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Jude Bellingham : le plus sérieux des adolescents qui brille dans tous les domaines
Il compte déjà plus de 100 duels à son actif pour le Borussia Dortmund. Jude Bellingham n’a que 19 ans mais il est déjà crédité du même potentiel que Steven Gerrard et Paul Scholes en Angleterre.
Par Süleyman Öztürk (Voetbal International)
C’est un joueur qui incite les plus férus des statisticiens à fixer leur écran de façon hébétée. Les meilleurs footballeurs excellent dans certains domaines, mais ils excellent rarement dans tous. Jude Bellingham arrive pourtant régulièrement en tête de tous les classements statistiques. Au cours d’un même match, il peut être le joueur qui a le plus de contacts avec le ballon dans les seize mètres, être celui qui a effectué le plus de tirs au but, avoir réussi le plus de passes dans le derniers tiers du terrain, avoir tenté et réussi le plus de dribbles, avoir remporté un maximum de duels, avoir gratté le plus de ballons sur la pelouse et dans le dernier tiers du terrain et à avoir dominé ses adversaires dans les airs. Une polyvalence impressionnante mais qui semble presque normale dans son cas.
Alors qu’un tiers de la saison s’est écoulé, il est en tête des classements de la Bundesliga du nombre de dribbles réussis, de duels gagnés et de récupérations de balle. De plus, aucun milieu de terrain n’a effectué autant de « portées » (carries en anglais) que lui. Dans ce classement, Joshua Kimmich, du Bayern Munich, est son dauphin. À 19 ans, Bellingham s’affirme déjà comme l’un des milieux de terrain les plus complets au monde. Ses statistiques sont carrément bizarres.
Maturité précoce
Tous ceux qui l’ont croisé ces dernières années soulignent ses connaissances footballistiques et son professionnalisme. Il y a un an, son coéquipier Mats Hummels l’avait qualifié de jeune homme de 18 ans le plus sérieux qu’il avait jamais rencontré au cours de sa longue carrière. À Manchester United, ils ont été stupéfaits par la facilité avec laquelle, à 14 ans seulement, il discutait de détails tactiques et pouvait expliquer avec des arguments pertinents comment une situation aurait dû être résolue. Michael Carrick n’a jamais oublié sa rencontre avec Bellingham pour cette raison.
Le grand club anglais aurait bien aimé qu’il intègre son l’académie et demander à un analyste vidéo de faire une compilation de son jeu pour lui donner une idée de la manière dont il pourrait évoluer à Old Trafford dans les prochaines années. La plupart des adolescents font alors un signe de tête un peu timide. Bellingham ne l’a pas fait. Il a dit des choses auxquelles des pros expérimentés ne pensent pas nécessairement. Son intelligence a rapidement été remarquée au Borussia Dortmund. « Il apprend autant en un match que d’autres en six mois », a souligné l’un des entraîneurs adjoints du club allemand à The Athletic, lors d’un portrait dressé l’année dernière.
Chez les Borussen, il est l’une des figures de proue depuis l’âge de 18 ans. Parce qu’Erling Haaland attirait naturellement la lumière vers lui, les prestations de Bellingham n’ont pas forcément crevé l’écran ces deux dernières années. Mais si vous analysez ses performances en détail, vous comprendrez mieux pourquoi l’entraîneur de Dortmund, Edin Terzic, le considère comme l’un de ses cadres. Jude Bellingham lit le jeu tellement bien qu’il comprend exactement ce qui est nécessaire ou doit être fait dans une situation précise. En plus, il est capable de l’expliquer à ses partenaires. C’est pourquoi on le voit constamment en train de pointer du doigt, diriger, crier et corriger ses équipiers. Hummels et Marco Reus sont les premier et second capitaines du Borussia Dortmund. Mais quand ils ne jouent pas, c’est leur jeune coéquipier de 14 ans leur cadet qui porte alors le brassard.
Pep Guardiola a également souligné la maturité de l’Anglais lorsqu’il a été interrogé à son sujet en préambule au match de Ligue des Champions entre Manchester City et le BVB. « Il a tout ce qu’il faut et à 17 ans sa mentalité avait déjà quelque chose de spécial », détaillait-il. L’entraîneur de City faisait référence aux deux quarts de finale que sa formation avait disputés contre Dortmund il y a un an et demi. A dix-sept ans seulement, Jude Bellingham avait déjà fixé ses limites.
La hype du moment
Il n’est pas surprenant que des clubs de premier plan veuillent s’attacher ses services. Le contrat de l’Anglais dans la Ruhr court encore pour deux ans, mais son départ semble une évidence. Dortmund et la Bundesliga semblent déjà trop étroits pour son talent. Le Real Madrid, Manchester City et Liverpool devraient se battre à coups de millions pour qu’il enfile leurs maillots. Contrairement à Haaland, le contrat du milieu de terrain ne prévoit pas de clause de départ. À l’approche de la Coupe du monde, le prix demandé pourrait grimper à environ 150 millions d’euros. Un montant qui ferait de Bellingham l’un des footballeurs les plus chers de tous les temps et le joueur anglais le plus coûteux. Ce record est actuellement détenu par Jack Grealish, qui avait quitté Aston Villa pour Manchester City en échange de 117 millions d’euros.
Tout ne fut pourtant pas rose dans la vie de Bellingham. Mais dans son esprit, il a déjà dessiné les plans de sa brillante carrière. À Birmingham City, il s’entraînait avec l’équipe première à seulement 15 ans et n’a que 16 ans et 1 mois lorsqu’il a effectué ses premiers pas en deuxième division anglaise. L’idée était de prendre le temps pour le faire progresser. Son corps avait grandi brutalement les derniers mois et Birmingham ne voulait pas le brûler à ses 17 ans. Mais Bellingham était tellement brillant sur la pelouse qu’à l’âge de16 ans, il avait déjà participé à 41 des 46 matches du Championship. Après son transfert en Allemagne, Birmingham City a annoncé que plus personne ne porterait jamais son numéro 22. Un fameux hommage pour un joueur qui ne s’est pas éternisé dans un club.
En équipe nationale anglaise, Gareth Southgate ne peut plus l’ignorer et la principale question est de savoir avec qui il évoluera en milieu de terrain. Selon l’ancien entraîneur d’Aston Villa Steven Gerrard, Bellingham fait déjà partie du cercle des meilleurs milieux de terrain du monde. Interrogé à ce sujet, l’icône de Liverpool l’a cité en compagnie de Kevin De Bruyne, Rodri, Fabinho, Mason Mount et Mateo Kovacic. Bellingham n’y peut pas grand-chose, mais il a été honoré par ces propos car, dans sa jeunesse, il rêvait d’être un jour aussi bon que Stevie G.. Les prochaines années montreront si Bellingham peut avoir autant d’impact dans une équipe de très haut niveau que son ancienne idole. Mais les premiers signes abondent clairement dans ce sens.
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