Des millions, des points de coefficient et une vitrine pour les jeunes : pourquoi Anderlecht et La Gantoise doivent passer l’hiver européen

Alors que le FC Bruges et l’Union Saint-Gilloise sont assurés de passer l’hiver dans les compétitions européennes les plus difficiles, Anderlecht et La Gantoise doivent absolument remporter leur dernier match de Conference League pour les imiter. Voici trois raisons pour lesquelles leurs victoires seraient importantes pour le football belge et les clubs concernés.

1. On ne dit jamais non à des millions supplémentaires


Plus que dans le championnat national, ce sont des millions qui sont en jeu sur la scène européenne. Le Club Brugeois le sait par exemple mieux que quiconque vu son parcours en Ligue des champions, souvent appelé le « ballon à un milliard de dollars ». Les Blauw en Zwart ont empoché près de 50 millions d’euros en passant la phase de groupe. Une somme considérable pour un club belge, quasiment équivalent à un gros budget.

La différence avec les autres compétitions européennes est énorme. L’Union, pourtant invaincue en Europa League, n’a récolté que 9,16 millions d’euros. Atteindre la phase de groupe de cette compétition a enrichi les caisses bruxelloises de 3,63 millions d’euros. Le 13 sur 15 a rapporté 2,73 millions d’euros et les victoires dans le groupe ont représenté un bonus de 1,1 million d’euros. Enfin, la qualification directe pour les huitièmes de finale a ajouté 1,2 million d’euros au compte en banque de l’Union Saint-Gilloise.

Si nous regardons ensuite les primes qu’offrent la Conference League, les avantages sont moins importants. Anderlecht a gagné 6,54 millions d’euros et La Gantoise seulement 5,44 millions d’euros. Mais pour un club comme Anderlecht, en (grosse) difficulté financière depuis quelques années, chaque million compte. Les Buffalos aussi peuvent utiliser chaque centime gagné. Une victoire ce jeudi soir contre Molde et le gain de la deuxième place du groupe ajouterait 630 000 euros supplémentaires au montant déjà amassé. Cela ne reste pas un petit détail pour des clubs n’ayant pas des sources de revenus extensibles.

2. Un coefficient UEFA à soigner

Avant le début de la saison, l’objectif des clubs belges en Coupe d’Europe était clair : il fallait terminer la saison parmi les dix premiers du classement UEFA par nation. Un résultat qui permettrait à la Belgique que son champion national soit à nouveau directement qualifié pour la phase de groupe de la Ligue des champions, à partir de la saison 2024-25 (Ce ne sera donc pas le cas pour la prochaine campagne). Le FC Bruges et l’Union Saint-Gilloise ont presque permis à eux seuls d’assurer notre position dans le top 10. Et ce, en s’illustrant dans les compétitions les plus huppées. Avec l’arrivée de la Conference League, nos représentants étaient censés y aller plus loin que dans les deux autres tournois, la Ligue des Champions et la Ligue Europa.

Anderlecht et La Gantoise n’y sont pourtant pas très bien lotis. Cette saison, les Buffalos ont récolté au total autant de points de coefficient que l’Antwerp, pourtant éliminé aux portes de la Conference League. Les Mauve et Blanc font à peine mieux en ayant contribué à 1 400 points des 9 200 obtenus jusqu’ici par l’ensemble de nos représentants.

La dixième place étant probablement déjà une certitude, c’est peut-être le bon moment pour engranger suffisamment de points pour la conserver dans les années à venir. Pour l’Union et le Club Brugeois, ce sera d’ailleurs une tâche difficile lors de la phase à élimination directe, mais pour Anderlecht et La Gantoise, il y a beaucoup plus de possibilités d’aller loin en Conference League.

