Des statistiques meilleures que celles d’Nmecha et Zirkzee et un protégé de Romelu Lukaku: quel est le profil de Sebastiano Esposito, le nouvel attaquant d’Anderlecht ?
L’attaquant italien devrait s’engager avec Anderlecht. Formé à Brescia puis à l’Inter, le Campanien a ensuite été prêté à Spal et à Venezia en Serie B avant de réaliser une première belle saison avec le FC Bâle. Mais que vaut-il vraiment sur le plan statistique ?
Ce lundi, Anderlecht devrait annoncer officiellement la venue de son nouveau renfort offensif. Il s’agit de Sebastiano Esposito, un attaquant italien prometteur, qui va fêter ses 20 ans le 2 juillet prochain. Contrairement aux deux autres grands talents loués par le Sporting les dernières saisons, Lukas Nmecha et Joshua Zirkzee, la nouvelle recrue mauve pourrait être achetée au terme de la saison puisqu’une option a été incluse dans la transaction. Mais que faut-il savoir sur Sebastiano Esposito ?
Des records de précocité
Né à Castellammare di Stabia, une station balnéaire située non loin de Naples, cet attaquant a pourtant commencé sa formation dans le nord de la Botte italienne, en Lombardie. C’est en effet à Brescia, un club qui a notamment été celui d’Andrea Pirlo ou Roberto Baggio au début des années 2000, qu’Esposito est resté pendant trois ans, entre 2011 et 2014, avant de filer vers le centre de formation de l’Inter Milan.
Le 14 mars 2019, alors qu’il n’a que seize ans, il effectue ses débuts professionnels non pas dans un simple match de Coupe ou de championnat sans enjeu, mais lors d’un huitième de finale d’Europa League. Lors de la manche retour, il remplace Borja Valero à 17 minutes de la fin. Il devient ainsi le premier joueur né en 2002 à jouer la Ligue Europa et le plus jeune à porter les couleurs nerazzurri sur la scène continentale. Lors de cette campagne européenne, qui verra l’Inter atteindre la finale et s’incliner contre le FC Séville, le jeune homme va aussi jouer cinq minutes lors de la demi-finale remportée sur un score de forfait contre le Shakhtar Donetsk. Il monte au jeu à la place d’un certain Romelu Lukaku, un joueur qui le prendra rapidement sous son aile.
Sept mois après sa première en C2, il effectue ses premiers pas en Champions League en remplaçant à nouveau notre compatriote pour une demi-heure, lors d’une victoire contre le Borussia Dortmund. Il devient ainsi le plus jeune intériste de l’histoire à disputer un duel en Ligue des champions, à 17 ans et 113 jours. « Cela a été une émotion fantastique. Débuter à San Siro en Champions League, c’est le rêve de n’importe quel gamin qui joue au football, confiait-il à l’époque au micro d’Inter TV. « Je suis content pour mes débuts, mais surtout pour la victoire. Juste avant de rentrer en jeu, le coach m’a demandé de tout donner et de jouer avec la tête. » Et, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se mettre en évidence puisqu’il avait provoqué un penalty, que Lautaro Martínez convertira à la 82e minute de jeu.
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Deux mois après ses premiers pas dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, Lukaku va cette fois offrir à son cadet une possibilité de premier but chez les professionnels. Lors d’une victoire 4-0 en Serie A contre Genoa, les Nerazzurri héritent d’un pénalty en fin de rencontre. Big Rom’ décide d’en confier la conversion au jeune Esposito. Le Diable rouge lui chuchote quelques mots à l’oreille et le Campanien ne tremble pas au moment de s’exécuter. Sous les acclamations des 59.000 supporters présents au stade Guiseppe Meazza, le premier réflexe du jeune italien est d’aller remercier son grand frère diabolique pour ce « cadeau ». « Quand vous êtes un jeune joueur et que vous débarquez pour la première fois dans ce vestiaire rempli de stars, vous êtes évidemment nerveux. Romelu m’a directement mis à l’aise. C’est une personne unique. Je veux beaucoup apprendre de lui » expliquait Esposito au micro de La Gazzetta dello Sportquelques semaines après ce premier but en Serie A. Il se dit d’ailleurs que celui qui va réenfiler le tricot intériste la saison prochaine aurait conseillé Esposito de partir en prêt à Anderlecht, un club qu’il connaît forcément bien. Si les Bruxellois ont récemment perdu Vincent Kompany comme coach principal, ils peuvent toujours compter sur certains anciens pour faire la promotion de leur club formateur.
