Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier| Pourquoi Tedesco ne fait-il jamais comme tout le monde?

Guillaume Gautier Journaliste

On dit de Domenico Tedesco qu’il expérimente beaucoup. Peut-être même trop. N’est-il pas simplement en train de chercher une formule où ses offensifs peuvent lui faire gagner le match sans qu’une défense trop faible fasse tout voler en éclats?

C’est un défaut qu’on aime prêter aux entraîneurs dont la carrière de joueur n’a jamais foulé les pelouses des plus grandes enceintes mondiales. On dit d’eux qu’ils jouent trop le match dans leur tête avant le coup d’envoi, comme s’ils compensaient ainsi le fait de ne pas savoir le sentir avec les pieds. On en fait des savants fous, des chimistes ou des laborantins. Des hommes qu’on imagine toujours en blouse blanche, jamais en training.

Domenico Tedesco est l’un de ceux-là. Entre un Yannick Carrasco titularisé à l’arrière gauche contre la Slovaquie en ouverture de l’Euro, un 4-4-2 ultradéfensif planté contre la France en huitième de finale ou la curieuse expérience d’un Jérémy Doku défenseur droit d’une défense à cinq contre l’Italie, le sélectionneur des Diables Rouges semble avoir épuisé son crédit de fantaisies. A chaque nouvelle composition, même quand elle paraît classique, le fan cherche désormais les bizarreries. Qui, à la lecture du onze aligné face à la France le 14 octobre pour ce quatrième match de Ligue des Nations, imaginait spontanément Castagne à l’arrière gauche, Debast sur la droite de la défense et Doku devant lui, loin de son flanc gauche chéri?

L’Italo-Allemand avait ouvert la porte à des tests. Trop aux yeux de certains, pas assez pour d’autres, dont une partie du public du stade Roi Baudouin qui aurait sans doute préféré d’autres changements. Sur RTL info, on s’étonnait, par exemple, de ne pas voir entrer en jeu le jeune Malick Fofana ou de ne voir que des changements «poste pour poste». Beaucoup réclament un plan de fin de match improvisé, quatre jours à peine après avoir déploré l’improvisation tactique de début de rencontre face aux Italiens. Tedesco, lui, cherche surtout un équilibre. Son premier duel contre la France avait été solide défensivement mais inexistant de l’autre côté du terrain. Le deuxième était plus ouvert, mais avait surtout surexposé les faiblesses d’une défense intelligemment protégée lors de l’Euro. Sa Belgique était alors un peu plus spectaculaire, mais beaucoup moins compétitive.

Pourtant sans Lukaku ni De Bruyne, Domenico Tedesco paraissait enfin avoir trouvé la voie. Un 4-1-4-1 sans ballon qui devient 3-6-1 en possession de balle, avec un milieu de terrain en losange qui fait enfin apparaître Loïs Openda et offre un duel très favorable contre Lucas Digne à Jérémy Doku. La Belgique domine, menace, rate beaucoup puis marque un peu, mais perd quand même à la fin. Parce que même avec trois hommes qui ne doivent penser qu’à défendre, exonérés d’apport offensif et protégés par un milieu défensif presque jamais aperçu dans le camp adverse, les Diables encaissent deux fois. La faiblesse des défenseurs centraux belges oblige décidément à faire bien trop de compromis rarement payants.

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