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Ces cinq polonais ont marqué l’histoire du championnat de Belgique

Ce soir, la Belgique affronte la Pologne en Ligue des Nations. Un pays dont sont issus quelques joueurs passés par notre compétition. Mais quels sont ceux qui ont le plus marqué les esprits ? Petit passage en revue.

1. Wlodzimierz Lubanski (Lokeren de 1975 à 1982 et RC Malines en 1985)

Certainement le plus prestigieux de tous. Jusqu’en 2017, il était le meilleur buteur de l’histoire de sa sélection avant d’être détrôné par l’inévitable Robert Lewandowski. Entre 1963 et 1980, Lubanski a porté à 75 reprises les couleurs de son pays pour 48 réalisations. Son ratio de 0,64 but par duel reste cependant supérieur à celui du roi Robert qui n’affiche qu’un « petit » 0,58 (soit 75 goals en 129 sélections).

Né à Gliwice le 28 février 1947, Lubanski va effectuer ses débuts professionnels au Gornik Zabrze après avoir été formé dans sa ville natale. Avec les Zabolami (les grenouilles), il va remporter sept titres de champion de Pologne, dont cinq consécutifs. Il va aussi disputer une finale européenne, la Coupe des vainqueurs de Coupe, la seule de l’histoire pour un club polonais, que le Gornik Zabrze perdra contre Manchester City. Il sera le meilleur artificier de cette campagne européenne, comme il le sera aussi à quatre reprises dans son championnat national où il marquera 228 fois lors de ses 315 apparitions sous le maillot Trójkolorowi.

Wlodzimierz Lubanski est aussi devenu international à seulement seize ans et demi et reste le plus jeune de son pays à ce jour. C’est sous ses couleurs nationales que sa carrière aurait pu s’achever prématurément en 1973 après une grave blessure subie après un duel avec l’Anglais Alan Ball , lors d’un match qualificatif comptant pour la Coupe du monde en Allemagne de l’ouest. Il reviendra dans le parcours et signera en 1975 à Lokeren.

Au Daknam, il vit sans doute ses meilleures années et s’amuse sur la scène européenne. En sept ans, il décrochera un titre de vice-champion, fera trembler les filets adverses à 82 reprises en 196 matches et sera même rejoint par une autre star de son pays, Grzegorz Lato, en 1980.

En 1982, Lubanski rejoint la France et Valenciennes. Il est sur le déclin, même s’il terminera meilleur buteur en 1983. Le VA évolue alors en Division 2 à l’époque. Il terminera sa carrière avec deux passages anonyme au Stade Quimpérois et au RC Malines, en 1985, où il range définitivement les crampons.

Avec sa sélection, il a écrit quelques pages glorieuses, avec comme point d’orgue, la médaille d’or décrochée aux Jeux olympiques de 1972 à Munich. Il contribuera aussi à la participation de son pays à la Coupe du monde 1978. Lors du premier tour, les Polonais terminent en tête de leur groupe devant le tenant du titre allemand. Au second tour, ils ne seront que troisièmes, devancés par le Brésil et l’Argentine, future vainqueur du tournoi face aux Pays-Bas d’une autre star de notre compétition belge, Robbie Rensenbrink.

2. Marcin Wasilewski (Anderlecht de 2007 à 2013)

Peut-être que sans Axel Witsel, l’histoire d’amour entre Marcin Wasilewski et Anderlecht aurait été toute autre. Quelques jours avant ce triste Clasico où le tibia du rugueux défenseur polonais a cédé sous la semelle du jeune international diabolique, Wasyl, comme c’était écrit à l’arrière de son maillot floqué du numéro 27, ne jouissait pas des faveurs du public qui ne le trouvait pas vraiment taillé pour l’élégant moule des joueurs anderlechtois.

Marcin Wasilewski, son physique d’ours, sa tête de repris de justice et ses tatouages, apparaît comme trop limité pour aider le Sporting à briller sur la scène européenne. Lors du match de barrage de la Ligue des Champions contre Lyon, il coule comme l’ensemble de l’équipe et ses lacunes semblent plutôt l’amener vers un départ, malgré quelques buts de la tête qui avaient rendu de fiers services aux Mauves.

