© iStock

El Atlético au Real Madrid: Pourquoi cette saison sera-t-elle quand même celle d’Eden Hazard

Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Si Eden Hazard veut briller à la Coupe du monde, il devra d’abord se refaire avec le Real. Il l’a bien compris et s’est soigné comme jamais ces derniers mois. Fini les hamburgers, faites entrer l’athlète. Et même si le moteur a du retard à l’allumage avec 0 minute de jeu en Supercoupe d’Europe et seulement 32 minutes pour la première journée de championnat d’Espagne, voici pourquoi il faut croire en la résurrection du Brainois.

Elvis Presley ne l’aurait pas chanté mieux: It’s now or never. Ce 16 août, on célèbre le 45e anniversaire de la disparition du King. Eden Hazard, lui, est still alive and kicking. Mais, kicking, il l’a très peu été depuis son arrivée au Real il y a trois ans. Six buts et dix assists en 66 maches, c’est misérable pour un gars pareil. Encore plus quand on a coûté, au total, 115 millions d’euros. Il s’en rend compte, mieux que personne. Et il va jouer gros cette saison, la quatrième de son contrat de cinq années. Dès le mois de mai dernier, au moment où l’équipe a fêté un nouveau titre de champion d’Espagne, en plein Madrid, il a promis à la foule que ça allait bien se passer. Prenant le micro en pleine liesse populaire, il l’a bien dit: « La saison prochaine, je donnerai tout pour vous. »

Eden Hazard a même réussi à convaincre le président du Real. Ce n’était pas gagné.

Ça sent bon entre-temps. On ne l’avait jamais vu aussi affûté à la reprise. Les cinq kilos superflus qu’il traînait à son arrivée au club, en 2019, c’est de l’ histoire ancienne. À l’époque, il s’était justifié dans les médias français. Maladroitement. « Moi, quand je suis en vacances, je suis vraiment en vacances. »

On a l’impression que son état d’esprit a complètement changé. Même Antonio Pintus ne croit pas ce qu’il voit aujourd’hui. Ce préparateur physique italien du Real est même convaincu qu’on va bientôt revoir le meilleur Hazard. Et Pintus sait de quoi il parle. C’est lui qui boostait le physique des joueurs du club quand ils ont enchaîné trois succès en Ligue des Champions en 2016, 2017 et 2018, avec Zinédine Zidane sur le banc. On dit que si les Madrilènes ont renversé autant de fois la vapeur dans les fins de match la saison passée en Ligue des Champions, il y est pour beaucoup. Pintus semble donc être l’homme de la situation pour rendre ses ailes à Eden Hazard. Il lui a donné un programme très strict pour ses vacances, et le Brainois l’a suivi à la virgule près.

Sur le plan de la condition, ça devrait donc bien se passer dans les semaines et les mois à venir. Mentalement aussi, il paraît revenu au top depuis qu’on lui a enlevé une plaque de titane qui gênait la mobilité de sa cheville droite, le 29 mars (voir encadré). Cette plaque était censée solidifier sa cheville, mais elle le gênait surtout dans ses mouvements. Tant à l’entraînement qu’en match, Eden Hazard ressentait une douleur, en permanence. Ça faisait longtemps qu’il poussait pour qu’on lui enlève le bazar, mais le staff médical du Real estimait que ce n’était pas une bonne idée. Maintenant que la foutue plaque a disparu, il peut à nouveau jouer sans avoir mal. Un soulagement énorme pour un mec qui veut surtout s’amuser, se faire plaisir dès qu’il met ses crampons.

Eden Hazard en action face aux Mexicains du Club América durant la préparation.
Eden Hazard en action face aux Mexicains du Club América durant la préparation.© GETTY

Hazard a compris ce que Bale n’a jamais capté

Eden Hazard retrouvera-t-il le niveau affiché à la Coupe du monde 2018? C’est la question qui torture les supporters du Real et aussi les fans des Diables rouges. Dans les couloirs à Madrid, en tout cas, on y croit à fond. C’est l’impression relayée par les médias espagnols.

