Frank Arnesen, directeur sportif de Feyenoord: « L’apport de Cyriel Dessers est inestimable »
Dans un entretien accordé à Voetbal International, le directeur technique a déclaré que Feyenoord n’a pas encore pu discuter avec son attaquant belge d’une éventuelle prolongation de son séjour. « Son apport a été inestimable cette saison », juge celui qui avait été écarté d’Anderlecht en octobre 2019, dix mois après son entrée en fonction.
Par Martijn Krabbendam
A 65 ans, Frank Arnesen sait ce que c’est que de jouer une finale européenne. Lors de la saison 1983-84, il a affronté Tottenham Hotspur sous le maillot d’Anderlecht. « Coupe de l’UEFA « , se souvient le Danois dans le Feyenoordspecial de Voetbal International. « C’était un duel en aller-retour. Lors du premier match à Bruxelles qui s’est terminé sur le score de 1-1, j’ai joué et adressé une passe décisive. Lors du match retour à Londres, j’ai été remplacé. C’était 0-1 à ce moment-là, mais nous n’avons pas pu arracher la victoire. Tottenham l’a emporté aux tirs au but. C’était quand même une grosse déception. »
Quatre ans plus tard, Arnesen est membre de l’effectif du PSV qui va remporter sa première Coupe d’Europe, mais c’est de chez lui, devant sa télévision, qu’il assiste à la finale contre Benfica. « Je me suis cassé la jambe lors du match contre Dordrecht. C’était le dernier match de championnat, mais aussi la fin de ma carrière. Je n’ai plus jamais joué au football après cela. Mais avant cette blessure, j’avais joué contre les Girondins de Bordeaux et au Santiago Bernabéu, où j’ai donné la passe décisive sur le but d’Edward Linskens (1-1). Ce sera d’ailleurs le but qui nous permettra de nous qualifier. Cette Coupe des Champions est donc un peu la mienne, même si j’étais dans le plâtre lors de l’épilogue. C’était terrible, même si j’étais soulagé en arrêtant ma carrière de footballeur. J’étais fini », admet-il.
« La morale de cette histoire ? Quand on a la chance de disputer une finale européenne, il faut en profiter à fond », estime l’ancien éphémère directeur technique d’Anderlecht. « Vous devez jouer ce match comme si votre vie en dépendait. Vous ne pouvez pas faire plus que ça. Ce sera difficile pour Feyenoord contre l’AS Roma, mais ce n’est pas non plus impossible de gagner. Il faut donc se battre, tout donner et en même temps profiter de l’instant présent. Tous les footballeurs n’ont pas la chance de jouer une finale européenne. Nos joueurs ont cette chance. C’est quelque chose que vous n’oublierez jamais, surtout si la victoire est à la clé. Amusez-vous ! Je crois que nous pouvons gagner parce que ce Feyenoord est une bonne équipe, avec des gars qui gardent les pieds sur terre et se sont souvent surpassés cette saison. Il n’y a qu’une petite marche qui nous sépare de la gloire éternelle. »
Intérêt pour les Dessers
Quelle que soit l’issue de la finale, Feyenoord s’est refait un nom en Europe. Ce renouveau peut évidemment avoir des conséquences pour l’équipe, mais cela ne fait pas peur à Arnesen. « Nous devons être prêts pour cette situation », a-t-il déclaré à Voetbal International. « Feyenoord est un club qui doit vendre et c’est ce que nous ferons. Mais qui ? Pour combien ? Et pouvons-nous ramener la qualité en retour ? Ce sont les grandes questions des mois à venir. »
Et ?
ARNESEN : « Il est presque impossible de retrouver la même qualité poste pour poste. Vous parlez de joueurs qui se sont développés jusqu’à leur niveau actuel, c’est un dire qui leur permet de franchir un palier vers un club plus important. Pour racheter un élément avec cette qualité et cette expérience, vous devez payer 25 millions. Ce n’est évidemment pas dans nos cordes. »
L’Ajax et le PSV vont aussi perdre des joueurs et tous deux ont été contraints de changer d’entraîneurs. Ces derniers auront peut-être besoin de temps pour mettre leurs idées en place. N’est-ce pas le moment idéal pour Feyenoord de se rapprocher des deux meilleurs clubs des Pays-Bas ?
