Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier: pourquoi c’est si facile de tomber sur Brian Riemer

Guillaume Gautier Journaliste

Brian Riemer est le coupable idéal de l’échec presque définitif d’Anderlecht dans la course au titre. Personne ne semble même envisager de prendre la défense d’un coach jamais vraiment légitimé.

Puisque le football n’a pas le sens de la mesure, l’heure des défaites est aussi celle des coupables. Aux alentours du Lotto Park, dans la foulée d’un revers contre Bruges qui réduit presque à néant les chances de titre d’Anderlecht, le tribunal des tribunes rend un verdict aux allures d’unanimité. Tous pointent du doigt Brian Riemer, l’entraîneur danois des Mauves, comme l’homme qui aura empêché le Sporting bruxellois d’être champion. Tant pis si le club a fait office de véritable challenger pour le titre pour la première fois depuis sept ans. Plus personne n’est là pour relever que Mats Rits, l’une des clés de voûte du jeu mauve cette saison, est arrivé dans la capitale parce qu’il n’entrait plus dans les plans de Bruges, colossal adversaire du jour. Au Parc Astrid, la différence de niveau n’était-elle pourtant pas bien plus flagrante sur le terrain que devant le banc?

Il faut dire que Brian Riemer est le portrait-robot du coupable idéal. Rien n’est là pour l’écarter des soupçons: pas d’imposant CV de joueur pour imposer un respect naturel au public, à la presse et au parterre de consultants. Pas plus de connexions dans le milieu national, celles qui permettent souvent d’échapper à la critique en la contestant par un message envoyé ou une information subtilement glissée «off the record». Pas même de réussites passées comme entraîneur auxquelles se raccrocher, permettant de dire que l’échec ne vient pas forcément de lui. Difficile pour ses défenseurs, qui n’existent de toute façon nulle part, de trouver des circonstances atténuantes pour modérer l’opinion du jury à son égard.

Peut-être pourraient-ils sortir les chiffres. Ceux qui disent qu’en cas de victoire au Bosuil lors de la dernière journée, l’Anderlecht de Brian Riemer aura engrangé 80 points en 40 rencontres disputées cette saison, soit seulement deux de moins que les hommes de René Weiler, derniers champions de l’histoire mauve avec 82 unités conquises entre la phase classique et les play-offs. Que deux fois seulement, au cours de la décennie écoulée, Anderlecht a gagné plus que 22 matches, lors de ses titres de 2014 et 2017. Que deux ans plus tôt, l’idole des tribunes Vincent Kompany avait bouclé son dernier exercice bruxellois avec 72 points.

Certes, le mercato d’Anderlecht cette saison a été spectaculaire, mais l’équipe d’alors comptait un Lior Refaelov qui venait de remporter le Soulier d’or, un Joshua Zirkzee qui marche aujourd’hui sur le championnat italien ou un Sergio Gomez directement parti vers Manchester City. A l’époque, la direction du Sporting avait justifié sa méfiance à l’égard de l’idole locale en disant qu’il n’avait pas joué le titre malgré un noyau taillé pour un trophée. Deux saisons plus tard, l’équipe de Brian Riemer a probablement perdu le titre à 90 minutes du coup de sifflet final, mais l’aura joué jusqu’au bout, permettant à un Lotto Park survolté d’y croire comme jamais depuis sept longues années.

Tout ça ne pèsera pourtant pas bien lourd pour celui qu’on présente, depuis le premier jour, comme la marionnette du CEO Sports, Jesper Fredberg. Un homme pistonné par son compatriote, mis à la tête d’une équipe pour laquelle il ne déciderait de rien tout en étant coupable de tout.

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