Le plus expérimenté des trois derniers numéros 9 d’Anderlecht
Si l’on ne tient pas compte de Christian Kouamé, qui avait déjà soufflé 23 bougies avant de rejoindre le Parc Astrid en prêt lors du dernier exercice, les trois derniers avants-centre alignés (ou bientôt) par le RSCA étaient respectivement âgés de 21 ans (Nmecha), 20 ans (Zirkzee) et bientôt 20 ans pour Esposito. On peut donc jeter un oeil sur leurs références avant d’enfiler la vareuse bruxelloise. Et sur ce point, l’Italien est celui qui présente les chiffres les plus intéressants.
Il a disputé autant de rencontres en championnat que l’attaquant allemand mais beaucoup plus en D1, que ce soit avec l’Inter et le FC Bâle. Il a aussi été beaucoup concret pour ses différentes formations (quatre au total) puisqu’il a marqué dix buts (soit six de mieux que Zirkzee et sept de mieux qu’Nmecha) et délivré sept passes décisives (soit six en plus que le Néerlandais et autant que l’Anglo-allemand).
Mais c’est surtout en Coupe d’Europe qu’il a accumulé plus de temps de jeu que ses prédécesseurs allemand et néerlandais. Le premier n’avait disputé que 114 minutes et le second 70 minutes. Le fait d’avoir eté prêté dans le championnat suisse a, il est vrai, facilité les apparitions de l’Italien sur la scène continentale, mais encore fallait-il recevoir sa chance de la part du coach en place. Esposito est le seul membre du trioà avoir débloqué son compteur, même si ce n’était que dans la dernière née des compétitions européennes, la Conference League. Il s’y est surtout illustré lors du double-duel le plus relevé, en huitème de finale, contre l’Olympique Marseille. Buteur à l’aller, dans le mythique Vélodrome, il a aussi délivré un assist au retour en Suisse. Lors des rencontres de barrage de cette Conférence League, il avait donné deux assists contre Ujpest et un contre Hammarby.
Comparatif des statistiques d’Esposito, Zirkzee et Nmecha avant leur arrivée au Parc Astrid
m. | b. | a. | Championnats | m. | b. | a. | Coupes nationales | m. | b. | a. | Coupes d’Europe | |
Sebastiano Esposito | 61 | 10 | 7 | 2914 minutes | 3 | 0 | 0 | 39 minutes | 15 | 1 | 4 | 537 minutes |
Joshua Zirkzee | 13 | 4 | 1 | 401 minutes | 3 | 0 | 0 | 21 minutes | 4 | 0 | 0 | 70 minutes |
Lukas Nmecha | 60 | 3 | 7 | 2927 minutes | 6 | 0 | 0 | 213 minutes | 5 | 0 | 0 | 114 minutes |
Mais si ces chiffres sont forcément pas impressionnants et ne semblent pas en faire un buteur né, il ne faut pas oublier le jeune âge des intéressés, qui ont ensuite vraiment connu des exercices aboutis à l’ombre du Lotto Park.
Lukas Nmecha a ainsi trouvé le chemin des filets à 21 reprises en 41 duels en mauve et a adressé trois assists tandis que Joshua Zirkzee a encore fait encore mieux en prenant part à 47 rencontres, en marquant 18 fois et en donnant 13 passes décisives. Les supporters du RSCA peuvent donc logiquement espérer que leur nouvelle recrue italienne puisse avoir encore un rendement supérieur vu les références qu’il présente déjà. Même si en football, cela ne veut pas toujours dire grand chose.
Le profil complet d’un attaquant moderne qui empilait les buts en sélections d’âge
Performant avec les jeunes de l’Inter, le natif de Castellammare di Stabia l’a aussi été avec l’équipe nationale italienne, car chez les U16, il a planté 8 roses en 12 rencontres et a poursuivi sur les mêmes bases chez les U17 en secouant les filets à 14 reprises en 20 apparitions.
Sebastiano Esposito présente plutôt un profil imposant (1m87). Il toise deux centimètres de plus qu’Nmecha, mais en rend six à Zirkzee. Son profil est certainement aussi complet que ses deux prédeccesseurs. Sa technique est plutôt soyeuse, il est capable d’armer des bonnes frappes puissantes et est plutôt habile de ses deux pieds. Le garçon prend aussi parfois en charge les phases arrêtées avec certain succès comme lors d’une demi-finale du dernier Euro U17 où il avait crucifié la France d’un superbe coup-franc. Il avait d’ailleurs fini parmi les meilleurs artificiers du tournoi avec quatre buts en six rencontres.