Formé au Hutnik Cracovie, club de la ville où il a vu le jour en 1980, Wasilewski effectue ses débuts au Slask Wroclaw avant de porter les couleurs d’autres modestes formations polonaises comme le Wisla Plock et l’Amica Wronki, avant de rejoindre le Lech Poznan en 2006-2007. Cette demi-saison où ses qualités sur les phases offensives s’expriment au mieux avec 5 buts en 17 rencontres convainquent Herman Van Holsbeeck de mettre un demi-million pour le faire venir à Bruxelles en janvier 2007. L’ours de Poznan fait d’ailleurs honneur à sa réputation en marquant de la tête pour sa première sur la pelouse du Germinal Beerschot.

Entre coups de casque salvateurs, comme lors d’un match à Tubize où Anderlecht sera contraint aux tests-matches contre le rival du Standard, et coups de coude contre les joueurs du club mosan lors de ces fameux duels pour le titre de champion, Wasyl va se tailler une réputation sulfureuse qui lui vaut d’être détesté par une grande partie des kop du Royaume.

Sa double fracture ouverte de 8 cm du tibia et du péroné va cependant permettre de révéler une autre facette du natif de Cracovie. Celle d’un guerrier que l’on disait perdu pour le football et qui va réussir à retrouver les terrains à force de tenacité. C’est à partir de ce moment-là que sa popularité croît auprès des supporters bruxellois: les maillots floqués à son nom se vendent comme des petits pains et une chanson à sa gloire est entonnée à la 27e minute de chaque match durant sa revalidation.

Marcin Wasilewski, véritable chouchou du public mauve, au moment de son départ en 2013.
Marcin Wasilewski, véritable chouchou du public mauve, au moment de son départ en 2013.© iStock

Le 8 mai 2010, alors qu’Anderlecht est déjà sacré champion, le défenseur effectue son retour sur le pré contre Saint-Trond. Il est cependant ré-opéré pendant l’été et ne revient à la compétition que le 27 novembre 2010. L’homme n’a pas changé. Il n’est pas toujours très fin techniquement, décisif sur les phases arrêtées et encore (trop) souvent agressif dans les duels comme lors de la réception de Saint-Trond, où il envoie à l’hôpital un joueur qui reste inconscient pendant plusieurs heures. Il écopera finalement de 4 matchs de suspension.

Avec l’arrivée de John van den Brom, il perd sa place de titulaire et ne se met pas en évidence lorsqu’il est aligné en ratant des pénalties (une saison d’ailleurs maudite pour les Bruxellois aux onze mètres). C’est la fin de la belle aventure mauve pour Wasyl, prié de se trouver un autre employeur à la fin de l’année. Il aura disputé 194 matches pour le compte d’Anderlecht avec 22 goals à la clé. Il a aussi remporté quatre titres de champions (2007, 20010, 2012 et 2013), trois Supercoupes (2007, 2010, 2012) et même une Coupe de Belgique en 2008. Il ne tiendra pas rigueur aux mauve et blanc de cette sortie en mode mineur puisqu’il se fera tatouer le blason du RSCA sur l’arrière de son mollet droit en signe de reconnaissance.

Après Bruxelles, cap sur l’Angleterre et Leicester où il connaîtra les joies d’un titre en Championship mais surtout le Graal, avec la Premier League de 2016. Il termine ensuite sa carrière dans son pays natal, au Wisla Cracovie (60 matches et deux buts entre 2017 et 2020) , avant d’envisager pendant un temps une reconversion, que certains qualifieront de naturelle, en MMA.

Sélectionné pour la première fois avec la Pologne en 2002 (contre le Danemark), il attendra quatre ans et un duel amical contre les Emirats arabes unis pour ouvrir son compteur but. Repris pour l’Euro à domicile de 2008 et celui de 2012, Wasyl aura représenté son pays à soixante reprises pour deux réalisations.

3. Grzegorz Lato (Lokeren de 1980 à 1982)

C’est au Stal Mielec que Lato passe l’essentiel de sa carrière entre 1962 et 1980. L’attaquant marque 117 fois en 295 rencontres pour ce club et décroche deux titres de champion de Pologne en 1973 et 1976. Il sera aussi deux fois meilleur réalisateur de sa compétition et joueur polonais de l’année en 1977.

Comme Lubanski, il est médaillé d’or avec la sélection polonaise lors des JO de 1972. Appelé pour la première fois avec l’équipe première de Pologne en 1971, il fait partie du groupe qui décroche la médaille de bronze lors de la Coupe du monde en Allemagne de l’ouest en 1974. Il termine meilleur buteur du tournoi mondial devant Johan Neeskens et marque le but victorieux de la petite finale contre le Brésil. Deux ans plus tard, il fait aussi partie de la sélection qui se pare d’argent à l’olympiade de Montréal.

