Jeremy Doku et Arthur Theate seront-ils au rendez-vous des deux grosses affiches d’octobre? © BELGA / Isosport

Diables rouges: pourquoi Tedesco et la nouvelle génération jouent (déjà) leur avenir

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Pas d’accalmie pour les Diables. Contestés après l’Euro, encore secoués en septembre, les hommes de Tedesco affrontent deux duels de prestige avec un groupe plus jeune que jamais.

Certes, il n’est que le cinquième le plus âgé de la liste de Domenico Tedesco. Cinq ans plus jeune que les mains gantées de Koen Casteels et Matz Sels, également devancé par Leandro Trossard et Timothy Castagne, Youri Tielemans est pourtant le joueur de champ qui a le plus l’allure d’un ancien combattant parmi les 23 joueurs appelés à rencontrer l’Italie, puis la France lors du rassemblement d’octobre de la Ligue des Nations. Avec Koen Casteels, le milieu de terrain d’Aston Villa est le seul rescapé de la fameuse campagne de Russie de l’été 2018, sommet de la trajectoire de la «génération dorée» dont il était le plus jeunes élément.

Candidat au brassard de capitaine, surtout depuis que le forfait d’Amadou Onana pour le rassemblement est acté, Tielemans n’a que 27 ans, mais est donc déjà un taulier de la nouvelle vague initiée par Domenico Tedesco lors de son arrivée à la tête de la sélection. 14 des 23 joueurs appelés par l’Italo-Allemand lors de cette fenêtre internationale aux airs de match amical sont ainsi nés après 2000. Un grand écart avec la dernière Belgique de Roberto Martinez qui pointait dans le groupe de tête des sélections les plus âgées du Mondial 2022 au Qatar. Parmi les joueurs utilisés par le Catalan face au Canada, au Maroc puis à la Croatie il y a moins de deux ans, ils ne sont que six à faire partie du groupe retenu par Tedesco pour affronter l’Italie et la France. Pas de Romelu Lukaku ou de Kevin De Bruyne, pas plus d’Axel Witsel ou de Yannick Carrasco, en plus de la retraite internationale de Jan Vertonghen: la page de la génération dorée semble bel et bien tournée.

Si le rassemblement de mars sera probablement différent, comme l’a d’ailleurs annoncé Domenico Tedesco lors de sa conférence de presse, la nouvelle génération reçoit ici une belle opportunité de prouver sa valeur en se mesurant, en l’absence complète des glorieux aînés, à deux sélections de pointe du Vieux Continent. Une occasion en or pour le sélectionneur de voir qui prendra les rênes de l’équipe dans les moments difficiles, ou qui sera en mesure de faire la différence face à des défenseurs renommés et chevronnés. En défense, Matte Smets a une vraie carte à jouer tant la hiérarchie semble péniblement se dessiner depuis le retrait de Vertonghen. Devant, les virevoltants Cyril Ngonge et (surtout) Malick Fofana vont devoir sortir le grand jeu pour exister sur des flancs où l’embouteillage de talent est déjà conséquent, en l’absence de Julien Duranville et avec l’éclosion de plus en plus affirmée de Mika Godts à l’Ajax.

Pour Domenico Tedesco, le scénario remplit également deux missions bénéfiques. En termes de rajeunissement, d’abord, les choix cadrent avec le discours entourant son arrivée à la tête de la sélection, lui dont l’une des tâches majeures était d’assurer une transition vers la nouvelle génération. Pour sa situation personnelle, ensuite, l’utilisation affirmée et assumée de la Ligue des Nations comme un laboratoire pour préparer l’avenir permet d’évacuer une partie de la pression qui ne fait que croître depuis la désillusion de l’été allemand. Sans De Bruyne et Lukaku, personne ne s’attend à un 6/6 face aux Italiens et aux Français, et tout résultat positif sera vu comme une bonne surprise et un bon présage face à l’avenir que certains prédisent déjà bien sombre pour la Belgique post-génération dorée.

Il faudra désormais reconquérir les cœurs des supporters, mais aussi certains esprits de son vestiaire. Si la majorité de l’équipe restait dans le sillage de son sélectionneur malgré la désillusion de l’Euro, comprenant autant la prudence face à l’Ukraine que le plan plutôt défensif pour affronter la France en huitième de finale, la donne n’était plus la même après le rassemblement de septembre. La différence entre le discours public d’une Belgique plus ambitieuse et le plan très prudent pour le déplacement à Lyon, avec des latéraux très défensifs et un retour d’Arthur Theate dans un rôle de latéral où son apport avec le ballon est limité, a surpris plusieurs meneurs du vestiaire belge.

Au sein du groupe, ceux dont le discours ambitieux s’est trop souvent confronté au niveau inaccessible des concurrents de la génération précédente doivent maintenant prouver qu’ils sont prêts à prendre la relève à l’étage supérieur. Même sans être au complet, la Belgique tirera donc de nombreux enseignements de ses rendez-vous d’octobre. Parce que pour laisser au placard les histoires d’anciens combattants de Koen Casteels et Youri Tielemans, il faudra que les Diables puissent enfin regarder le futur avec le sourire.

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