Avant sa première apparition chez les pros, Esposito était le fer de lance des U17 de l’Inter et avait aussi rendu de fiers services à la Primavera (l’équipe espoirs) puisqu’au sein des deux catégories d’âge, il avait fait trembler les filets adverses à 31 reprises en 37 rencontres. C’est en voyant cette efficacité qu’Antonio Conte, pas toujours le plus enclin à lancer des jeunes, a décidé d’exposer ses qualités aux yeux de l’Europe. « Je l’ai dit à plusieurs occasions, il n’a que 17 ans, mais j’ai toute confiance en lui. Si ça n’était pas le cas, je ne l’aurais pas fait jouer. Il doit maintenant garder les pieds sur terre, justifiait son coach après cette première sur la pelouse de Francfort.
Le technicien italien croit tellement au potentiel du jeune produit du cru de l’Inter qu’il le privera de Coupe du monde des moins de 17 ans. « Je suis désolé, mais on a perdu un joueur important avec Alexis Sanchez. J’ai besoin d’Esposito », justifiera celui qui entraîne actuellement Tottenham.
Fils et frères footballeurs et tatouages
Bon sang ne sait mentir, la destinée de Sebastiano Esposito s’inscrit surtout dans une histoire familiale profondément marquée par le football. Il y avait donc une certaine forme de logique pour le jeune Campanien de se tourner vers le ballon rond. Son grand-père, son oncle et enfin son père étaient, eux aussi, joueurs professionnels dans les différentes divisions de sa région natale. Ses deux frères ont aussi été piqués par le virus du ballon rond puisque Salvatore, de deux ans son aîné, défend les couleurs de Spal en Serie B (un club où est aussi passé Sebastiano) alors que Francesco Pio, le plus jeune de la fratrie (16 ans), évolue lui toujours dans les catégories jeunes de l’Inter. Les frangins partagent d’ailleurs un rêve commun comme l’a expliqué Salvatore Esposito à SérieBNews.com : « Seba doit continuer à travailler dur et garder les pieds sur terre. Ensemble en équipe nationale ? C’est clair, c’est le rêve de toute notre famille, le mien et celui de Sebastiano. Une étape à la fois, nous devons encore manger beaucoup de pâtes pour y arriver (rires). »
Sebastiano Esposito a déjà quelques tatouages sur son corps, même s’ils sont encore relativement discrets. Il a d’ailleurs gravé dans la chair de son avant-bras droit une phrase qui symbolise son rêve d’être footballeur. « Aime ton rêve même s’il te tourmente » (Ama il tuo sogno anche si te tormenta), un aphorisme sorti de la plume du poète Gabriele D’Annunzio, qui rêvait du retour de la « Grande Italie » sur la scène de l’histoire. Certains considèrent l’homme de lettres comme un précursseur du fascisme et il continue de diviser la Botte. Mais il ne faut sans doute pas voir de portée politique dans le tatouage d’un joueur qui ignore sans doute toute l’histoire autour du poète de la citation figurant sur son avant-bras. Il faut y voir une référence à toutes ces longues années loin de sa famille pendant l’adolescence. Il est d’ailleurs très reconnaissant des sacrifices consentis par ses parents pour lui permettre de réaliser son rêve. Les tatouages sur ses cuisses, « 21-12-19 » sur la droite qui fait référence à son premier but pro, et « Venezia » sur la gauche qui rappelle le deuxième club dans lequel il a fini en prêt ne risquent pas de susciter la polémique. Rajoutera-t-il aussi des dates liées à ses accomplissements sous le maillot mauve ? C’est sans doute ce que les fans bruxellois espèrent.
Des grands clubs européens s’étaient intéressés à lui et une valeur marchande en baisse
Anderlecht pourrait faire une belle affaire si l’Italien convainquait tout le monde en Belgique et levait l’option d’achat prévue dans sa location. L’attaquant était d’ailleurs suivi par quelques grandes équipes européennes. Lors de l’été 2020, L’Equipe expliquait qu’Esposito figurait dans les petits papiers de Manchester City mais aussi du PSG. Selon Ugo Armanetti, le bras droit de Roberto Clerici, fondateur de la Voluntas Brescia, un club composé d’équipes de jeunes, le club de la capitale française aurait appelé le père de Sebastiano Esposito, mais ce dernier préférait rester fidèle à l’Inter qui l’a prolongé d’abord jusqu’en 2022 puis jusqu’en 2025.
En décembre 2019, peu après son premier but en Serie A, la valeur marchande d’Esposito était estimée à 10 millions d’euros. Aujourd’hui, elle ne serait plus que de 5 millions d’euros. Une somme qui serait probablement déjà un peu plus dans les cordes des finances anderlechtoises, même si la presse transalpine évoquait plus dix millions pour cette fameuse option.
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