Grzegorz Lato (à gauche) en 1982 contre l'Union Soviétique.
Grzegorz Lato (à gauche) en 1982 contre l’Union Soviétique.© iStock

Lors de l’été 1980, il rejoint Lubanski à Lokeren et aide le club waeslandien à s’offrir un titre de vice-champion de Belgique à la fin de la saison. Lato sera aussi élu joueur de l’année dans son pays cette même année 1981.

Après sa deuxième saison au Daknam (il aura planté 12 roses en 64 rencontres), Lato traverse l’Atlantique pour une expérience mexicaine à l’Atlante CF. Il y remportera la Ligue des Champions de la CONCACAF et mettra un terme à sa carrière la saison suivante.

En sélection, il aura fait trembler les filets à 42 reprises (six de moins que Lubanski) en 95 rencontres et écrit quelques belles pages de l’histoire de son pays dans les compétitions internationales.

4. Michal et Marcin Zewlakow (Beveren de 1998 à 99, Mouscron de 1999 à 2002) + (Anderlecht de 2002 à 2006 pour Michal et Mouscron de 2002 à 2005 et 2006, La Gantoise de 2006 à 2008 et Dender en 2008 pour Marcin)

Les frères jumeaux polonais ont débarqué dans le pays de Waes en 1998 en provenance du Polonia Varsovie. Indissociables, ils avaient été tous les deux prêtés au Hutnik Varsovie lors de la saison 1995-96. Michal est un latéral, gauche ou droit, alors que Marcin est l’attaquant et le buteur.

Au Freethiel, ce dernier attire l’attention des observateurs en marquant à 8 reprises en 23 matches, alors que son frère dispute 24 matches. Cela convainc Mouscron de faire venir le duo au Canonnier la saison suivante. Ils y resteront trois saisons ensemble et pendant que Michal s’affirme comme l’un des meilleurs backs de la compétition belge (94 matches, 1 but), Marcin aiguise son sens du but puisqu’il marquera à 87 reprises en 197 apparitions sous le maillot hurlu.

Ce dernier est cependant resté plus longtemps dans l’ouest du Hainaut, puisque lors de l’été 2002, Anderlecht décide de séparer les jumeaux pour attirer Michal à Saint-Guidon. Un bon coup pense-t-on à l’époque, mais au final, le latéral peinera à devenir indiscutable, sera trimbalé de gauche à droite et de droite à gauche avant de mettre le cap sur l’Olympiacos en 2010, avec deux titres de champion de Belgique dans sa besace.

En Grèce, il s’offre trois fois les lauriers nationaux et une fois la Coupe. Apprécié par les bouillants supporters du Pirée, il disputera une centaine de rencontres avant de traverser la mer Egée pour rejoindre Ankaragücü.

Michal Zewlakow (à gauche) en duel avec Damian Duff de Chelsea lors d'un match de Ligue des Champions sous les couleurs d'Anderlecht.
Michal Zewlakow (à gauche) en duel avec Damian Duff de Chelsea lors d’un match de Ligue des Champions sous les couleurs d’Anderlecht. © iStock

Dans la capitale turque, il n’est plus payé depuis trois mois et résilie son contrat moins d’un an après son arrivée. Il décide de conclure sa carrière dans sa ville natale, au Legia Varsovie, où il s’offre deux fois la Coupe nationale et une fois le championnat.

Son frère, Marcin, sera resté plus longtemps dans notre pays. Après Mouscron, il part en France du côté de Metz, mais ne marque pas lors de ses six premiers mois. Les Lorrains le louent alors aux Hurlus où il ne marque quatre pions en seize duels.

Il est alors transféré à La Gantoise où il retrouve un certain Georges Leekens ; qu’il a connu au Canonnier. Mais l’efficacité de l’attaquant polonais n’est plus aussi bonne qu’à l’époque. Il ne secoue les filets que cinq fois en deux saisons et file en prêt à Dender, récemment promu lors de l’été 2008. C’est un nouvel échec avec seulement deux roses plantées en 13 matches.

