Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier| Genk semble condamné à n’être fort qu’un an sur deux
Genk brille en tête du championnat dans la foulée d’une saison difficile. Presque un rituel, dans un club qui paie sa réputation de grand tremplin international.
S’il n’a pas les jambes les plus adroites du championnat, un peu à l’image de son prédécesseur Paul Onuachu, Tolu Arokodare est devenu par la grâce d’un derby limbourgeois le meilleur buteur du championnat. Conséquence presque logique d’un début de saison que son club survole, sublimé par le système de jeu spectaculaire installé par Thorsten Fink. L’entraîneur allemand, justement venu du petit voisin de Saint-Trond, confirme une réalité vécue par Genk depuis des lustres: une année sur deux, les Genkies sont des candidats redoutables dans la course au titre.
Champions en 2019 sous les ordres de Philippe Clement, revenus à égalité avec le champion brugeois en 2021 suite à des play-offs presque parfaits dictés par John van den Brom puis doublés dans les arrêts de jeu de la saison par l’Antwerp en 2023, les pensionnaires de la Cegeka Arena semblent destinés à briller lors des années impaires. Les saisons paires, en revanche, ne se terminent jamais dans le Top 4, selon une curieuse alternance qui donne des cheveux gris au directeur du football Dimitri De Condé, qui s’échine à transformer son club en une valeur sûre des sommets.
Le problème, c’est que personne ne semble venir à Genk pour y rester. Référence dans le recrutement international, notamment grâce au flair du patron sportif et de ses équipes de scouting, le Racing profite de son image de tremplin pour attirer des talents venus d’Asie, d’Amérique ou d’Afrique. Des noyaux toujours éclectiques et systématiquement doués, dont les membres sont inspirés par les réussites de Kevin De Bruyne, Thibaut Courtois ou Kalidou Koulibaly, autant de noms dont la carrière d’exception a pris son envol dans la quiétude du Limbourg. Autant d’exemples, aussi, qui montrent que les joueurs viennent pour mieux repartir. A Genk, les équipes se construisent et se reconstruisent donc sur des cycles particulièrement courts. Du onze qui était monté sur la pelouse face à l’Antwerp pour tenter de conquérir le titre au début du mois de juin 2023, il ne reste, moins d’un an et demi plus tard, que trois joueurs au coup d’envoi du derby du Limbourg face aux Canaris de Felice Mazzù.
Chroniquement instable, Genk peine même à maintenir les hommes qui brillent sur son banc. Tout juste couronné champion en 2019, Philippe Clement avait pris la direction de Bruges. Deux ans après, c’est Jess Thorup qui s’est envolé vers Copenhague après avoir redressé la barre dans la foulée d’un début de saison difficile sous les ordres de Hannes Wolf. Un peu moins en grâce que lors de sa quête du championnat, Wouter Vrancken s’est toutefois échappé vers Gand sans être véritablement menacé sur le banc du Racing. Malgré les fréquentes saisons à 50 matchs que vit Genk, entre le championnat et les coupes nationales et internationales, aucun entraîneur n’a passé plus de 100 matchs sur le banc limbourgeois depuis Mario Been, en poste entre 2011 et 2014.
Particulièrement scruté par les recruteurs des grands championnats, l’or bleu du Limbourg est condamné à se reconstruire dans la foulée de chacun de ses succès. Une réalité qui frustre Dimitri De Condé, mais qui l’aide à dénicher sans cesse de nouveaux talents prêts à prendre leur impulsion sur le tremplin du Racing. «Le revers de la médaille», définition.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici