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D’Amadou Onana à Stanis Idumbo: qui seront les héritiers de la génération la plus aboutie des Diables rouges ?

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Jusqu’à ce funeste Croatie-Belgique, la génération la plus aboutie de l’histoire du football belge a encore fait de l’ombre à ses successeurs. Désormais privée de désert, elle doit commencer à laisser place à la relève. Les enfants du troisième millénaire préparent pourtant minutieusement leur entrée en scène. Présentation de ceux qui seront amenés à reprendre le flambeau sous la liquette diabolique.

Si Yari Verschaeren a eu le privilège de la première fois, remplaçant Youri Tielemans à quatre minutes du terme pour un baptême grand public sur la pelouse écossaise d’Hampden Park, le véritable éclaireur s’appelle Jérémy Doku. En quarts de finale du dernier EURO, alors que la Belgique doit se passer de son capitaine et dribbleur en chef, Roberto Martínez confie le côté gauche de son attaque à un enfant. Né en 2002, même pas 75 apparitions chez les professionnels et à peine neuf sorties vêtu en Diable, le météore de Borgerhout représente la source d’inquiétude majeure pour la défense italienne, future championne d’Europe. Surtout, il est le coup d’envoi d’un virage générationnel, même si la Belgique semble aborder la courbe en appuyant aussi fort que possible sur les freins. Dans le sillage plus ou moins immédiat de Doku, la sélection verra encore débarquer les pieds adolescents de Charles De Ketelaere, Amadou Onana ou même Zeno Debast, né peu avant l’année 2004 où les Diables entamaient leur grande période de disette. Un passé que le pays espère révolu, après avoir soigneusement planifié l’avenir post-génération dorée.

Charles De Ketelaere. (Photo by Shaun Botterill – FIFA/FIFA via Getty Images) © belga

Dernière brique de cette Belgique du futur, l’installation des U23 des plus grands clubs au sein des divisions inférieures du football belge doit résoudre les problèmes de la post-formation, frein majeur à l’éclosion de plusieurs talents nés dans les nineties. Une manière, aussi, de permettre aux jeunes de faire leurs débuts professionnels plus tôt, éloignant les encombrantes sirènes de l’étranger pour conserver un œil attentif et un regard protecteur sur les plus grandes promesses du Royaume. Dans les centres de formation les mieux cotés du pays, chacun dégaine ainsi ses mauvais exemples pour éviter l’exode précoce: qu’ont réussi les Charly Musonda Junior, Thibaud Verlinden ou Tibo Persyn après leurs départs rapides d’Anderlecht, du Standard ou de Bruges? Où sont restés les brillants avenirs promis à Adrien Bongiovanni, Matthias Bossaerts ou Francesco Antonucci, pour ne citer que quelques exemples parmi les plus célèbres qu’aiment seriner les dirigeants des académies belges?

Amadou Onana. (Photo by Shaun Botterill – FIFA/FIFA via Getty Images)

Certains, pourtant, franchissent encore le pas. C’est le cas de Roméo Lavia, parti d’Anderlecht vers Manchester City, et très vite devenu l’une des révélations du début de saison sous le maillot de Southampton. Le milieu de terrain est aujourd’hui devenu le deuxième joueur de 18 ans le plus cher au monde, selon les évaluations du site Transfermarkt. Seul Gavi, le prodige du Barça déjà installé au sein de la sélection de Luis Enrique, fait – beaucoup – mieux que le diamant bruxellois.

Jérémy Doku. (Photo by Shaun Botterill – FIFA/FIFA via Getty Images) © belga

Lavia reste néanmoins une exception, surtout depuis que la Jupiler Pro League a pris conscience de la force de son tremplin, qui fait décoller les joueurs en même temps que leur valeur marchande. Aujourd’hui, si quatre des dix Belges de moins de 21 ans les plus chers ont fait leurs débuts professionnels au-delà de nos frontières (Onana, Lavia, Largie Ramazani et Eliot Matazo), la norme générale penche vers des débuts sur le sol national, facilités par cette ouverture toute récente aux équipes B. 37 Belges «U21» sont actuellement évalués à un minimum d’un million d’euros, allant jusqu’à trente millions pour Onana et De Ketelaere, et trente d’entre eux ont foulé leur première pelouse professionnelle dans le championnat de Belgique. Ils sont les figures de proue d’une délégation de plus en plus fournie: celle des Diablotins du troisième millénaire. Des noms déjà familiers grâce à leurs débuts précoces, avec des attentes toujours à pondérer, en n’oubliant pas une règle majeure du football: le dernier arrivé semble systématiquement meilleur que celui qui est là depuis (trop) longtemps. On appelle ça le goût du changement, et il faut reconnaître que les premières années du siècle semblent ne pas manquer de saveur.

