Guillaume Gautier
La chronique de Guillaume Gautier | Charleroi a gagné à l’Antwerp et ce n’était pas si improbable
La victoire de Charleroi à l’Antwerp ressemble à une surprise mais au-delà de leurs résultats, la dynamique des équipes ne la rend pas si étonnante.
Le déplacement de Charleroi au Bosuil a offert l’un de ces scénarios dont le football raffole. Une heure et demie inattendue comme seul le ballon rond se targue de pouvoir en offrir. Parce qu’avant le match, tout semble indiquer que l’Antwerp va s’imposer. Au Bosuil, les hommes de Jonas De Roeck n’ont encaissé que cinq buts en huit matchs. Comment la deuxième meilleure défense du championnat pourrait-elle être mise en difficulté par un adversaire qui n’a marqué qu’un but, anecdotique -la réduction de l’écart au Standard dans les arrêts de jeu-, lors de ses cinq derniers duels en déplacement?
La réponse ne met même pas 100 secondes à tomber. Le centre de Dragsnes semble anodin, le grand attaquant serbe Nikola Stulic est, comme souvent, dans le mauvais timing malgré son gabarit colossal, mais deux défenseurs de l’Antwerp transforment le ballon manqué en passe décisive. Quand une équipe qui peine à marquer trouve l’ouverture sur sa première occasion, les cartes sont rebattues et les pronostics déjoués. Un autre match commence, celui où Charleroi trouvera trois fois le chemin des filets. Inattendu, pour une équipe qui n’avait marqué que quatre fois sur ses neuf derniers matchs. Une victoire de l’humanité du football sur la prévisibilité statistique dans laquelle la nouvelle génération de nerds du ballon rond voudraient le faire entrer? L’histoire n’est peut-être pas si simple que ça.
Gratter les statistiques plus en profondeur permet de constater qu’au-delà du résultat final de leurs sorties précédentes, l’Antwerp et Charleroi affichent des tendances qui rend le résultat du dimanche bien moins improbable. D’un côté, les Anversois n’avaient certes concédé que quatorze buts en championnat, mais n’étaient que la septième défense à laisser le moins d’occasions à son adversaire, signe d’une muraille pas si imperméable que ça. Côté zébré, les statistiques étaient encore plus interpellantes. Après seize journées, les Carolos affichaient ainsi la différence la plus colossale du championnat entre les buts marqués (15) et les «expected goals» créés (25,18). Les coéquipiers d’Adem Zorgane avaient, par exemple, créé plus d’opportunités depuis le début de saison que l’Antwerp, leur adversaire du jour, qui avait pourtant inscrit quatorze buts de plus.
Tout n’était évidemment pas écrit pour autant. Il fallait encore imaginer que Nikola Stulic, muet depuis le début de saison et même relégué en Nationale 1 (la troisième division) avec l’équipe espoirs des Zèbres, planterait un doublé au bout de longs mois de disette. Que les défenseurs locaux, réputés si rigoureux, défendraient les centres carolos de façon approximative. Toujours est-il que la victoire d’un Charleroi souvent mal payé depuis le début de la saison n’est pas si inattendue que cela. La preuve de la bonne tenue des Hennuyers, c’est que la position de l’entraîneur Rik De Mil n’a jamais été menacée malgré une période très délicate en termes de résultats. Le coach flamand n’a pas bouleversé son plan de jeu dans ce tunnel de scores négatifs, maintenant le cap pour ramener son équipe vers des jours meilleurs. Le scénario du Bosuil lui a donné raison. Si Charleroi devient efficace, le spectre des play-downs s’éloignera rapidement.
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