Diables absents et nouveaux Diables: pourquoi Tedesco change (encore) de cap
Dans sa sélection pour la Ligue des Nations, Domenico Tedesco se tourne à nouveau vers la jeunesse après un Euro où la nouvelle génération des Diables s’est sentie laissée de côté.
L’approche de l’Euro allemand était marquée par le retour des trentenaires. Il y avait Thomas Meunier, déjà revenu en mars pour solidifier le côté droit d’une défense où aucune alternative crédible à Castagne n’avait émergé aux yeux du sélectionneur. Surtout, il y avait Axel Witsel, convaincu par Domenico Tedesco de reprendre le chemin des Diables après une rupture délicate une bonne année auparavant. Si les blessures ont empêché les deux tauliers de la génération dorée de fouler les pelouses allemandes, leur absence conjointe n’a pas pour autant augmenté considérablement le temps de jeu de la nouvelle vague diabolique.
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En défense, Zeno Debast n’a dû l’essentiel de ses 103 minutes de temps de jeu qu’au forfait du vétéran Jan Vertonghen pour le duel contre la Slovaquie. Loïs Openda et Johan Bakayoko n’ont même pas eu droit à un match entier, alors que Charles De Ketelaere a dû se contenter de deux minutes sur le terrain. Pour Aster Vranckx, Arthur Vermeeren et Maxim De Cuyper (pourtant titulaire lors des matchs de préparation), c’était encore pire, avec un Euro complètement passé sur le banc. «Parfois, en tant que coach, tu as un mauvais feeling quand tu as l’impression de ne pas avoir utilisé le potentiel de certains joueurs comme tu aurais pu le faire», explique avec le recul Domenico Tedesco, pointant les exemples de Loïs Openda et Charles De Ketelaere.
Comme s’il s’en voulait d’avoir travesti ses idées lors de l’été allemand, le sélectionneur se retourne une nouvelle fois vers les jeunes à l’aube d’une campagne de Ligue des Nations qu’il semble aborder comme une série de super matchs amicaux. Orpheline de Vertonghen, la sélection de septembre se passe aussi des chevronnés Axel Witsel, Yannick Carrasco voire Leandro Trossard. Le cas de Romelu Lukaku, homme de confiance de Tedesco, est encore différent, puisque c’est le joueur qui a demandé à se concentrer sur son intégration au Napoli, son nouveau club. Des choix qui font passer le groupe d’une moyenne d’âge de 27 à 25,1 ans entre l’Euro et la Ligue des Nations. La métamorphose est spectaculaire dans le secteur défensif, avec un «recul» de 28,1 à 25 ans. Non-repris pour le grand rendez-vous de l’été, Koni De Winter fait ainsi son retour dans l’arrière-garde, avec deux années à l’horizon pour se mettre au niveau attendu (et visiblement pas encore atteint en mai dernier aux yeux de Tedesco).
«On a six mois avant de commencer les qualifications pour la Coupe du monde où on peut essayer quelque chose, amener de nouvelles têtes que l’on peut tester à un bon niveau», a expliqué le sélectionneur, qui a également ouvert les portes de la sélection à deux jeunes Belges de Bundesliga, le milieu de terrain Arne Engels (Augsbourg) et l’ailier supersonique Julien Duranville (Dortmund).
A son arrivée, la mission principale de Domenico Tedesco était de réussir un changement de génération que beaucoup ne voyaient pas Roberto Martinez capable d’assumer, l’Espagnol étant émotionnellement trop attaché aux cadres de sa «génération dorée». A l’heure des matchs qui comptent, ce sont pourtant essentiellement les hommes déjà titularisés ou lancés par Martinez qui ont eu voix au chapitre. L’heure semble désormais être au virage presque définitif, passage obligé pour redevenir compétitif et recréer l’enthousiasme lors du Mondial 2026. Est-ce vraiment l’heure du changement générationnel pour autant? Aux yeux de l’opinion publique, le lifting a en tout cas belle allure. Entre l’intégration de nouveaux visages, la promesse de temps de jeu pour les porte-drapeaux des Diablotins du troisième millénaire et le mea culpa sur les erreurs de l’été allemand, Domenico Tedesco semble avoir relancé son opération séduction.
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