Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Au mercato d’hiver, un transfert sur trois a lieu le 31 janvier

Guillaume Gautier Journaliste

Le mercato d’hiver est un marché très particulier. Rares sont ceux qui le planifient bien, et il tourne trop souvent à l’urgence et à l’improvisation.

Il y a ceux qui trouvent que l’hiver n’est pas une mauvaise période pour faire de bonnes affaires. Demandez par exemple au Racing Genk, qui s’est offert de justesse les services de Tolu Arokodare en janvier 2023. Ou à son voisin trudonnaire, qui avait profité du début de l’année 2024 pour ouvrir à Adriano Bertaccini les portes de la première division. Les deux hommes sont aujourd’hui bien installés sur le podium du classement des buteurs du championnat. Dans quelques mois, ils rejoindront peut-être les Gift Orban, Cameron Puertas ou Tajon Buchanan sur la liste des joueurs recrutés en janvier et revendus à prix d’or. Ils resteront toutefois des exceptions.

Très souvent, le mercato d’hiver reste effectivement un grand point d’interrogation. La faute à des affaires souvent conclues à la hâte, avec un dernier jour de marché qui vampirise l’attention et fait boucler des deals plus urgents que réfléchis. Au milieu des années 2010, le quotidien français L’Equipe avait calculé que 20% des transferts de janvier avaient lieu le 31. En Belgique, lors des mercatos hivernaux de 2022, 2023 et 2024, ce sont même 47 des 143 transactions qui ont eu lieu lors de ce qu’on appelle le «deadline day». Trente-trois pour cent des mouvements en un seul jour, alors que la formule d’un championnat avec play-offs met souvent un terme à la phase classique cinq ou six matchs après la fin janvier. Le temps que le nouveau venu s’adapte, c’est presque déjà fini.

Au vu de l’urgence, les patrons des clubs belges décident donc souvent de limiter les risques. Les prêts sont plus nombreux que les arrivées définitives (73 contre 70 depuis trois ans), et ces dernières se font souvent à moindre coût, si ce n’est pas gratuitement. Sur les 70 transferts sans passage par la case prêt des trois derniers hivers, seuls dix d’entre eux ont coûté plus de trois millions d’euros. Quand on sait que lors du seul mercato de l’été dernier, treize nouvelles têtes de la Jupiler Pro League ont dépassé ce montant, le contraste de l’audace financière sur les deux marchés éblouit comme le soleil posé sur une épaisse couche de neige.

Evidemment, tout n’est pas à jeter dans ces emplettes faites en urgence. Parfois, un bon coup prend simplement longtemps à se concrétiser, parce qu’aucun club n’aime perdre un joueur important en plein milieu de sa saison et que cette réalité fait naturellement augmenter les prix. A d’autres occasions, le deal est ficelé au cœur de l’automne, et on attend simplement le premier jour de l’année pour l’officialiser. Parce qu’il est de coutume de dire que dans les clubs qui travaillent bien, les cibles de janvier sont déjà identifiées dès septembre, leur profil et leur accessibilité ne faisant que s’affiner au fil des semaines.

Il reste encore ceux qui temporisent volontairement, parce qu’ils savent que dans le money time, ceux qui espèrent alléger leur masse salariale pour réduire les coûts de leur deuxième partie de saison seront moins regardants sur le montant du transfert. Ceux-là jouent à un jeu dangereux. Parce que le risque, quand on attend d’avoir le ventre qui gargouille avant d’aller au supermarché, c’est d’être piégé par les publicités tape-à-l’œil et de mettre n’importe quoi dans son caddie.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire