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Cristiano Ronaldo a-t-il encore l’étoffe des grands clubs ?

Cristiano Ronaldo quitte Manchester United par la petite porte. La conséquence d’une interview où le Portugais pointe l’immobilisme du club, oubliant que son retour grandiloquent en est sans doute l’un des symptômes.
Il n’aura fallu qu’une mi-temps, la première de sa deuxième vie à Old Trafford. Contre Newcastle, Cristiano Ronaldo ouvre le score. Il marque. Déjà. Encore. Avec 24 buts toutes compétitions confondues, l’homme aux cinq Ballons d’or semble enfiler le costume du sauveur d’un Manchester United qui finit la saison à une triste sixième place, bien loin de ce top 4 qui offre un billet pour la Ligue des Champions. Parce qu’il n’imagine pas « sa » compétition se dérouler sans lui, le Portugais envisage alors d’aller voir ailleurs. Son nom résonne dans les bureaux des plus grands clubs européens, les seuls qui paraissent en mesure d’accueillir ses états de service et ses émoluments XXL. Pourtant, aucune piste n’aboutit. Peut-être parce que là, les décideurs ont lu un autre récit de la défunte saison des Red Devils. Celui qui raconte que quelques mois avant le retour du numéro 7, les Mancuniens avaient bouclé la Premier League à la deuxième place avec la deuxième meilleure attaque du championnat. 73 buts marqués grâce à un jeu supersonique, seize de plus qu’avec Ronaldo (57).
L’histoire rappelle celle vécue à la Juventus. Quand il atterrit à Turin, Cristiano s’installe dans une équipe qui roule sur l’Italie depuis près d’une décennie et cherche à gravir la dernière marche de sa remontée vers les sommets européens, après deux finales de Ligue des Champions perdues en 2015 et 2017. Avec 101 buts en 134 apparitions, le Portugais est certes sous ses normes extraterrestres madrilènes, mais affiche des stats qui feraient rougir la plupart des buteurs de la planète. Là encore, la mission semble remplie dans les chiffres individuels, mais le bilan collectif laisse la Vieille Dame avec un premier Scudetto perdu depuis 2012 et des éliminations successives par l’Ajax, Lyon et Porto sur une scène européenne où la Juve ne dépasse jamais le stade des quarts de finale. Ronaldo continue à y marquer, augmentant le matelas d’avance de son record personnel, mais ne suffit plus à y faire gagner ses équipes. Est-ce déjà ce que le Real avait compris, au terme d’une campagne de Ligue des Champions 2017-2018 pourtant conclue avec un troisième sacre de rang et quinze nouveaux buts pour CR7 ? Trois ans après le départ de son buteur historique, la Maison Blanche a en tout cas retrouvé le chemin du dernier carré, puis le toit du continent douze mois plus tard.
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Encore plus que lors de son retour à Old Trafford, la question se pose : un Cristiano Ronaldo de bientôt 38 ans est-il encore compatible avec le niveau d’un prétendant à la Ligue des Champions ? Le temps a altéré sa supériorité athlétique, le rendant souverain uniquement dans la surface et obligeant donc son équipe à lui permettre de s’y installer sans trop s’inquiéter de son absence d’implication défensive à l’ère du pressing tout-terrain. L’heure est aux projets collectifs dominants, surtout dans cette Premier League dont les stars sont les coaches et dont les joueurs-phares doivent se contenter des places d’honneur au scrutin du Ballon d’or. En déclarant sur le plateau de la BBC qu’il a « besoin d’attaquants qui courent », Vincent Kompany résume bien l’état d’esprit qui doit régner sur les bancs plus prestigieux que le sien à l’idée d’accueillir le CV gigantesque d’un CR7 qui semblait devenu encombrant à Manchester United.
« Manchester est un club marketing », a déclaré Cristiano Ronaldo lors de son interview polémique accordée à Piers Morgan, dernier clou planté dans le cercueil de sa deuxième aventure rouge. Négligeant peut-être qu’avec le recul, son retour au bercail avait bien plus de valeur publicitaire que sportive pour le club de ses premiers exploits.
Time for Phase 2. pic.twitter.com/DhjHMF9wPR
— Piers Morgan (@piersmorgan) November 22, 2022
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