Après l’échec des négociations avec Kylian Mbappé, on estime là-bas qu’un Hazard revenu à son meilleur niveau serait le meilleur transfert de l’été. Carlo Ancelotti a en tout cas annoncé dès le mois de mai dernier qu’il comptait sur Hazard pour la nouvelle saison. C’est même étonnant quand on sait que le président, Florentino Pérez, n’a jamais été un fan absolu du Belge. Son transfert avait surtout été poussé par Zidane. Le Français entendait construire son équipe autour de lui, mais il n’a jamais eu droit à sa meilleure version.

Le discours du président a entre-temps évolué. Vu les circonstances, notamment l’absence d’intérêt concret d’autres clubs pour un transfert, il dit maintenant qu’il croit en Hazard, que ce joueur est en mesure de faire la différence. Ses coéquipiers, du moins la majorité, en sont eux aussi convaincus. Malgré tous ses problèmes depuis son arrivée, Eden Hazard garde une très grosse cote dans le vestiaire. S’il fallait lui décerner un seul trophée sur les trois dernières années, ce serait celui du simpático de service. Pour s’en convaincre, il suffit de visionner les images de la fête du titre, en mai. Après s’être adressé aux supporters, Eden Hazard a été enlacé par ses coéquipiers, qui ont ensuite commencé à faire quelques pas de danse avec lui. Gareth Bale, par exemple, n’a jamais eu droit à un traitement pareil. Il faut dire qu’il n’a jamais fait les efforts nécessaires pour s’intégrer pleinement dans le groupe. Quand il devait choisir entre une partie de golf et un resto avec ses collègues, son choix était vite fait. Et ce n’était pas le bon. Hazard, lui, fait ces efforts, et il se débrouille aussi de mieux en mieux en espagnol.

Un avenir en faux 9?

Elsimpático Hazard est entre-temps devenu el atlético. Il semble à nouveau taillé à la serpe. Fini, le temps où on le surnommait, à Madrid, le petit gros. Reste que le plus dur est à venir pour lui: forcer une place dans l’équipe qui a conquis un nouveau titre national et une Ligue des Champions supplémentaire. Dans le 4-3-3 de Carlo Ancelotti, il n’y a que trois positions possibles pour le numéro 7 belge: les trois places devant. Et deux joueurs se sont rendus indispensable dans cette zone la saison dernière: Vinícius Júnior (22 buts et vingt assists) sur l’aile gauche, Karim Benzema (44 buts, quinze assists) en pointe. Il ne reste donc que la place à droite, et pour cela, Hazard devra prendre le dessus sur Rodrygo (9 buts, dix assists). Le Portugais a frappé fort en fin de saison passée, notamment en marquant des buts importants en Ligue des Champions contre Chelsea et Manchester City.

Malgré tous ses problèmes depuis son arrivée, Eden Hazard garde une très grosse cote dans le vestiaire.

Dès le début de la préparation pour la saison à venir, on a vu que le coach cherchait des formules pour donner plus de temps de jeu à Eden Hazard. Avant la tournée américaine, il a expliqué: « Nous avons plusieurs options pour la position de faux numéro 9. Benzema est le numéro un, mais on va avoir une saison particulière, avec la Coupe du monde en hiver. Il faut donc penser à des solutions. J’ai l’intention d’essayer Hazard dans ce rôle. Avec ses qualités, ça doit pouvoir fonctionner. »

Eden Hazard en back-up du buteur français, donc? L’idée n’est peut-être pas si folle. Parce que Luka Jovic et Gareth Bale, qui ont parfois suppléé Benzema la saison dernière, ne sont plus au Real. Il ne reste donc plus que Mariano Díaz comme doublure possible, et il faut tenir compte du fait que Benzema a 34 ans. Autre chose bonne à savoir: Ancelotti a déclaré il y a plusieurs semaines, après les transferts d’Antonio Rüdiger et d’Aurélien Tchouaméni, qu’il n’y aurait plus d’arrivées.