Marco Kana. (Photo by LAURIE DIEFFEMBACQ/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

2001

Figures de proue d’une année plutôt généreuse en talents belges, Amadou Onana et Charles De Ketelaere ont tous deux bataillé avec les grands au pied des gradins de la Johan Cruijff Arena d’Amsterdam, lors du dernier rassemblement des Diables avant le Mondial. Renvoyé en U21 après des débuts internationaux précoces, Yari Verschaeren y a retrouvé certains des membres les plus en vue d’une génération intéressante.

Largie Ramazani n’est pas le plus connu d’entre eux, mais fait parler de lui depuis sa sortie remuante des starting-blocks en Liga. Promu avec Almería, cité à l’AS Monaco l’été dernier, le joueur offensif polyvalent s’est retrouvé en pointe du onze de Jacky Mathijssen pour faire trembler les filets contre les Bleuets lors de la récente trêve internationale. À ses côtés, les Diablotins ont également aligné l’énergique Matisse Samoise ou le jeune Louis Patris, titulaires incontestables au sein de la Pro League au même titre que Nicolas Raskin ou Michel-Ange Balikwisha, autres hommes forts de cette génération 2001.

Luca Oyen. (Photo by Christof Koepsel/Getty Images for DFB)

2002

Également bien présente en U21, emmenée par un Jérémy Doku qui devrait être du voyage pour le Qatar s’il laisse ses pépins physiques derrière lui, la génération 2002 est déjà bien installée sur les prés, qu’ils soient belges ou étrangers.

Sur le sol national, Maarten Vandevoordt est devenu incontournable entre les perches de Genk, qu’il quittera dans le futur pour un transfert déjà bouclé vers Leipzig. Ameen Al-Dakhil dans la défense de Saint-Trond, Marco Kana ou Anouar Ait El Hadj au cœur du jeu anderlechtois, voire Ken Nkuba sur les flancs carolos ont également un petit capital de matches professionnels dans le rétroviseur malgré leur jeune âge. Du côté de Louvain, le jeune Mandela Keita soigne une blessure au pied sans sortir de la ligne de mire de certains grands clubs européens, séduits par l’intensité et la qualité affichées dès ses débuts au plus haut niveau.

Zeno Debast. (Photo by Shaun Botterill – FIFA/FIFA via Getty Images) © belga

Certains ont déjà franchi la frontière, vers l’est pour Hugo Siquet et Ignace Van der Brempt, peu utilisés à Fribourg et Leipzig, mais pas dénués de promesses pour autant. Koni De Winter se fait les dents comme il le peut dans un Calcio toujours aussi fermé aux jeunes talents, surtout défensifs, alors que Milan a misé sur Aster Vranckx et Monaco sur Eliot Matazo pour préparer l’avenir autour du rond central.

Romeo Lavia. (Photo by James Gill – Danehouse/Getty Images) © belga

2003

Moins prolifique en promesses d’avenir, l’année 2003 a néanmoins connu son premier Diable cet automne grâce aux débuts internationaux de Zeno Debast, titulaire à Anderlecht depuis le début de la saison sur le côté droit de la défense à trois de Felice Mazzù. Le défenseur pourrait pourtant ne pas être l’homme à l’avenir le plus prometteur de sa levée, puisque la grave blessure qui l’éloigne des terrains ne doit pas faire oublier les échantillons dégoulinant de talent déjà offerts par Luca Oyen. Nouveau visage fort de la formation limbourgeoise, le milieu offensif de Genk semble en avance sur des profils comme Johan Bakayoko (de plus en plus en vue du côté du PSV) ou Cisse Sandra, utilisé avec parcimonie à Bruges. Plus au sud, la puissance affichée par Nathan Ngoy au sein de la défense du Standard attire également l’attention.

