Ilkay Gündogan, le métronome de l’Allemagne : « Les matches sont devenus trop softs » 

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L’Allemagne entame sa Coupe du monde contre le Japon ce mercredi. Entretien avec Ilkay Gündogan, l’une des charnières du milieu de terrain.

Par Thomas Böker, Oliver Hartmann

Ilkay Gündogan dispute sa septième saison à Manchester City. Le fait qu’il y porte désormais le brassard de capitaine témoigne de l’évolution qu’il a connue en Premier League. Avec la Mannschaft aussi, le milieu de terrain de 32 ans est devenu un leader. C’est de cette façon dont il se comporte. Sur et en dehors du terrain. Gündogan n’est pas un bavard. Mais à l’interview, il ne recule devant aucune question. « Bien sûr, ce n’est pas évident de jouer une Coupe du monde au milieu d’une saison. Entre les matchs de championnat et de Champions League. Mais ça n’est pas nécessairement un désavantage. Et certainement pas une excuse. En tant que footballeur, on doit pouvoir passer sans problème d’une compétition à l’autre ».

La préparation n’a consisté qu’en un très court camp d’entraînement.

GÜNDOGAN : Il s’agissait de tout mettre sur les bons rails. Chacun sait maintenant ce qu’on attend de lui. L’axe de l’équipe n’a pas changé, il y a aussi un certain esprit dans le groupe. L’important, maintenant, c’était de créer une atmosphère qui embarque tout le monde

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La Ligue des Nations s’est terminée sobrement en septembre avec une défaite contre la Hongrie, la première sous la direction de Hansi Flick, et un match nul 3-3 en Angleterre.

GÜNDOGAN : Le match contre la Hongrie a été particulièrement décevant. Mais d’un autre côté, ce genre de match permet de voir ce qui doit être amélioré. Défensivement, par exemple. On peut défendre plus agressivement en équipe. De nombreux buts étaient le résultat d’erreurs individuelles.

Je pense qu’avec nos qualités, nous sommes parmi les favoris de cette Coupe du monde. Mais je trouve toujours difficile de mesurer le succès. Je préfère le faire en fonction des performances plutôt qu’en regardant les résultats. Il se peut que vous jouiez bien, mais que ça ne se traduise pas au marquoir. Ce qui me semble le plus important, c’est qu’on vise un football attractif et direct au Qatar.

Rôle de leader

Le sélectionneur Hansi Flick a laissé entendre qu’il voyait en toi un leader.

GÜNDOGAN : Je suis conscient que certaines responsabilités me sont confiées. Mais le leadership, ça ne se construit pas avec des mots, mais avec des actes. Ça commence par l’attitude à l’entraînement et par la façon dont vous vous comportez non seulement sur le terrain, mais aussi en dehors. Ce sont des choses que je pense être importantes et qui reflètent mon caractère. En tout cas, ce serait un honneur pour moi de jouer ce rôle de leader.

À quel point est-il difficile de passer du système de Pep Guardiola au football de Hansi Flick ?

GÜNDOGAN : Ce n’est pas du tout un problème pour moi, je suis assez flexible pour fonctionner dans différents systèmes. Flick joue avec deux milieux de terrain défensifs, il trouve que l’interaction et la communication entre les deux sont très importantes. À ce poste, il choisit des joueurs qui se complètent. Si l’un monte, l’autre reste. Ça me semble être la meilleure solution pour l’Allemagne également.

Pas de boycott

Le Qatar, en tant qu’organisateur, est dans la ligne de mire des critiques. En tant que joueur, comment gérez-vous le fait de jouer là-bas ?

GÜNDOGAN : Nous sommes au Qatar pour représenter notre pays. Les événements de ce type prennent souvent une dimension politique. En tant que footballeurs, on ne peut rien y faire. C’est pourquoi il est difficile de dire quoi que ce soit sur ce genre de choses. Il faut se concentrer sur le football. Bien sûr, c’est une mauvaise chose que les droits humains ne soient pas respectés. Mais je ne suis pas favorable à un boycott. Parce qu’en faisant ça, vous mettez le pays encore plus à l’écart et ça serait contre-productif à long terme.

Se pourrait-il que cette Coupe du monde soit meilleure parce que les joueurs sont moins fatigués et n’ont pas déjà soixante matches dans les jambes ?

GÜNDOGAN : La qualité pourait en effet être plus élevée que dans les autres tournois, mais je me demande si ce sera le cas. En Angleterre surtout, les saisons restent éreintantes. Notamment à Manchester City, où il faut faire ses preuves tous les jours à l’entraînement. S’entraîner sous Guardiola est plus fatiguant pour la tête que pour les jambes. D’un autre côté, ça ne fait que nous rendre meilleur en tant que footballeur.

Ilkay Guendogan: « Le leadership, ça ne se construit pas avec des mots, mais avec des actes ». (Photo by Markus Gilliar – GES Sportfoto/Getty Images) © belga

Arbitres

Pour conclure, si vous pouviez changer une règle du jeu, quelle serait-elle ?

GÜNDOGAN : J’essaierais de maintenir une certaine fluidité dans les rencontres et de ne pas les interrompre constamment pour des petites fautes. Les matches sont devenus trop softs. C’est normal d’autoriser un peu plus de dureté. Ça rendrait le jeu plus attractif. En Premier League, les arbitres sont généralement plus permissifs qu’en Bundesliga, par exemple. Que les meilleurs joueurs soient sous contrat dans les clubs anglais est une chose, mais que les matchs y soient meilleurs et plus intenses est à mettre au crédit des arbitres.

Par Thomas Böker, Oliver Hartmann

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