Arthur Vermeeren et Mandela Keita: le Diable n'est pas celui qu'on croyait © Gettyimages

Keita, Vermeeren et De Cuyper: trois choix pour définir le jeu de Tedesco avec les Diables Rouges

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Deux talents absents, un nouveau venu “surprise”: Domenico Tedesco donne le ton avant le rassemblement le plus musclé de la phase qualificative. 

Ses premiers pas sur le banc des Diables rouges annonçaient le renouveau. Dodi Lukebakio, Wout Faes, Arthur Theate, Orel Mangala ou Johan Bakayoko, sélectionnés éphémères voire laissés de côté par Roberto Martinez, ont pris de l’ampleur avec le changement de cycle entamé par Domenico Tedesco. À chaque rassemblement, l’Italo-Allemand a par ailleurs pris le soin d’ajouter de nouvelles têtes à ses sélections pourtant restreintes, d’Ameen Al-Dakhil à Hugo Siquet en passant par l’inattendu mais désormais bien établi Olivier Deman.

Aujourd’hui au Werder Brême, l’ancien du Cercle conserve d’ailleurs la préférence du sélectionneur sur un Maxim De Cuyper qui confirme pourtant à Bruges sa saison aboutie à Westerlo. Au milieu de terrain, alors que beaucoup attendaient un Arthur Vermeeren encore étincelant face au Shakhtar Donetsk en Ligue des Champions, c’est son acolyte anversois Mandela Keita qui rejoindra Tubize au terme de ce week-end de championnat. Des choix affirmés. Ceux d’un style de jeu qui se construit avec des profils bien déterminés.

Un peu comme quand Roberto Martinez préférait Youri Tielemans à Radja Nainggolan pour accompagner les Diables en Russie à l’occasion du Mondial 2018, Tedesco picore dans le vivier national les joueurs qui collent le mieux à ses idées. Celles d’un football vertical et puissant, déséquilibrant l’adversaire sur les ailes grâce à une impressionnante fournée d’ailiers dynamiteurs. Le plan était apparu très clairement lors de la visite des Autrichiens au stade Roi Baudouin, quand Timothy Castagne était invité à rejoindre le milieu de terrain en possession de balle pour ouvrir une ligne directe vers Dodi Lukebakio sur le flanc droit. À l’autre bout de la pelouse, l’apport offensif d’Arthur Theate, défenseur central de métier mais arrière gauche de fortune, était réduit à des ballons donnés à un Jérémy Doku prêt à multiplier les coups de reins miraculeux pour effacer le pressing adverse. La Belgique de Tedesco a choisi de s’échapper par les couloirs, grâce à des ailiers de poche capables de crocheter une serrure pour se faufiler entre leur adversaire et la ligne de touche. 

Au milieu, en l’absence d’un Kevin De Bruyne qui rebat forcément les cartes, le sélectionneur opte donc pour des profils puissants, brillant plus dans l’impact qu’avec les pieds à l’image d’un Amadou Onana (auto-)érigé en porte-drapeau de la nouvelle génération. Un secteur de conducteurs robustes de ballon plutôt que de chefs d’orchestre en possession, où peine d’ailleurs à exister un Youri Tielemans qui n’a jamais été un régulateur de grands espaces. Là, les chevauchées puissantes de Mandela Keita, avec et sans ballon, ont inévitablement plus de sens que les plans architecturaux qui semblent en permanence occuper le cerveau d’Arthur Vermeeren. “On aura besoin de beaucoup de puissance face à des adversaires très physiques avec un jeu vertical”, a ainsi prévenu Tedesco pour justifier son choix en conférence de presse. Alors que la Belgique de Martinez n’a longtemps pensé qu’à attaquer, celle de son successeur se prépare à combattre les idées adverses, au moins autant qu’à imposer les siennes. 

C’est également en pensant à couvrir ses arrières que l’Italo-Allemand laisse le virevoltant Maxim De Cuyper dans le sillage d’Olivier Deman dans sa hiérarchie à l’arrière-gauche. Déjà auteur de huit passes décisives toutes compétitions confondues cette saison, le bouclé des Blauw en Zwart ne parvient pas toujours à fermer les portes qui mènent à son couloir et est identifié par ses adversaires comme l’une des raisons majeures aux courants d’air de la défense brugeoise. Un risque que Tedesco ne souhaite visiblement pas prendre pour l’instant en équipe nationale, certainement sur un flanc gauche appelé à devenir la chasse gardée de Jérémy Doku. Derrière le nouveau Cityzen, l’apport offensif du latéral est une vertu secondaire, tant l’ailier diabolique est une machine à générer des avantages individuels. Le positionnement de Theate dans son dos renforce l’idée d’un arrière gauche belge dont la mission majeure sera de défendre. 

Rarement sollicités offensivement, Theate et Castagne ont d’ailleurs les traits d’une Belgique qui n’a pas besoin de dégarnir son quatre arrière pour semer le doute chez l’adversaire. Un plan pas toujours spectaculaire face aux petites nations, comme l’a montré le laborieux succès en Azerbaïdjan, mais qui doit aider le Diable à briller dans ces phases finales où les matches au sommet s’enchainent. Parce qu’avant de penser à soigner ses contours, le Belge veille surtout à ne pas se dégarnir. 

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