ARNESEN :« Si nous nous débrouillons bien et que les choses vont dans notre sens, c’est effectivement possible. Nous devront conserver notre ossature et les joueurs partants devront être remplacés par des joueurs à fort potentiel et abordables financièrement. »
Cyriel Dessers est devenu un héros au Kuip, mais il a aussi 27 ans. Il n’a ni le statut ni le passé pour déjà se considérer comme intouchable.Feyenoord doit-il l’acheter pour quatre millions d’euros ?
ARNESEN : « Ce que vous dites est vrai, mais Dessers a été été d’une importance inestimable. Le plus drôle, c’est qu’avant la trêve hivernale, Bryan Linssen se débrouillait très bien, mais chaque fois que Cyriel montait au jeu, il marquait. Des buts qui décidaient un match après l’autre. En attendant, la situation est telle que nous devons attendre de voir si nous pourrons prolonger son séjour à Rotterdam. »
Feyenoord possède sûrement une option d’achat pour Dessers ?
ARNESEN : « Oui, avec Genk, nous avons convenu d’un prix d’achat de quatre millions d’euros. Et ce n’est pas la seule chose. Nous n’avons pas encore pu parler avec Cyriel des conditions salariales d’un éventuel séjour plus long. Il faut se souvenir des conditions dans lesquelles sa location a été conclue. C’était dans les dernières minutes du mercato alors qu’il se trouvait à Madrid pour s’engager avec Leganés. J’ai alors eu son agent au bout du fil. « On dirait que le deal ne va pas se faire m’a-t-il dit. Vous cherchez toujours un attaquant ? » Nous en cherchions effectivement un. »
« J’ai alors dit à l’agent de Dessers : « Emmenez-le à l’hôtel et on s’occupe du reste. » Notre avocat s’est alors directement mis au travail pour remplir toutes les formalités nécessaires dans les délais. A minuit moins cinq, tout était réglé, mais nous ne pouvions plus nous mettre d’accord avec Cyriel sur un éventuel futur contrat. Nous avons dû tout faire pour que sa location puisse déjà se faire. De plus, peu d’entre nous, voire aucun, n’aurait pu prévoir qu’il serait une telle réussite. Mais du coup, il bénéficie aussi de plus d’intérêt de la part d’autres clubs. »
Lutter avec le Special One
Arne Slot, l’entraîneur de Feyenoord, retrouvera un vieil ami de Frank Arnesen en finale : José Mourinho. Le Danois a collaboré avec le Portugais à Chelsea. Les deux hommes se sont d’ailleurs affrontés quand le Danois, directeur sportif des Blues, avait remis en question la politique de transfert du Special One. Mourinho a ensuite été licencié alors qu’Arnesen est resté.
ARNESEN :« C’était il y a combien de temps tout ça ? 2007 ? Oui, quinze ans déjà. Quand je vois José, je lui serre la main. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’il a accompli en tant qu’entraîneur. Il a commencé avec rien, n’a jamais joué au football lui-même, était interprète à Barcelone et maintenant il faut regarder son armoire à trophées. C’est un gagnant et j’aime ça. De plus, je ne vais pas commencer à être vindicatif à 65 ans. »
Il faut donc espérer que Mourinho réagisse différemment de la dernière fois que vous l’avez croisé.
ARNESEN :« C’était quand déjà ? »
Pendant un match aux Etats-Unis entre Chelsea et l’Inter.
ARNESEN : « Au Rose Bowl, oui. Los Angeles. Je l’avais déjà oublié, mais c’est classique avec Mourinho. Après le match, je vois John Terry assis dans le bus et je me dirige vers lui en pensant que c’était le bus de Chelsea qui allait nous ramener à l’hôtel. Je suis monté, j’ai vu John, mais pas José, qui, dans son style caractéristique, était affalé dans un siège. Quand il m’a vu… il a commencé à jurer comme pas possible dans son style caractéristique en me demandant ce que je faisais là. J’ai répondu quelque chose en retour et pendant un moment, on s’est invectivé. Mais je me suis dit : « qu’est-ce qu’il fait là ? ». Jusqu’à ce que Rui Faria , le fidèle assistant de José, vienne me voir. « Hum, Frank », a-t-il dit, « ce n’est pas ton bus. » Il s’est avéré que John Terry était monté dedans pour rattraper José. J’étais donc là, dans le bus Inter, à me disputer avec José. Quand je suis descendu du bus, j’ai rigolé en repensant à l’incident qui venait de se produire. Tout le monde connait José à Chelsea et quand j’y repense maintenant, je me dis que c’est pas plus mal qu’il me dise les choses en face que derrière mon dos. José est un combattant de rue, mais un gagnant. Nous savons donc ce qui nous attend à Tirana. »
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