Eden aura fort à faire pour s'imposer dans ce Real Madrid, vainqueur de la Champions League en titre.
Eden aura fort à faire pour s’imposer dans ce Real Madrid, vainqueur de la Champions League en titre.© GETTY

Des précédents infructueux

Le technicien italien n’est pas le premier à affirmer que le capitaine des Diables peut avoir un avenir en tant que faux 9. Trois coaches l’ont essayé dans ce rôle à Chelsea: José Mourinho, Antonio Conte et Maurizio Sarri. Mais on ne peut pas dire que les expériences aient été fructueuses. Dans le système de Conte, lors des matches où il a été essayé en faux 9, Hazard avait l’impression d’être un végétarien devant le comptoir d’un McDo. Il avait vite dit ce qu’il en pensait: « Quand vous jouez contre un très bon adversaire, c’est difficile. Vous ne recevez pas beaucoup de ballons. Je dois en avoir touché environ 25, dont quinze qui me sont venus sur la tête. Ce n’est pas comme ça qu’on utilise le mieux mes qualités. Je me sens beaucoup mieux sur une aile. Elle est là, ma place. » Il avait tenu ce discours en février 2018, après un match de Champions League contre Barcelone. Il avait été soutenu dans la foulée par Roberto Martínez: « Je ne l’essayerai pas dans ce rôle. Pour moi, Hazard n’est pas un faux 9. Pour jouer comme ça, j’ai déjà Romelu Lukaku, Michy Batshuayi et Dries Mertens. »

La saison suivante, Maurizio Sarri a tenté l’expérience qu’il avait réussie à Naples avec Mertens. Après avoir été positionné là, notre compatriote s’était mis à marquer comme il respirait. C’était un coup magnifique du coach. Et donc, il a essayé la même chose avec Hazard à Chelsea. Ce qui ne lui a pas plu et, à nouveau, il s’est plaint dans la presse: « Mertens est plus offensif que moi. Je suis plus un meneur de jeu. Depuis que je joue au foot, j’adore toucher un maximum de ballons. Mertens n’est pas comme ça. Il veut seulement passer le plus de temps possible dans le rectangle de l’adversaire. C’est aussi pour ça qu’il marque autant de buts. Bref, nous sommes différents. Mais je sais que Sarri aime bien essayer des trucs nouveaux. »

Sarri a balayé ces arguments et répondu qu’il était satisfait de ce que Hazard avait montré dans ce rôle de faux numéro 9. « Il peut marquer des buts en jouant dans cette zone, il peut aussi créer des espaces pour ses coéquipiers et combiner avec eux. »

À Madrid, quoi qu’il en soit, Eden Hazard ne peut pas se permettre le luxe de chicaner sur les places où son coach décide de l’aligner. Il sera déjà bien content s’il peut être dans l’équipe et mettre fin à trois ans de misère. Pour lui, c’est clairement la saison de vérité. Avec le Real. Et avec les Diables rouges, pour sa dernière Coupe du monde. It’s now or never.

Des heures au bloc!

1. opération 1 5 juin 2017

Eden Hazard est victime d’une fracture de la cheville droite lors d’un entraînement avec l’équipe nationale. Actif à Chelsea, il se fait opérer par le Docteur James Calder, à Londres. Cet homme est une sommité dans les opérations du pied et de la cheville. De nombreux footballeurs et rugbymen sont déjà passés entre ses doigts.

2. opération 2 5 mars 2020

Quatre mois après avoir été touché par Thomas Meunier lors d’un match de Ligue des Champions entre le PSG et le Real, Hazard apprend qu’il souffre d’une microfissure à la cheville droite. Après le match contre les Parisiens, il est resté un peu sur la touche, puis il a pris un nouveau coup en février 2020, dans un match contre Levante. Verdict: nouvelle fracture à la cheville, mais à un endroit différent. L’opération est inévitable. Elle est réalisée à Dallas par le Docteur Eugene Curry, un grand spécialiste américain des blessures à la cheville. Il fixe une plaque en titane sur l’os fin de consolider la cheville d’Eden Hazard.

3. opération 3 29 mars 2022

Dans un hôpital de Madrid, le Docteur José Palacios ôte la fameuse plaque. Hazard aurait déjà voulu procéder à cette intervention un an plus tôt, mais le staff du Real l’en avait dissuadé. Il s’est toujours senti gêné par cette plaque et certains affirment qu’elle l’obligeait à courir autrement, ce qui expliquerait ses blessures musculaires.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire