Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier: l’échec cuisant des multiclubs

Guillaume Gautier Journaliste

Du RWDM au Standard en passant par le Patro Eisden ou Ostende, les membres de réseaux multiclubs ont vécu une saison difficile en Belgique. La faillite d’un modèle?

On pourrait en faire une histoire à contre-courant. Une success-story bien planifiée par le groupe footballistique le plus puissant du monde, avec une recette bien gardée de tous les rivaux qui tentent de faire pareil mais cumulent plus de traumatismes que de trophées. Tombeur de Deinze après être venu à bout de Zulte Waregem, pourtant favori autoproclamé à la montée en début de saison, Lommel est à 180 minutes d’un retour en première division. Une belle histoire soutenue par le City Group, propriétaire de Manchester City, qui envoie à Lommel des talents venus du Brésil, de Finlande, du Pérou ou de Hongrie qui n’ont qualitativement rien à faire dans l’antichambre du football belge. Gagner contre Courtrai serait une réussite supplémentaire dans la saison du groupe footballistique, déjà brillante par les résultats anglais des coéquipiers de Kevin De Bruyne ou les exploits espagnols de la filiale de Gérone.

Sur le sol belge, pourtant, la saison n’est pas aux sourires pour les clubs qui font partie d’une constellation sportive. L’exemple le plus marquant est évidemment celui du Standard, où les dirigeants de 777 Partners sont pris pour cible par le public liégeois comme par la justice américaine. Il ne faudrait pas oublier que le RWDM du groupe de John Textor retrouvera la deuxième division un an après l’avoir quittée, que le Patro Eisden Maasmechelen de The Common Group est en délicatesse avec la Commission des licences pour poursuivre son aventure professionnelle ou que le KV Ostende a presque enchaîné une deuxième relégation de rang après avoir été laissé à l’abandon par Pacific Media Group. Les réseaux multiclubs n’ont décidément pas réussi leur session de printemps.

Non loin des frontières belges, même le City Group n’échappe pas à la règle, puisque sa filiale française de Troyes est sur le point d’acter une deuxième relégation en deux ans. Lors du partage contre Valenciennes, condamnant presque les Troyens à une descente vers la troisième division, des fumigènes ont été lancés par le public vers les joueurs, puis relancés par certains joueurs dans les tribunes, dans une ambiance chaotique qui contraste avec la joie de Manchester, Gérone ou Lommel.

Ces échecs, sportifs dans le meilleur des cas et sportivo-financiers dans les pires scénarios, alimentent chez les supporters une peur et une haine croissantes de l’étranger. A Molenbeek, les dirigeants ont opté pour une journée de télétravail dans la foulée de la confirmation de la relégation, craignant des actions de la part des supporters à l’égard d’un John Textor déjà fortement chahuté lors de la mise à l’écart du président Thierry Dailly en début de saison. Tout était bien plus calme à Eupen, où le public est rare et les dirigeants qataris fantomatiques. Un peu comme à Sclessin, où les hommes forts de 777 Partners regardent le chaos à distance et laissent à Pierre Locht le soin de négocier au mégaphone avec les foules en colère.

Pendant ce temps, à Charleroi, le nouvel actionnaire américain parle au mégaphone, mais pour lancer des chants dans le kop. Lors de sa présentation, Mehdi Bayat expliquait qu’il avait balayé d’un revers de la main la possibilité d’intégrer un réseau multiclubs. C’était probablement sa meilleure décision de la saison.

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