Felice Mazzu: « Je suis un des derniers entraîneurs qui a coaché dans des vestiaires où on se lavait encore à la bassine »
Dans une longue interview accordée à Sport/Foot Magazine, l’entraîneur de l’année se penche sur le football belge. Morceaux choisis.
Felice, à quel point est-ce que tu as vu le football belge évoluer entre tes débuts sur les bancs de D1 et aujourd’hui?
FELICE MAZZÙ : « Je me souviens qu’à l’époque, je suis arrivé dans ce monde professionnel avec un regard un peu naïf. Comme je n’avais jamais été joueur, je n’avais aucune expérience du haut niveau. Comment pouvaient se comporter des joueurs pros, des supporters, des journalistes… Tout ça, je l’ignorais. Donc, plus que le championnat, c’est peut-être mon regard qui a changé. Par contre, ce qui m’avait déjà marqué à l’époque, c’est que les équipes du G5 avaient quelque chose en plus. Par rapport à leurs moyens et à leurs ambitions, mais aussi à leur pouvoir. Et ça, je pense que ça s’est amplifié. «
Gagner en n’ayant pas eu de carrière de pro, c’est quand même un beau symbole. Tu penses que tu as ouvert des portes à la jeune génération d’entraîneurs qui débarque maintenant?
MAZZÙ: « Moi, je suis encore un profil différent de ceux qui arrivent aujourd’hui. Eux, ils ont d’énormes connaissances théoriques, scientifiques. Des jeunes gars polyglottes, avec un parcours scolaire bien plus poussé qu’à l’époque, parfois des diplômes universitaires… Ce sont des gens qui arrivent avec un contenu très élevé, par rapport à tout ce qu’ils ont pu acquérir et aux méthodes modernes avec lesquelles on travaille. »
« Moi, je pense donc plutôt être le dernier d’une génération plutôt que le premier d’une autre. Un des derniers qui a joué sur des terrains boueux, qui a coaché dans des vestiaires où on se lavait encore à la bassine. »
C’est un constat que tu peux tirer? La plupart des joueurs sont mieux formés footballistiquement grâce aux centres de formation, mais ils sont aussi mentalement beaucoup plus formatés? La mentalité a changé?
MAZZÙ: « Oui, parce que l’éducation footballistique est différente. Elle se fait de façon plus poussée depuis leur plus jeune âge, et ça donne des pour et des contre. Quand tu as toujours vécu dans un centre de formation, et que tu as toujours vécu dans… ( Il réfléchit) Je n’ai pas envie de dire dans la facilité, parce que je n’y ai jamais vécu. Mais en tout cas, tu n’as jamais été dans la merde. Tu es dans un certain confort. »
« Dans le passé, on allait chercher des gars qui savaient plus souvent ce que c’était de se lever à cinq heures du matin pour aller travailler, ils l’avaient expérimenté à un moment de leur vie. Là, tu sais quelle est ta chance de pouvoir vivre exclusivement du football, et ça te donne une force et une âme supplémentaire. Chez nous, tu as Deniz Undav qui se levait à quatre heures du matin et avait un contrat de 150 euros par mois, Teddy Teuma qui était livreur de viande… Ce sont des gars qui connaissent d’autres valeurs et qui, dans des moments de difficulté, gardent plus facilement à l’esprit le fait qu’ils ont de la chance d’être là. De nouveau, il faut trouver l’équilibre entre la modernisation de la préparation des jeunes et les vraies valeurs de la vie. Parce que le football, ce n’est pas la vie normale. La vie normale, ce sont ceux qui bossent comme des chiens pour gagner 2.000 euros par mois. Et encore, quand je dis 2.000, c’est déjà beaucoup. »
Lisez notre entretien complet avec Felice Mazzu qui est disponible dans notre Zone +à partir du 4 février.
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