Formation des jeunes: les six clés de Philippe Clément
Bruges souhaite que d’ici cinq ans, la moitié de son onze de base sorte de son centre de formation. Le coach du Club donne en six points sa vision sur l’écolage des jeunes talents.
Point 1 : les avantages de la proximité
« Dans nos nouvelles installations, je me trouve littéralement entre mon staff et ceux des U18 et U21. Il y a des contacts journaliers entre les coaches, et par la fenêtre je peux voir les jeunes joueurs qui suivent leur programme de fitness avant et après les entraînements. De temps en temps, j’en vois certains regarder vers le haut, pour voir si le coach de l’équipe A regarde (il rit). C’est une motivation supplémentaire pour eux, et ça nous donne une occasion de mieux les connaître. »
Point 2 : l’équipe A doit rester une récompense
« Il n’y a pas beaucoup de contacts entre les jeunes et l’équipe première. C’est délibéré, parce que ça doit rester quelque chose de spécial. Cela doit être un défi de pouvoir les côtoyer, de franchir cette distance physique et mentale. »
Point 3 : l’expertise et l’expérience chez les formateurs
« C’est très important d’avoir à chaque poste des personnes qui apportent leurs qualités. Des coaches forts, avec beaucoup d’expérience du football, qui veulent collaborer en suivant la philosophie du club et pas en restant sur leur ile. Maintenant, nous avons un bon mix entre des pédagogues et des gens qui ont un vécu de professionnel et savent vraiment ce que ça implique. »
Point 4 : la confrontation au foot des adultes
« Les équipes espoirs devraient pouvoir jouer dans les séries amateurs, ce serait un grand pas en avant pour le football belge. Le championnat des espoirs reste une compétition de jeunes, avec des matches qui manquent d’enjeu. Nos joueurs ont besoin d’un plus grand challenge. Aujourd’hui, nous devons envoyer des joueurs en prêt pour qu’ils apprennent à composer avec la concurrence ou à se battre pour leur place. »
Point 5 : le respect de la singularité des joueurs
« Chaque parcours est différent, et ce n’est pas toujours facile à évaluer. L’an dernier, par exemple, j’ai vu jouer deux fois les U18 de Genk contre ceux du Club, et personne ne pensait alors que ce Charles De Ketelaere jouerait avec l’équipe A la saison suivante. Il s’est développé physiquement et a gagné 6-7 kilos de muscles. Tu dois faire le travail, mais tu restes aussi dépendant de ton propre corps. »
Point 6 : l’importance de la force mentale
« Beaucoup de jeunes joueurs ne réussissent pas parce qu’ils deviennent vite nerveux, surtout à cause de leur entourage, des membres de leur famille ou évidemment de leurs agents. Souvent, c’est le plus gros problème. Ils finissent par avoir le sentiment qu’ils ne reçoivent pas assez leur chance, qu’ils ne sont pas traités honnêtement par rapport à d’autres, et ça rend leur développement plus difficile, parce qu’en rejetant les responsabilités sur les autres, tu n’es plus concentré sur ce que tu dois faire. Nous en avons tiré les leçons. Maintenant, nous testons beaucoup plus tôt les jeunes joueurs sur leur résistance à la pression, leur comportement face à la concurrence et aux déceptions. Nous les mettons dans certaines situations, regardons comment ils réagissent, puis on les coache là-dessus. Celui qui n’est pas prêt mentalement ne pourra pas prester au niveau requis par le Club. Parce qu’en équipe A, le défi est d’être le meilleur à ton poste chaque jour. »
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