Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier: il faut l’avouer, les play-offs ont ressuscité le football belge
Lancés lors de la saison 2009-2010 et souvent critiqués, les play-offs ont pourtant fait beaucoup de bonnes choses pour le football belge.
Si la crise sanitaire du printemps 2020 ne s’était pas invitée pour gâcher ce qui devait être leur onzième édition, le football belge fêterait actuellement ses quinzièmes play-offs. En guise de bougies, la formule reçoit toujours son lot de critiques, tagguées sur des banderoles déployées en tribune ou sorties de la bouche de certains dirigeants. Pourtant, l’exercice de l’objectivité force à constater que le sprint final de la fin de saison atteint ses objectifs: après de longues années de marasme continental, la Belgique fait à nouveau parler d’elle sur la scène européenne.
Il reste néanmoins deux façons de voir les choses. Il y a ceux qui se rangent dans le sillage du discours de Michel Preud’homme en 2015, quand son Club de Bruges avait manqué une entrée dans le dernier carré de l’Europa League face aux Ukrainiens de Dniepr puis échoué dans la course au titre face à Gand. Le Liégeois déplorait alors l’impossibilité de courir deux lièvres à la fois, devant se résoudre à laisser échapper les deux. Les play-offs, leurs points divisés par deux et l’augmentation conséquente de l’importance des matchs belges de fin de saison sont alors dépeints comme une entrave à la bonne prestation européenne. Tant pis si à l’étranger, les titres acquis précocement par Manchester City, le PSG ou le Bayern lors de certaines saisons étaient utilisés comme des arguments inverses, le relâchement national étant peu compatible avec l’arrivée des grandes échéances continentales.
Les autres rétorquent que les matchs de la phase classique à valeur réduite permettent de se concentrer sur les importantes échéances européennes de la fin de l’été ou du début de l’automne. L’histoire récente épouse cette version des faits: depuis 2015, la Pro League a envoyé à sept reprises un représentant en quart de finale d’une Coupe d’Europe, sans oublier les deux apparitions en huitième de finale de la Ligue des Champions.
Bien sûr, il faut éviter le raccourci. La compétition belge et ses acteurs ont changé en profondeur ces dernières années. Les clubs de l’élite ont renforcé leurs politiques de recrutement et de formation, souvent saluées par les recruteurs des ligues les plus prestigieuses d’Europe. Ces derniers évoquent aussi la force d’un championnat très homogène, qui met à l’épreuve les joueurs supervisés chaque week-end et limite les risques pris lors d’un transfert. Mais là aussi, les play-offs y sont peut-être pour quelque chose.
La force souvent négligée de ce format de compétition, en plus de son attrait pour les diffuseurs qui a augmenté les droits télévisés perçus par les clubs et donc leur portefeuille, c’est l’importance qu’elle donne à la sixième place, devenue une source majeure de convoitises. C’est ainsi que des clubs de milieu de tableau, autrefois abonnés aux saisons sans histoire, ont décidé de s’armer plus sérieusement sur le terrain comme dans la structure pour rêver d’une invitation au grand bal de la fin de saison. Une mission de plus en plus ardue, car les grandes puissances se multiplient depuis que l’Antwerp et l’Union sont revenus dans le jeu. Oui, cette Pro League-là est sans doute plus compétitive que jamais. Ne pas y voir une conséquence du choix de la formule devient une position difficile à tenir.
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