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Il ne faut pas non plus oublier le coefficient du club. Ce classement détermine la place des équipes dans les différents pots lors des tours préliminaires et lors de la phase de poule des Coupes d’Europe. Par exemple, cette saison, parce qu’ils n’étaient pas têtes de série, Anderlecht et l’Antwerp ont été opposés à des adversaires plus difficiles lors du dernier tour préliminaire de la Ligue de Conférence. Si les Mauves devaient aussi être éliminés en phase de groupe, leur tâche deviendra encore plus ardue lors des prochaines campagnes. Sortir de ces tours qualificatifs deviendra alors un vrai parcours du combattant. La Gantoise pourrait perdre quelques places avec cette moins bonne campagne sur la scène continentale et pourrait ne pas figurer dans le pot 1 lors du prochain tirage au sort de la phase de groupe de la plus petite des Coupes d’Europe.

Les Buffalos sont actuellement la deuxième équipe belge la mieux classée avec une 55ème place. Le FC Bruges mène la danse en caracolant à la 30ème place, l’Antwerp occupe la 89ème position, Anderlecht ne pointe qu’en 146ème position, juste derrière l’Union, 138e, alors que cette dernière vient seulement de faire son retour sur la scène continentale après plus d’un demi-siècle d’absence. Le RSCA a déjà perdu 25 places cette saison. Autant dire qu’une qualification ce soir ne serait certainement pas un luxe. Surtout pour l’un des deux seuls clubs belges à avoir remporté une Coupe d’Europe dans son histoire. Le prestige reste important.

La Gantoise aurait intérêt à se qualifier en Conference League si elle ne veut pas perdre son statut de tête de série lors des prochains tirages au sort des années qui arriveront. (Photo by JAMES ARTHUR GEKIERE/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

3. L’Europe : la vitrine des clubs belges

Les clubs belges peuvent parfois gagner une fortune directement grâce à leurs résultats dans les différentes coupes européennes, mais ils bénéficient aussi indirectement de la situation, notamment au moment du mercato. Les joueurs importants du FC Bruges ont vu leur valeur marchande augmenter considérablement avec la qualification en 1/8e de finale de la C1. Même constat pour l’Union qui pourra encore exiger plus d’argent des candidats acquéreurs qui voudront s’attacher les services de l’une de leurs vedettes.

Dans un championnat moins médiatisé comme la Jupiler Pro League belge, ce n’est pas un détail anodin. Tous les clubs de D1A mettent du beurre dans leurs épinards grâce aux millions générés par les transferts sortants. Anderlecht a donné le ton dans ce domaine depuis des années car il possède une académie de jeunes très réputée. Elle lui a permis de vendre au prix fort des joueurs comme Jérémy Doku et Albert Sambi Lokonga, sans qu’ils n’aient eu besoin de briller sur la scène continentale. Mais le club le plus titré du Royaume ne pourra pas éternellement se reposer sur cette réputation. Si les résultats européens continuent à être décevants, cela risque de poser des questions sur le véritable niveau des jeunes pépites anderlechtoises. .

Le même constat s’applique certainement à La Gantoise, même si c’est pour d’autres raisons. Plus qu’Anderlecht, les Gantois acquièrent des talents d’autres pays pour les revendre avec un bénéfice. La réputation La Gantoise – une équipe qui lutte toujours pour les titres en Belgique et qui obtient de bons résultats en Europe – a joué un rôle important dans cette capacité à attirer et à bien revendre ses pépites dénichées hors du territoire national.

Enfin, le prestige des deux formations diminuerait sérieusement en cas d’élimination dans une compétition souvent surnommée la « Mickey Mouse League ». Cette image de marque est plus importante pour La Gantoise que pour Anderlecht. Les joueurs étrangers seront moins attirés par un déménagement en Flandre-Orientale si le club ne peut pas briller en coupe d’Europe. Cela diminuerait leurs chances de décrocher un beau transfert vers une formation (ou un championnat) plus huppée. C’est donc toute la politique de recrutement à long terme des derniers vainqueurs de la Coupe de Belgique qui pourrait subir les conséquences d’une fin de parcours anticipée sur la scène continentale.

Les deux formations concernées savent désormais ce qu’il leur reste à faire si elles ne veulent pas subir les conséquences négatives d’une sortie de route européenne.





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