Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier: face à la pression, qui prépare les cerveaux des footeux?
En pleine période de play-offs qui mettent les joueurs et les coaches sous pression, le monde du foot manque de préparation pour être performant sous tension.
Raphaël Onyedika claque un tir au fond des filets de Kasper Schmeichel, et le stade Jan Breydel entre en éruption. Tout le banc se soulève, comme si la frappe du Nigérian valait un titre. C’est le temps de l’euphorie. La même que celle qui touche Anouar Ait El Hadj quand il éteint le Bosuil d’un enroulé gracieux. Ou que celle de Kevin Denkey quand il met le Parc Duden K.-.O. en plantant le 0-2 pour le Cercle. Un privilège partagé par les équipes qui jouent des matches où elles n’ont rien à perdre, et peuvent étaler librement leurs qualités. Des buts spectaculaires au sommet, pendant que les play-downs se jouent sans plaisir et se concluent par des partages sans gloire ni sourire. En Belgique, la fin de saison est la meilleure des incarnations de l’effet de la pression sur les footballeurs.
La course en tête se joue dans les têtes. Celle d’Alexander Blessin était visiblement bien pleine à l’aube du week-end, quand il a profité de la conférence de presse en prélude de la visite du Cercle pour régler ses comptes avec la presse et les arbitres, tous deux visiblement trop mauves à son goût. Le coach allemand, généralement adepte des discours maîtrisés saupoudrés de fines plaisanteries et de rires gutturaux, voulait-il détourner l’attention pour soulager les esprits de ses joueurs? Retrouver l’état d’esprit revanchard autrefois alimenté par Felice Mazzù et renforcé par les cadres du vestiaire qu’étaient Teuma ou Kandouss?
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Après la défaite, c’est symboliquement Anthony Moris, taulier parmi les tauliers et brassard de capitaine au bras, qui sert d’ailleurs de porte-voix à ce discours de l’Union qui dérange et des «histoires bien belges» pour évoquer sans trop en dire la suspension retardée de Christian Burgess. À Saint-Gilles, il n’y a plus vraiment de sourire. Seulement un sentiment de revanche exacerbé, une volonté forte comme au premier jour de prouver sa légitimité au premier rang du championnat. Le choix de ce nouvel état d’esprit semble délibéré. Créera-t-il une cohésion supérieure, ou un stress supplémentaire autour de chaque performance?
La gestion de la pression est une clé essentielle depuis l’instauration des play-offs. La division des points a ses compréhensibles détracteurs, mais elle permet d’évaluer à merveille la résistance des acteurs à la pression, un atout qui fait généralement la différence entre les bons et les grands joueurs. Comme toute variable qui influence le résultat d’un match, les coaches tentent donc souvent de la maîtriser. Certains le font sur le terrain, comme ceux qui travaillent les tirs au but quand les matches à élimination directe se profilent pour fluidifier le geste. D’autres s’y préparent en-dehors, avec des team-buildings à base de câlinothérapie ou de jeux de pistes pour s’entraîner à sortir ensemble de la difficulté. Des initiatives souvent moquées, parce que le football reste à la traîne sur bien d’autres sports en termes de préparation mentale de ses athlètes. Une question de tradition à la dure et donc de vieilles croyances, qu’on n’aime pas voir bousculées par la nouveauté.
Le football est ainsi fait: tout le monde dit que la différence dans la course au titre se fera sur des détails. Principalement dans les têtes. Pourtant, qui entraîne vraiment les cerveaux?
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