Swann Borsellino
La chronique de Swann Borsellino: au coeur de la nuit zébrée
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C’était tellement beau que si on nous avait dit que Netflix était en train de tourner un documentaire sur le Sporting carolo, on y aurait cru. Ce dimanche soir, tous les éléments étaient réunis pour que le stade du Pays de Charleroi fasse la fête. La réception d’un gros, en l’occurrence Genk. Le jeu proposé par les coéquipiers de Marco Ilaimaharitra, on y reviendra. La victoire, qui permet aux Hennuyers de rester dans le bon wagon. Mais aussi et surtout les circonstances dans lesquelles celle-ci a été obtenue. La fête, c’était en partie celle de Hervé Koffi. Une fête d’anniversaire, déjà, au lendemain de ses 25 printemps. La fête d’une partie dont les gardiens et les observateurs se souviennent, aussi. Impeccable face aux Limbourgeois, le gardien burkinabé a sorti huit parades spectaculaires dont deux sur des penalties de Paul Onuachu. Être décisif coup sur coup dans cette situation, un exploit qu’il avait déjà réussi à Mouscron face à Malines. Mais la répétition d’une performance extraordinaire n’est en aucun cas une raison de la banaliser. Pas plus que l’on banalisera ce qu’il se passe ces dernières semaines lorsque l’équipe d’Edward Still est sur le terrain.
Edward Still lui, est persuadé que l’on peut joindre l’utile et l’agréable. Mieux : l’agréable sert forcément l’utile.
Edward Still est un coach moderne. Hervé Koffi est un gardien à l’ancienne. Le mariage n’était pas gagné d’avance, mais quand on aime, on fait quelques concessions. Je m’explique : dans un ère où les datas guide de nombreuses décisions et où les gardiens n’échappent évidemment pas aux chiffres, Edward Still aurait pu apprécier la compagnie d’un portier au jeu au pied plus précis, plus ambitieux, mais également un gardien plus sûr, dans le sens où déjà lors de son passage à Mouscron, Koffi a prouvé qu’il pouvait sauver trois matches, mais aussi en faire perdre un dans la foulée. J’appelais Koffi un gardien « à l’ancienne », d’autres préfèrent les métaphores animalières « chat », « panthère », pour décrire un gardien spectaculaire, notamment sur sa ligne, grâce à des capacités physiques hors du commun. Des attributs qui font plus penser à Bernard Lama qu’à Manuel Neuer. Mais dans le football comme dans la vie, ne pas être académique n’est un souci que pour ceux qui le sont. Alors Hervé Koffi progresse, encore et encore. Essentiellement pour lui, un peu pour dire au LOSC, qui s’est finalement fait prêter Ivo Grbic pour remplacer Mike Maignan, qu’ils se sont mis le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Épatant ce dimanche face à Junya Ito, exceptionnel face à Onuachu, Koffi repart sur ses bases de Mouscron, en mieux, et ça tombe bien puisque devant lui, c’est aussi largement mieux que la saison passée.
C’est l’autre raison de faire la fête à Charleroi, si toutefois on a vraiment besoin d’une raison pour la faire : le jeu. L’an passé, ou même les saisons précédentes, les Carolos ont su prendre des points. Edward Still, lui, est persuadé que l’on peut joindre l’utile et l’agréable. Mieux : l’agréable sert forcément l’utile. Une équipe qui sait comment jouer et bien jouer, qui répète ses gammes, ses sorties de balles et ses circuits de passes à toutes les chances de se créer plus d’occasions. Une équipe qui sait comment défendre, en pressant ou en bloc médian, a plus de chance de ne pas en concéder. C’est à ce travail de répétition, parfois embêtant pour les joueurs en semaine mais tellement payant le week-end, que s’adonne le coach des Zèbres. Avec pour ne rien gâcher des leaders qui sont à leur niveau et des nouveaux arrivants qui se mettent au diapason. Ce dimanche soir, on a, en vrac, pu voir le joueur exceptionnel qu’est Marco Ilaimaharitra ; pu tomber amoureux d’Adem Zorgane si ce n’était pas encore le cas tant un tel mélange de disponibilité offensive et d’intelligence dans le déplacement défensif est indécent ; pu se délecter de la patte gauche d’Ali Gholizadeh, car on a toujours besoin d’une patte gauche dans la vie ; pu se rappeler, en voyant Ryota Morioka, que la vérité générale sur l’élégance des joueurs qui jouent chaussettes baissées n’est pas une vérité générale pour rien. Alors si à ça, vous ajoutez Hervé Koffi et les supporters venus chaleureusement le célébrer, il y a clairement des raisons d’être d’humeur festive tous les week-end.
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