicester. Toujours est-il que ce dimanche soir, après le nul de Bruges face au Standard, l’Union a quatre points d’avance sur le second.
À la sortie du stade, l’euphorie est générale. Certains ont plus vu le match que d’autres, mais ceux qui l’ont regardé avec attention ne comprennent pas vraiment plus ce qu’il se passe. L’Union marche sur l’eau avec la réussite des équipes qui vont loin. Les joueurs ont l’allure de la bande de copains des équipes qui vont loin. Et même Felice Mazzù s’est adonné à quelques petits pas de danse qui ont certainement donné à Angèle des envies de l’engager sur la tournée de « Nonante-cinq ». Certainement histoire de rappeler que quand on se projette, on peut être déçu alors que quand on profite, on ne risque rien.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici