Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier | La Belgique de demain lancée par ses vétérans
Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne ont guidé la Belgique de Rudi Garcia vers une remontée fantastique en Ligue des Nations. Le foot est de plus en plus jeune, mais la Belgique a toujours besoin de ses vétérans.
Demandez aux trentenaires qui se retrouvent de plus en plus souvent sans club: le football n’aime plus les cartes d’identité qui périment. Les joueurs d’expérience sont aussi ceux dont la valeur marchande est plus rapidement en berne, et perdent leur intérêt quand ils ne sont plus assez jeunes pour vous faire gagner de l’argent après vous avoir fait gagner des matchs. L’import-export est la réalité du football, et la Belgique en est devenue une spécialiste. Un championnat qui sert de tremplin, où la moyenne d’âge des noyaux ne fait que descendre et où les nouvelles têtes ont très rarement fêté leur 25e anniversaire.
Tout doit aller plus vite, de l’éclosion des joueurs à leur première sélection nationale. Parce qu’il faut sans cesse préparer l’avenir tout en gagnant au présent. A Murcie, pour le premier de ses deux duels face à l’Ukraine, la Belgique de Rudi Garcia a lancé dans le grand bain international le défenseur Jorthy Mokio, 17 ans depuis moins d’un mois, douze apparitions avec l’Ajax Amsterdam, mais déjà un joueur sur lequel on veut compter. A l’heure du zapping permanent, le public a sans cesse besoin de nouvelles têtes et les coachs de nouveaux talents. Au point de se lasser de plus en plus vite de ceux qui font partie des meubles depuis plus d’une décennie.
Après la dramatique année 2024 des Diables Rouges, ils étaient nombreux à vouloir voir la Belgique recommencer à zéro. Ne repartir qu’avec des jeunes, comme ça avait été le cas une dizaine d’années plus tôt. Après tout, Romelu Lukaku n’avait-il pas traversé l’Euro allemand comme un fantôme en quête de buts? Quant à Kevin De Bruyne, n’est-il pas devenu un accessoire presque encombrant dans un Manchester City à la dérive, cumulant les blessures et les prestations époumonées dans un milieu de terrain où son volume de jeu décroissant fait parfois mal aux yeux? Très vite, Rudi Garcia a répondu à ces questions par la négative.
Les joueurs aussi. Parce qu’à Murcie, déjà, c’est sur un coup franc de Kevin De Bruyne repris victorieusement par Romelu Lukaku que le marquoir s’était éveillé. Leurs prestations respectives n’avaient pourtant pas levé tous les doutes, surtout lors d’une seconde période où ils avaient sombré avec l’équipe sans jamais sembler en mesure de la réanimer. Il a fallu attendre le match retour, sur le terrain de Genk, pour que le duo s’anime à nouveau. Contre une Ukraine recroquevillée, Lukaku a pu faire parler son sens du but dans la surface où il a passé l’essentiel de sa rencontre, avec une reprise spectaculaire quelques minutes après avoir manqué l’immanquable, puis un dernier but sur un tir croisé dans l’espace. Le 2-0 était venu d’un centre parabolique de Kevin De Bruyne, également à l’initiative du but de la qualification grâce à une déviation atterrie dans les pieds de Hans Vanaken. Du haut de ses 32 ans, le triple Soulier d’or était, lui aussi, bien trop vieux pour Domenico Tedesco, et il n’y avait pas grand monde pour contester cette analyse.
Pour Rudi Garcia, les bons pieds n’ont pas d’âge. Surtout quand ils sont toujours les références nationales dans leur secteur. Celles qui font gagner des matchs. A certains postes, la cure de rajeunissement risque d’attendre encore quelques temps.
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