Marcin Zewlakow s’envole alors pour Chypre à l’APOEL Nicosie (58 matches, 10 buts) avant de conclure lui aussi sa carrière au pays avec des passages au GKS Belchatow et au Korona Kielce.

Les carrières internationales des jumeaux connaîtront des trajectoires bien différentes. L’attaquant, souvent jugé plus brillant au début de sa carrière, ne fera pas l’unanimité sous les couleurs nationales. Il marquera cependant cinq fois lors de ses 25 sélections avant de céder sa place à une génération plus prometteuse emmenée par Lewandowski.

Michal dépassera entrera dans le club des centenaires en sélection (102) et marquera par trois fois. Il fera partie des 23 Polonais qui défendront les couleurs du pays sur leurs terres lors de l’Euro 2008. Il sera même promu capitaine après la retraite internationale de Jacek Bak.

Le 29 mars 2011, il dispute son dernier duel pour la Pologne contre la Grèce. Coïncidence, c’est sur la pelouse du Pirée, où il avait connu quelques bons souvenirs, qu’il salue une dernière fois les supporters de son équipe nationale.

5. Lukasz Teordorczyk (Anderlecht de 2016 à 2018 et Charleroi de 2020 à 2021)

Le natif de Zuromin a effectué ses débuts pros au Polonia Varsovie, club qui a vu grandir les jumeaux Zewlakow. En février 2013, il rejoint le Lech Poznan après que le club ait accéléré sa venue, alors qu’il devait seulement rejoindre l’équipe en juillet. Il explose totalement et est appelé pour la première fois en sélection quelques mois plus tard. Le Dynamo Kiev, séduit par son profil le transfère, mais le joueur ne parvient pas à y faire son trou et se fracture le peroné.

Il est donc prêté à Anderlecht lors de l’été 2016, avec une option d’achat de cinq millions d’euros. Sous la direction de René Weiler, le grand attaquant polonais enfile les perles les unes après les autres jusqu’à l’hiver (15 buts en 19 duels). Buteur six fois lors de ses six premières apparitions, il bat le record de Ruud Geels qui avait marqué cinq fois pour ses cinq premiers matches en Belgique.

La complicité de l’attaquant né à Zuromin avec Sofiane Hanni est évidente, mais alors que les Mauves se disent que ce serait sans doute une belle affaire de lever l’option pour un joueur aussi efficace, la machine à marquer commence à s’enrayer. Il s’engage cependant jusqu’en 2020 avec les Bruxellois et marque un doublé lors du duel pour titre sur la pelouse de Charleroi. Sa première saison sous le maillot bruxellois se termine avec un bilan de 22 goals en 38 rencontres et de cinq en onze duels d’Europa League.

Lukasz Teodorczyk, de la gloire mauve en 2017 à l'anonymat aujourd'hui.
Lukasz Teodorczyk, de la gloire mauve en 2017 à l’anonymat aujourd’hui.© iStock

La saison suivante marque le divorce entre la maison mauve et Weiler. Teodorczyk peine à retrouver l’efficacité de ses premières heures à Saint-Guidon. L’arrivée d’Hein Van Haezebrouck ne relancera pas l’attaquant qui marque cependant quand même 15 fois en 33 apparitions, mais déçoit en Ligue des Champions où il ne trouve pas la faille.

Plus trop convaincus par un joueur qui pèse sur les finances avec son gros salaire, les dirigeants anderlechtois demande à Mogi Bayat de lui trouver un nouveau point de chute et Teo s’offre un transfert à Udinese.

En Italie, il retrouvera son ancien partenaire Sven Kums pendant un moment, mais pas le chemin du but (1 seul pendant tout son passage dans le Frioul).

Lors de la saison 2020-21, il est prêté à Charleroi où il espère retrouver ses meilleures sensations dans la compétition qui l’a révélée. Mais il déchante puisque les Carolos vivent un exercice bien décevant symbolisé par la faillite de leur buteur polonais, auteur d’un seul petit but en dix-sept apparitions.

Lors du dernier mercato, il a été cédé à Vincenza, lanterne rouge de la Serie B où son bilan d’une seule rose plantée et de trois passes décisives en font toujours que l’ombre du joueur qui fut meilleur artificier de notre Pro League sous le maillot d’Anderlecht.

En sélection, il a forcément dû composer avec la terrible concurrence des Lewandowski et autre Arkadiusz Milik. Il compte cependant 18 sélections et deux goals à son compteur pour les Bia?o-Czerwoni.

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