Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier | Qui est ce «on» qui veut tant de mal à Felice Mazzù?
Felice Mazzù a fustigé l’arbitrage après la défaite de Saint-Trond qui envoie son équipe en play-downs. Entre cache-cache et théorie du complot.
Dans ses pires cauchemars, Felice Mazzù voit sans doute surgir les tribunes de Den Dreef. L’enceinte d’Oud-Heverlee Louvain (OHL) a vu les locaux venir à bout des Canaris du coach carolo et les envoyer dans l’enfer des play-downs. Un an plus tôt, presque jour pour jour, c’est déjà dans le stade louvaniste qu’un but de Nachon Nsingi dans les arrêts de jeu de la phase classique du championnat avait placé le Charleroi de Mazzù à cette fatidique treizième place. L’histoire repasse les plats, et le Sambrien n’est visiblement pas un grand adepte du tragique de répétition. Sans doute parce qu’il se rappelle qu’il y a 365 jours, quand il avait assisté à la dramatique conclusion louvaniste depuis un iPad sur la pelouse de Gand où ses Zèbres s’étaient lourdement inclinés 5-0, le dénouement avait rimé avec licenciement.
Là, abattu mais surtout en colère face aux micros de DAZN, Felice Mazzù aurait pu parler de Didier Lamkel Zé. Cette recrue pour laquelle il avait tant insisté lors du mercato de janvier, et qui l’a planté au moment du sprint final en séchant deux entraînements lors de cette semaine décisive au point d’être écarté de la sélection. Ou des 2,08 expected goals créés par OHL durant la rencontre, bien au-delà d’un 0,67 trudonnaire généreusement récompensé par le doublé du buteur Adriano Bertaccini. Il a choisi de parler de l’arbitre. En précisant qu’on allait dire qu’il se cachait «derrière les décisions arbitrales» et que de toute façon, «personne n’a les couilles de parler» dans la presse, autre cible fréquemment désignée dans ses moments de lourde déception.
Il n’est évidemment pas le premier entraîneur à cibler les arbitres. Quelques mois plus tôt, c’est Besnik Hasi qui avait tiré à vue dans la foulée d’une rencontre. Le désormais ex-coach de Malines avait eu le langage tout aussi fleuri: «Ils nous baisent, après ils donnent une explication et tu dois rentrer à la maison et dormir.» Un coup de colère, sans doute. Une habile manière de détourner le regard d’un bilan de quatre points sur 30 entre la fin du mois de novembre et le début du mois de février. Sur une période semblable, celui de Felice Mazzù n’avait pas été meilleur, puisque ses Trudonnaires n’avaient gagné qu’une seule fois entre le milieu du mois de novembre et le début du mois de mars. Ironie de l’histoire, l’entraîneur souvent taxé de «trop défensif» doit surtout la quatorzième place finale de ses couleurs à une défense qui aura été parmi les quatre les plus perméables de l’élite lors de la durée de son mandat, avec 41 buts encaissés en 24 rencontres, dont seize sur les dix matchs de l’année 2025.Un bilan seulement surpassé négativement par le Beerschot et Dender.
Felice Mazzù n’a pas parlé de tout ça. Il a plutôt dit: «Qu’on dise en début de saison qu’on veut faire descendre Saint-Trond», sans expliquer l’identité de ce mystérieux «on» tireur de ficelles et comploteur, justifiant seulement que cette force obscure aurait décidé du sort funeste des Limbourgeois sous prétexte qu’ils joueraient sur une pelouse synthétique, demandant aux arbitres de siffler des penalties et de donner des cartons à chaque faute trudonnaire pour accélérer artificiellement leur chute.
Mais qui est donc ce «on» qui voulait tant de mal à Saint-Trond?
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