Euro 2022 de football féminin: des Red Flames à réaction contre l’Islande (Analyse)
Les joueuses d’Ives Serneels ont arraché un point plus ou moins satisfaisant contre l’Islande (1-1) en ouverture du deuxième EURO de leur histoire. Un résultat qui ne fait pas forcément leurs affaires à quelques jours d’affronter une France revancharde.
C’est une bonne ou une mauvaise situation, ça, un match nul en ouverture de l’EURO contre l’Islande ? Pour Ives Serneels, la question est vite répondue : le point pris contre les Nordiques est positif. « C’est déjà un point de plus qu’il y a cinq ans », ajoutait même le sélectionneur, en référence à la défaite initiale subie en 2017 contre le Danemark de Pernille Harder, futur finaliste du tournoi. Mathématiquement implacable, en effet… Avouons-le, un retour sur la prestation offerte par les Red Flames face aux Islandaises laisse à penser que cette unité doit faire le bonheur de Janice Cayman and co: dix corners concédés, 21 tentatives au but de Nicky Evrard contre seulement onze pour les Flames (bien que ces dernières aient plus cadré que leurs adversaires), les chiffres confirment la domination subie par les Belges dans la chaleur de Manchester.
Et pourtant, on y a cru, à ce succès qui aurait pu (entre-)ouvrir la portes aux quarts de finale qui restent l’objectif officiel côté noir-jaune-rouge. Quand on a vu ces Flames sans complexe déambuler sur le terrain. Dominées, oui, mais certainement pas craintives pour leur entrée en lice, ce qui pouvait encore leur arriver face aux nations plus prestigieuses.
Passer la première
Encore fallait-il que le foot suive, et ce ne fut pas le cas en première période. Si on a aimé voir Elena Dhont, titulaire sur l’aile droite après une préparation maîtrisée de bout en bout, se démener pour créer le danger sur son flanc, on a moins apprécié ces actions au final stériles, la faute à un déchet technique encore trop présent dans les derniers mètres. Tessa Wullaert ? Sevrée de ballons, forcément frustrant pour quelqu’un qui a besoin de prendre le jeu à son compte. Janice Cayman ? Trop discrète pour la taulière qu’elle doit être. Tine De Caigny ? Visiblement en panne de confiance (mais pourtant autrice d’une belle première saison avec Hoffenheim) et trop maladroite au moment de conclure. « On n’a pas trouvé les espaces derrière la défense ni les solutions, il n’y avait pas assez de mouvement », résumait TW9 au micro de la RTBF.
Ajouté à un manque d’impact dans les duels face à une Islande physique, revenir au vestiaire sans encaisser de but était déjà bon à prendre. Surtout en repensant aux déboulés de la virevoltante Sveindis Jane Jónsdóttir, logiquement élue Joueuse du Match (sept dribbles réussis pour l’ailière de Wolfsburg !), ainsi qu’à ce penalty concédé pour une faute de bras de Davina Philtjens. Était-ce le rapport des analystes du « Team Belgium », ou la vaseline porte-bonheur appliquée par Davinia Vanmechelen sur ses poteaux en avant-match qui étaient responsables de ce sauvetage d’Evrard ? Qu’importe, à la mi-temps, le constat était celui-ci : si la Belgique évoluait bien un cran en-dessous, cela ne se reflétait pas au marquoir.
Les souvenirs de Thoune…
Flash-back. En septembre 2020, les Red Flames avaient sombré en Suisse, incapables de se remettre en selle après avoir encaissé lors de cette rencontre de qualifs pour… l’EURO 2022. Cueillies à froid ce dimanche au retour des vestiaires sur une des (trop) nombreuses phases arrêtées concédées (c’est un deuxième ballon mal négocié sur corner qui amène le but), on pouvait craindre de revivre un scénario similaire. Sauf que manifestement, les Belges sont un peu plus blindées mentalement. Comme Ives Serneels, on a kiffé voir les Flames réagir directement après avoir pris un coup sur la cafetière, en même temps qu’une Berglind Thorvaldsdóttir esseulée au deuxième poteau crucifiait Evrard grâce à la sienne (50e). « Quand tu ne réagis pas dans un match comme ça, tu perds 0-3 », expliquait le coach au micro de la RTBF. « Je pense que pour chaque joueuse, c’était un match difficile individuellement contre une bonne équipe d’Islande, mais je suis très content de leur réaction. »
La deuxième période fut en effet bien plus positive. Avec une Wullaert avide de ballon, qui comme souvent n’a pas hésité à venir chercher le cuir avec les dents, histoire de mener la fronde belge. Un quart d’heure plus tard, c’est d’ailleurs elle qui servait Dhont, crochetée dans la surface. Le péno belge, lui, sera converti par une Justine Vanhaevermaet d’un calme olympien au moment de prendre la gardienne à contre-pied (67e). La numéro 10 de la team, qui a parfois manqué de tranchant dans les duels, à l’image de toute l’équipe, mais qui a fait le job en ne lésinant pas sur les efforts. Et qui était consciente après la rencontre que la pièce aurait pu tomber des deux côtés. Du sien, avec cette superbe frappe enroulée signée Wullaert à la 79e (quelle parade de Sandra Sigurdardóttir !) et ce cafouillage dans le rectangle sur un centre de Cayman (81e). Comme de l’autre, avec quelques arrêts bien sentis d’Evrard (du pied gauche à la 47e, claquette à la 70e).
… mais pas ceux de Louvain
On a cru un moment que les Flames seraient capables de « refaire » le coup de la Suisse à Louvain, quand elles s’étaient sublimées pour écraser une Nati plus forte et valider leur billet pour l’Angleterre (4-0). Même si elles n’ont pas démérité, il n’en fut rien, la faute aussi à une défense trop naïve malgré le retour en force de la Brugeoise Jody Vangheluwe au poste de latérale droite. Et à des changements (très) tardifs, alors que plusieurs joueuses tiraient la langue, Wullaert en tête. On se demande toujours pourquoi faire entrer Ella Van Kerkhoven à la 93e alors que l’attaquante aurait pu apporter son physique et sa taille dans ce match qu’il ne fallait pas perdre. Et qui n’a donc pas été perdu, du reste.
Pourtant, on sait que ce nul n’arrange personne. Ni l’Islande ni la Belgique, qui va maintenant devoir se coltiner une Équipe de France qui a marqué son territoire en collant cinq buts (en une mi-temps) à l’Italie (5-1), pourtant l’une des nations qui a le plus avancé ces cinq dernières années avec notamment un quart de finale au Mondial 2019. Des Bleues qui en ont marre de passer pour « les favorites qui se plantent tout le temps ». « Sur la deuxième période on se doit de faire beaucoup mieux, on doit mieux maîtriser le ballon quand le score est acquis », a même lâché la capitaine Wendie Renard après le récital offert contre la Nazionale. « Si on veut continuer comme ça, il va falloir monter le curseur d’exigence. » Les Red Flames sont prévenues : ce jeudi 14 juillet à 22h50, si la Bastille belge tombe, il en ira de même pour leur survie dans ce tournoi qui doit leur permettre de se jauger au plus haut niveau.
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