Jacques Sys
« Karim Benzema n’a plus rien à prouver »
Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine, a assisté au tirage au sort de la Ligue des champions à Istanbul. Voic son récit d’une soirée orchestrée.
De nombreux jets privés étaient posés sur le tarmac du gigantesque aéroport d’Istanbul. En effet, le monde du football international s’était déplacé dans la métropole turque pour assister ces jeudi et vendredi aux tirages au sort des différentes compétitions europénnes. Evidemment, la Ligue des champions reste la locomotive absolue du football continental puisque son tirage pouvait être réalisé pendant certains des matches de barrages de l’Europa League et de la Conference League sans risquer de perdre en visibilité.
Le FC Bruges pouvait une fois de plus se vautrer au milieu des géants européens et des fanfarons qui rêvent de passer au tour suivant. Mais pour ce faire, il faudra sortir d’un groupe qui comprendra le FC Porto, l’Atlético de Madrid et le Bayer Leverkusen, ce dernier restant sur une entame assez compliquée en Bundesliga. Les noms sortis du chapeau n’incitent pas à un pessimisme immédiat quant aux chances de qualification. Mais la vraie question est surtout de savoir si les champions de Belgique seront prêts d’ici là, alors que le cirque du mercato a posé sa tente devant le Jan Breydel stadion. Hans Vanaken partira-t-il finalement sous d’autres cieux, de nouveaux arrivants poseront-ils leurs valises en Venise du Nord ? De plus en plus de clubs restent à la recherche de leurs automatismes alors que le championnat a déjà commencé. Cela ne devrait idéalement jamais être le cas. Le mercato, prolongé en Belgique jusqu’au 6 septembre, dure tout simplement trop longtemps et il provoque forcément des déséquilibres qui empêchent les entraîneurs de travailler sereinement à la construction de leur équipe.
Le Real Madrid a été l’équipe la plus conquérante la saison dernière sur la scène européenne et cela s’est ressenti dans le palmarès des différents prix remis à Istanbul : Carlo Ancelotti et Karim Benzema sont respectivement élus entraîneur et footballeur de l’année. Ancelotti est un homme de terrain, quelqu’un qui, de manière très claire et humaine, rassemble toutes les célébrités et les cultures derrière un même objectif, une même ambition. Dans un bref discours, le technicien italien a remercié sa famille, qui lui donne l’espace nécessaire pour se donner à fond dans sa profession. Il a mentionné les noms de tous ses proches ainsi que de tous ses petits-enfants. Parfois, il a dû réfléchir pendant un moment pour en oublier aucun. « Il y en a beaucoup aussi », s’est-il justifié, presque en s’excusant.
« C’est un privilège de travailler sous la direction d’Ancelotti », a pour sa part déclaré Karim Benzema après avoir reçu son prix. L’attaquant français, autrefois si turbulent, s’est complètement calmé dans la capitale espagnole. Lors de la conférence de presse de clôture, un groupe restreint de journalistes a été autorisé à poser cinq questions à KB9. Des questions évidemment préparées à l’avance par l’UEFA car cette dernière dirige tout. Quelqu’un a demandé si Benzema, après cette pluie de trophées, ne voulait pas en gagner un avec l’équipe nationale française. C’est alors que Benzema a repris sa confiance en lui. « En tant que footballeur« , a-t-il lancé, « je n’ai plus rien à prouver. »
Après 20 minutes, la conférence de presse orchestrée comme du papier à musique était terminée. Le jet privé qui attendait à l’aéroport d’Istanbul pouvait repartir.
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