Guillaume Gautier

Diables: Tedesco n’a-t-il pas droit à un vrai match amical?

Guillaume Gautier Journaliste

La chronique de Guillaume Gautier se penche sur le match entre l’Irlande et la Belgique et les choix de Domenico Tedesco.

Les Libyens d’Al Ahli mettent le pied, Zeno Debast donne de la voix, mais le principal enseignement de cette journée de janvier sous le ciel nuageux de Tunisie est ailleurs. Confronté à des difficultés en défense centrale, entre limites d’effectif et douleurs menaçantes chez son vétéran Jan Vertonghen, Brian Riemer innove. Le coach d’Anderlecht aligne en défense centrale le jeune Théo Leoni, milieu de terrain de formation et pas franchement physiquement taillé pour la fonction. Le bouclé du Sporting bruxellois s’en tire avec les honneurs contre le colosse offensif adverse, et tous les observateurs s’attendent d’ailleurs à le voir titularisé aux côtés de Debast pour affronter l’Union en Coupe. Finalement, Vertonghen est moins blessé que prévu et Leoni est bien sur le terrain, mais au milieu. Le test reste un test. Une expérience de chimiste tactique, de celles qu’on peut se permettre lors d’un match amical parce qu’une éventuelle explosion en plein mélange inattendu n’aurait aucune conséquence néfaste.

Septante-et-un jours plus tard, le chimiste est allemand. Si même la tenue portée par Domenico Tedesco semble être un laboratoire en soi, c’est surtout l’équipe disposée sur la pelouse par le sélectionneur des Diables Rouges qui interpelle. Comme s’il fallait encore ajouter de la surprise à un onze étonnant, le coach des Belges transforme encore sa mixture en ajoutant une goutte d’Amadou Onana en défense centrale à une demi-heure du terme. Il faut attendre les interviews pour en savoir plus. Comprendre que l’entraîneur voulait tester une situation d’urgence qui pourrait se présenter à l’Euro, que le joueur en était informé et que l’expérience en était vraiment une, puisque tout ça n’avait pas été préparé à l’entraînement. Parce qu’après tout, un match amical, est-ce autre chose qu’un très bon entraînement?

Visiblement, oui. A en lire et entendre, en tout cas, les réactions suite à ce choix. Manque de respect à Zeno Debast pour les uns, envers un Axel Witsel taillé pour cette double fonction pour les autres, à l’égard des supporters qui ont passé 1h30 devant ce match pour tous. Le contraste avec l’expérience presque anonyme de Riemer est saisissant. Certes, le premier avait le luxe de l’anonymat, loin des 38.000 spectateurs qui garnissaient les gradins de l’Aviva Stadium de Dublin. C’est le problème des sélectionneurs, qui ne peuvent jamais expérimenter en catimini autrement qu’en organisant une confrontation à l’entraînement.

En Belgique, pourtant, Roberto Martínez avait pris l’habitude d’utiliser les rencontres amicales dans un costume de laborantin. En installant Dries Mertens en pointe contre les Pays-Bas en début de mandat pour éviter les centres à répétition de la fin de l’ère Wilmots, par exemple, obligeant ses éléments offensifs à trouver d’autres solutions. En exposant ses joueurs sans trop les prévenir au pressing agonisant des Mexicains, ensuite, provoquant trois buts encaissés et la colère mémorable de Kevin De Bruyne après la rencontre. Le Catalan se défendait avec un discours immuable: quoi de mieux qu’un match amical pour tester une idée ou mettre une mauvaise habitude à l’épreuve?

Le problème, c’est que l’équipe nationale génère des attentes à chaque sortie. Le public préfère la voir défier victorieusement la France ou l’Italie, comme en 2015, quitte à dévoiler les meilleurs atouts de son jeu pour un match sans enjeu. Même l’Euro 2016 et sa débâcle n’ont donc pas servi de leçon.

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