Mario Stroeykens. (Photo by JASPER JACOBS / BELGA / AFP) / Belgium OUT (Photo by JASPER JACOBS/BELGA/AFP via Getty Images) © belga

2004

Roméo Lavia suffira-t-il, presque à lui seul, de faire de son année de naissance un grand cru? Si Anderlecht couve patiemment l’éclosion de son dynamiteur offensif Mario Stroeykens, de plus en plus utilisé par Felice Mazzù au même titre que Noah Sadiki, lancé lors du dernier match de la saison dernière par Vincent Kompany et de plus en plus fréquemment sur le terrain depuis.

Hors de Neerpede, l’année draine encore quelques noms déjà familiers: Martin Wasinksi a déjà reçu sa chance dans le Pays Noir, mais semble stagner à l’heure de la saison de confirmation, au contraire d’un Mehdi Boukamir qui se rapproche du niveau attendu par les décideurs zébrés. Le colosse Sekou Diawara a déjà fait trembler les filets à quatre reprises en Challenger Pro League pour le compte de Genk, dans une division où Bruges laisse apercevoir les talents de Roméo Vermant ou Mathis Servais et le Standard celui de Léandre Kuavita.

À l’étranger, l’attaquant Norman Bassette gratte déjà quelques minutes du côté de Caen, dans l’antichambre de l’élite française, tandis que l’air du Portugal doit permettre au prometteur Pierre Dwomoh d’enfin mettre sa carrière à l’endroit, après un départ tumultueux de Genk et des débuts contrastés à l’Antwerp, avec l’étiquette de talent majeur de sa génération.

Cihan Canak. (Photo by JOHAN EYCKENS/BELGA MAG/AFP via Getty Images) © reuters

2005

C’est probablement l’année la plus prolifique en talents potentiels. Sans doute, aussi, parce que la plupart d’entre eux n’ont pas encore été confrontés sur la durée avec les exigences du monde professionnel, et restent des projets excitants plus que des joueurs concrets. Il n’empêche: 2005 est une levée attendue avec impatience par les décideurs du football belge, notamment grâce à la génération prometteuse couvée sur les hauteurs de Liège. Sur la pelouse de Sclessin, on a d’ailleurs déjà aperçu le défenseur Lucas Noubi, les centres millimétrés de Cihan Canak, les crochets ravageurs de Brahim Ghalidi, le potentiel majuscule de Noah Mawete ou les parades répétées de Mathieu Epolo.

Stanis Idumbo. (Photo by Mario Hommes/DeFodi Images via Getty Images)

En sélection, les talents du SL16 Football Campus croisent la route d’Enock Agyei, le milieu offensif gaucher qui fait chavirer Neerpede, mais aussi du prodige offensif genkois Mika Godts, de la jeune pépite brugeoise Noah Mbamba (déjà monté sur des pelouses de Ligue des Champions), du dynamiteur de Gand Malick Fofana ou du défenseur Kyriani Sabbe. Sans oublier ceux qui gravissent patiemment les échelons à l’étranger, comme le défenseur Ibrahim Digberekou à Gladbach, le milieu défensif Joseph Nonge Boende à la Juve où le créatif et spectaculaire Stanis Idumbo à l’Ajax. Pas étonnant, dès lors, qu’on parle de la génération 2005 comme la plus prometteuse depuis plus d’une décennie. Avec les réserves d’usage, parce que la dernière à avoir reçu autant de louanges, la génération 96, a surtout abouti sur une montagne de déceptions.

Julien Duranville. (Photo by VIRGINIE LEFOUR/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

2006

Ils ont tout juste seize ans, voire pas encore, mais font déjà beaucoup parler d’eux. Presque tous les suiveurs du football belge connaissent le nom de Rayane Bounida, considéré depuis plusieurs années comme la promesse majeure de Neerpede et aujourd’hui parti poursuivre sa formation à l’Ajax. Pendant ce temps, ses compères Ethan Butera et Julien Duranville se font un nom sur le sol belge. Le premier se fait les dents au cœur de la défense des promesses mauves en Challenger Pro League, alors que le second, surnommé «l’éclair» pour son coup de reins hors-normes, a déjà marqué son premier but chez les pros à l’occasion d’un duel contre OHL où Felice Mazzù l’avait lancé dans le grand bain de l’élite nationale. À cet âge-là, les autres noms restent encore confidentiels, même si celui de Rabby Mateta filtre souvent du bord des terrains où se produisent les jeunes Rouches.

Ethan Butera. (Photo by Christof Koepsel/Getty Images for DFB)

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