Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier: non pour Courtois, oui pour Lukaku et KDB, quelle est la logique de Tedesco?
La Belgique de Tedesco s’apprête à affronter l’Italie et la France sans ses principales stars. Une politique assumée par le sélectionneur, et pas dénuée de logique.
Le discours est assuré. Assumé, aussi. Face aux micros, Domenico Tedesco donne une image bien différente de celle de son équipe, perdue un mois plus tôt sur la pelouse de Lyon contre une équipe de France pourtant remaniée. Le sélectionneur paraît sûr de ses choix, même si la logique initiale qui a coûté une pause carrière internationale à Thibaut Courtois est désormais bien loin. Ou, finalement, peut-être pas tant que ça.
Au bout du mois de juin 2023, le déplacement en Estonie n’avait a priori rien d’indispensable. A quelques jours de son mariage, le dernier rempart du Real Madrid se disait alors qu’il se serait bien passé d’un voyage jusqu’à Tallinn. Après tout, lors du rassemblement précédent, c’est sans lui que le deuxième match de la semaine internationale s’était joué à Cologne, quelques jours après une clean-sheet ramenée de Stockholm pour le premier match de l’ère Tedesco. A priori, ses talents entre les perches étaient pourtant bien plus précieux face à l’arsenal offensif allemand que contre d’inoffensifs Estoniens. La différence, c’est que le duel en Allemagne était prestigieux, mais amical.
La nuance de Domenico Tedesco se trouve là. S’il accepte si facilement que Kevin De Bruyne annonce dès le début du mois d’octobre qu’il sera absent pour affronter Israël et l’Italie en novembre, c’est parce que la Ligue des Nations est son laboratoire pour l’avenir. S’il est si tranquille face à l’idée de croiser les crampons avec les Italiens et les Français sans un Romelu Lukaku qui a inscrit l’essentiel de ses buts sur la route de l’Euro allemand, ce n’est pas tant un traitement de faveur envers son attaquant-vedette qu’une opportunité de tester d’autres formules. «Big Rom» préfère entretenir sa forme à Naples que mener les Diables dans deux duels de prestige? Tedesco semble très peu s’en inquiéter. Présents dans les 23 à l’Euro, Axel Witsel ou Yannick Carrasco n’ont plus revu le maillot diabolique depuis cet été. Thomas Meunier, lui, évite les risques en passant la fenêtre internationale à Lille. Le sélectionneur détaille: «On sait que la possibilité de gagner avec certains joueurs est plus grande que sans eux. On est là pour amener quelque chose de nouveau et pour cette compétition, le mieux est de voir d’autres joueurs. En mars, ce sera différent. Si on jouait les qualifications pour la Coupe du monde, probablement que j’appellerais d’autres joueurs.»
Le problème, aux yeux du grand public, c’est que les matchs amicaux qui permettaient ce genre de test ont été remplacés par des rencontres de Ligue des Nations où chaque rendez-vous devient un duel de prestige. En Italie et surtout à domicile face à la France, les fans qui paient à prix d’or une entrée au stade Roi Baudouin avalent de travers quand ils découvrent que l’affrontement avec le grand et bruyant voisin se fera sans les tauliers de la sélection. Pourtant, l’occasion est belle de tester de jeunes joueurs face à des adversaires de renom et de qualité, offrant une expérience bien plus enrichissante qu’en les envoyant sur le terrain contre l’Estonie ou l’Azerbaïdjan en qualifications. «On ne pouvait pas savoir si Julien Duranville était une option sans l’avoir vu à l’œuvre. Maintenant, on a les informations nécessaires à son sujet», complète Tedesco. Au tour de Matte Smets, Malick Fofana ou Cyril Ngonge de passer par le laboratoire. Tant pis si l’expérience risque d’être accompagnée de désagréables effets secondaires.
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