Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier: de Bruges à Dender, un trop grand écart?
La saison prochaine, un Bruges demi-finaliste européen affrontera un Dender qui n’atteint pas les 1.000 spectateurs de moyenne à domicile. Le foot belge s’inquiète de cet écart qui se creuse.
Le ciel est noir et les cœurs sont bleus. A un soir d’intervalle, ce sont deux clubs blauw en zwart qui fêtent un morceau d’histoire. Le jeudi, à Thessalonique, le FC Bruges devient le premier club belge à rejoindre le dernier carré d’une Coupe d’Europe depuis 1993. Le lendemain, c’est l’ancien capitaine emblématique de la Venise du Nord, Timmy Simons, qui ramène son équipe de Dender au sein de l’élite, quittée depuis quinze ans, grâce à une victoire sur le terrain des Francs Borains. Deux exploits pour un grand écart: presque plus intéressé par les paillettes continentales que le quotidien de la scène domestique cette saison, le Club affrontera l’an prochain une équipe de Dender promue devant une affluence moyenne de 725 spectateurs à domicile. De l’eau au moulin de ceux qui, lors des réunions de la Pro League, ont pointé du doigt des portes désormais trop grandes ouvertes entre l’élite et son antichambre.
Bien sûr, les discours auraient probablement été différents si les ténors comme Zulte Waregem ou Beveren, voire un Lommel poussé dans le dos par Manchester City, avaient bouclé le championnat de D2 sur la deuxième marche du podium. Evidemment, le travail réalisé par Timmy Simons sur le terrain et par le directeur sportif, Julien Gorius, en coulisses mérite d’être souligné, et la montée au sein de l’élite est une magnifique récompense. Chez les suiveurs assidus de la Challenger Pro League, on s’accorde toutefois à dire que c’est presque une équipe entière qu’il faudra transférer pour que Dender tienne la route à l’étage supérieur. De l’eau au moulin de ceux qui, lors d’une récente réunion dans le château du président de Bruges, Bart Verhaeghe, ont pointé du doigt un championnat encore trop volumineux pour être véritablement compétitif et, surtout, un calendrier engorgé.
C’est un combat mené par le mastodonte brugeois, pour qui le bien-être du football belge ressemble furieusement au sien. Parmi les ténors, le Club Bruges est l’un des plus farouches adversaires des play-offs. Le partisan d’une formule classique, avec moins de matchs à disputer et un money time moins décisif. Dans la foulée de la qualification à Salonique, le président brugeois a d’ailleurs réclamé un report des matchs trop proches de sa demi-finale continentale, histoire d’augmenter les chances d’écrire un peu plus l’histoire récente du Club et de la Belgique. Impossible, évidemment, dans le calendrier d’une saison à quarante matchs. De l’eau au moulin de ceux qui, études de spécialistes à l’appui, disent que l’élite du football belge devrait se limiter à quatorze équipes.
Le moulin du football national s’inonde de querelles, souvent dictées par l’intérêt particulier sous couvert de penser au bien du jeu belge. Dans les prochains mois, quand se négociera la formule future du championnat dans le but d’en tirer un maximum d’argent au moment de la vendre aux détenteurs de droits, chacun fera à nouveau semblant de penser aux autres et songera surtout à lui. Avec une évidence de plus en plus criante: dans un football belge qui se scinde à toute vitesse, il n’y a sans doute pas assez de place en haut de la pyramide pour des Bruges et des Dender.
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