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Focus sur le come-back de Red Flames lancées sur la route du Mondial 2023
Au moment de se mesurer à la Pologne à Gdansk, cela fera neuf mois et demi que les Red Flames n’auront plus disputé le moindre match à enjeu. Focus sur une rencontre qui sera spéciale à plus d’un titre.
Décembre 2020. À l’époque, Donald Trump éructe toujours ses diatribes complotistes depuis le bureau ovale, on vient d’enterrer Diego Maradona et le retour dans les stades n’est encore qu’une vague illusion. À Den Dreef, on joue pourtant au football. C’est au crépuscule de cette année terriblement particulière que les Red Flames valident leur billet pour l’EURO 2022, initialement prévu en 2021 mais lui aussi décalé d’un an histoire de laisser la préséance aux hommes, censés eux s’affronter au coeur de l’été 2020. Une deuxième qualification de rang pour le grand bal européen qui fait presque oublier l’échec subi sur la route du Mondial français 2019. Et fait souffler un vent d’euphorie sur une équipe en pleine progression, à l’image d’un classement qui ne fait que grimper, pour atteindre une 17e place record (les Flames sont aujourd’hui 19e).
Ces matches nous ont permis de mieux nous situer en tant que collectif, de savoir ce qu’on doit encore travailler pour progresser. »
Janice Cayman
Depuis, plus rien. Ou plutôt plus une seule rencontre à enjeu pour les joueuses d’ Ives Serneels. Entre cette solide prestation offerte face à une Suisse démunie (4-0) et ce déplacement ce 17 septembre sur les bords de la mer Baltique pour affronter la Pologne, en ouverture de la campagne éliminatoire pour la Coupe du monde 2023, Tessa Wullaert, Laura De Neve et consorts n’ont eu droit qu’à six joutes amicales à se mettre sous la dent pour jauger leur niveau. Et face à des adversaires parfois nettement supérieures (les Pays-Bas, l’Allemagne, la Norvège et l’Espagne, que des nations historiques figurant parmi le gratin européen), on a eu la fâcheuse impression de voir les Belges réduites à un rôle de sparring-partner. « Ce n’est pas qu’on planait, mais ça nous a un peu remis les pieds sur terre », avouait d’ailleurs Janice Cayman au lendemain de la déroute subie sur la pelouse du Roi Baudouin (1-6) face à des Néerlandaises championnes d’Europe en titre et surtout au-dessus de Flames un peu à côté de leurs pompes ce soir-là. Dur, mais quelque part logique quand on sait que toutes ces sélections disposent d’un noyau entièrement professionnel, contrairement au belge, où une majorité d’internationales oscille toujours entre études, boulot et football.
Le spectre du plafond de verre
La Belgique a-t-elle atteint une sorte de plafond de verre? Peut-elle faire encore mieux que ce qu’elle n’a déjà atteint avec des internationales qui sont à l’heure actuelle obligées de s’expatrier pour pouvoir se concentrer à 100% sur le foot, à l’image de la Soulier d’Or 2020 Tine De Caigny, partie à Hoffenheim durant l’été? « On peut toujours s’améliorer, mais oui, il y a un plafond en termes de temps que l’on peut consacrer à son sport », explique la capitaine Wullaert. « On n’a que 24 heures dans une journée, il faut se reposer, physiquement et mentalement, voir sa famille. Certaines personnes ne se rendent pas compte que tout le monde n’est pas pro et nous comparent aux Néerlandaises. Quelque part, c’est un compliment, mais c’est une équipe qu’on ne peut pas comparer avec la Suisse, une équipe qui a dix ans d’avance sur nous. Encore heureux qu’il y a un gap entre nous et ces sélections-là, sinon, ça ne serait pas normal. »
Pour la milieu de terrain de Bruges Marie Minnaert, une joueuse qui prend de plus en plus d’ampleur dans le groupe Flames, la solution passera avant tout par une professionnalisation de la Super League, le championnat féminin, où 68% des joueuses figurant dans la dernière sélection évoluent. « On doit pouvoir bénéficier de plus de plages de repos, ça nous permettrait de franchir un grand pas, mais pour le moment, c’est impossible », regrette cette étudiante en diététique. L’objectif de l’Union belge est en tout cas d’atteindre le top 8 UEFA d’ici 2024. Les Red Flames pointent pour le moment à la onzième place.
Trésor public
Aujourd’hui, finis les tests tactiques, comme cette tentative de défense centrale à trois pas forcément concluante lors de la victoire face aux Irlandaises en avril, et les baptêmes du feu (avec des satisfactions à la clé, comme les Louvanistes Hannah Eurlings et Amber Tysiak, pour ne citer qu’elles). Désormais, c’est « pour de vrai », pour paraphraser Minnaert. « Ça fait plaisir de retrouver ce genre de rencontres », indique pour sa part Cayman, pour qui le switch ne sera pas difficile à opérer entre amicaux et matches à enjeu. « On sait qu’il s’agit des qualifs pour le Mondial, ce qui est clairement notre objectif, afin d’apporter encore plus de lumière sur le foot féminin en Belgique. » Ce serait en effet une première à ce niveau pour le squad noir-jaune-rouge.
L’envie de reprendre le contrôle de la situation sera sans doute d’autant plus présente qu’au retour de Pologne, les Red Flames enchaîneront avec la réception de l’Albanie le 21 septembre au Stade Roi Baudouin, en présence d’un public privé de sa sélection féminine depuis… novembre 2019. Le genre de chose susceptible d’offrir ce petit kick supplémentaire à l’équipe nationale après des revers qui ont quelque peu douché l’enthousiasme, à un an de l’EURO en Angleterre. « Mais au moins, ça nous a permis de mieux nous situer en tant que collectif, de savoir ce qu’on doit encore travailler pour progresser. Donc malgré ces défaites, la confiance est toujours bien présente dans le groupe. Je ne suis pas inquiète pour la suite », ajoute la Lyonnaise Cayman.
Un groupe qui va devoir mettre en application les enseignements acquis ces derniers mois, à savoir « jouer plus vite, penser plus vite, et avoir un coup d’avance à chaque fois », selon Minnaert, mais qui reste tourné vers l’avenir. Et sur la Pologne, 29e mondiale au ranking FIFA, et contre laquelle les Red Flames n’ont plus perdu depuis quinze ans. L’idéal pour rallumer la flamme?
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