La chronique de Swann Borsellino: Ma Pro Ligue 1 à moi
Découvrez la chronique de notre consultant Swann Borsellino.
Je suis très mal organisé et pourtant, je sais toujours ce que je fais le dimanche à 21 heures. Le créneau est bloqué dans mon emploi du temps depuis que mes parents m’ont autorisé à passer le sacro-saint cap de « tu vas dormir après la première mi-temps ». Caché derrière le rideau qui séparait le salon du couloir menant à ma chambre, je regardais discrètement l’écran jusqu’au moment où mon père arrêtait de faire semblant qu’il ne m’avait pas vu pour me rappeler que je devais suivre la suite du match dans mes rêves, avant de lui demander le résultat du match le lendemain matin, servi avec mon bol de céréales. En France, le dimanche à 21 heures, c’est généralement l’heure du gros match du week-end. C’est à cette heure qu’ont eu lieu les PSG-OM de mon enfance, les OM-Monaco de mon adolescence et les difficiles OL-OM de ma jeune vie d’adulte.
Peu importe l’hyper-puissance du PSG, il y a d’autres moyens d’exister.
Depuis quelques années, ces dimanches soir n’avaient pas vraiment le même goût. J’y venais comme on vient s’asseoir machinalement à sa place préférée dans le bar du coin, mais la bière manquait de goût. Peut-être parce que depuis la saison 2012-2013, il n’est arrivé qu’une fois que le PSG chute de son trône. C’était au profit de l’AS Monaco, en 2016-2017. Sur cette période de sept titres, les Parisiens n’ont jamais été sacrés avec moins de huit points d’avance, leur ultra-domination étant symbolisée par la saison 2015-2016, qu’ils ont terminé avec 31 longueurs d’avance sur l’Olympique Lyonnais. Mais ce dimanche 21 h a ressemblé aux dimanche 21 h d’un autre temps. Le match au programme était l’un des plus importants d’une saison qui ne ressemble à aucune autre en France cette dernière décennie. Pour preuve, Paris ne jouait pas ce dimanche.
Convoqués à l’heure qui fait frissonner tous les fans de foot français, Lyon et Lille ont croisé le fer avec pour idée de rester dans la course au titre. À ce petit jeu, ce sont les Lillois qui ont renversé la vapeur, en gagnant 2-3 après avoir été menés 2-0. Surtout, à quatre journées de la fin, le LOSC est en tête avec ses 73 points. C’est un de plus que Paris. Et deux de plus que Monaco. Et ça fait du bien.
Je me permets cette incartade chauvine, car je sais, à regret, que la Ligue 1 n’est plus diffusée en Belgique. De fait, si certaines mauvaises langues diront que ce suspense a été créé de toutes pièces par un PSG qui a étonnamment perdu huit matches cette saison (ils n’en ont jamais perdu plus de cinq depuis 2013-2014), je me permettrais de rappeler ceci: Paris a perdu à domicile contre Marseille, Monaco, Lyon et Lille. Les gros matches donc, des matches qui font enfin leur retour dans l’Hexagone. Des matches que le LOSC négocie particulièrement bien, notamment grâce à un homme dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui: Christophe Galtier. Ancien entraîneur de Saint-Étienne, le manager des Dogues est un homme haut en couleurs. Ce dimanche, il a fêté la victoire des siens avec une roulade arrière qui n’était pas sans me rappeler ma raideur en cours de sport à l’école. Une célébration logique quand on sait l’empreinte que l’entraîneur français a eu sur ce match et d’autres dans la saison. « J’ai une équipe de fous », disait-il notamment au micro de Canal+ en sortie de match. Une équipe à l’image de son entraîneur, capable de préparer son onze à un ballet tactique comme face au PSG, mais aussi de rattraper une première période mitigée en envoyant ses joueurs 45 minutes à la guerre, comme ce dimanche contre Lyon. Lille, comme Monaco – mon équipe coup de coeur de la saison – sont des preuves que peu importe l’hyper-puissance du PSG, il y a d’autres moyens d’exister.
Et à ceux qui ont envie de me répondre qu’il s’agit là de club financièrement doté, je répondrais que la Ligue 1 est définitivement pleine de surprises: promu historique, mais promu quand même, le RC Lens est sagement installé à la cinquième place du championnat. Et ce grâce à un jeu magnifique proposé par son entraîneur ambitieux, monsieur Franck Haise. Autant vous dire donc que j’espère que vous jetterez un coup d’oeil au sprint final, dans lequel deux clubs historiques, Bordeaux et Nantes, jouent leur survie. Mais aussi que vous vous direz qu’après tout, il n’y a pas de raison pour que Bruges soit seul au monde en Pro League. Je vous dis à dimanche prochain, 21 heures, sur mon canapé: Monaco recevra Lyon.
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