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Borkelmans : « L’éternel problème, c’est que les gens disent n’importe quoi »

L’ancien T2 des Diables revient sur l’EURO et évoque son rôle auprès de Marc Wilmots.

Le syndrome des Diables Rouges est-il définitivement derrière vous ?

Oui. Je me sens très bien et j’attends une proposition. En attendant, je profite de ma famille et des bois de Lembeke. J’aimerais recommencer à travailler rapidement et de préférence avec MarcWilmots car nous avons fait du bon boulot ensemble ces dernières années.

Les critiques vous concernant au moment de votre mise à l’écart vous ont-elle affecté ?

Je ne serai jamais amer. Lorsque le sélectionneur a été écarté, je me suis dit que j’avais 90 % de chances de l’être aussi. Tous ses proches devaient partir. C’était logique, c’est la vie d’entraîneur. On peut me critiquer, à condition de rester courtois et de ne pas dire n’importe quoi. Ce qui m’a dégoûté, c’est de voir des gens qui ne supportaient pas la critique lorsqu’ils jouaient – ni celle de la presse, ni celle de leurs partenaires – démolir mon coach sur les plateaux de télévision après le match face au Pays de Galles. Ils auraient dû comprendre mais ils se disent sans doute qu’ils sont payés pour casser d’anciens collègues.

Les critiques, elles émanaient aussi du groupe des joueurs. Après les matches contre l’Italie et le Pays de Galles, Thibaut Courtois a même déclaré devant les caméras que les joueurs ne savaient pas ce qu’ils devaient faire. Vous ne vous sentez pas concerné ?

J’ai ma vision des choses et je la donne au coach mais c’est lui le boss et je ne suis pas un adjoint qui ne pense qu’à lui. J’aide le coach et je le soutiens en mon âme et conscience. Tout ce que je peux vous dire c’est que, contre le Pays de Galles, c’est la seule fois en 49 matches que nous avons encaissé un but sur phase arrêtée. Tout était stipulé, il y avait eu des analyses vidéo et je peux vous montrer tous les plans d’entraînement tactiques ainsi que les séances consacrées aux automatismes : construction du jeu par les flancs et dans l’axe, occupation des zones devant le but, etc. L’éternel problème, c’est que les gens disent n’importe quoi, surtout après un match. Les faits sont là : il y a quatre ans, lorsque nous avons repris l’équipe, elle était 58e au classement mondial. Nous nous sommes qualifiés pour la première fois depuis bien longtemps pour une Coupe du monde et un Euro et nous avons à chaque fois atteint les quarts de finale. Tout le monde commet des erreurs, les joueurs comme les entraîneurs. Nous devons en tirer les leçons. Et puis, on gagne et on perd ensemble. Je pense d’ailleurs que, malgré les coups portés par certains journalistes, en quatre ans, ce groupe ne nous a pas beaucoup critiqués. Bien entendu, ceux qui ne jouaient pas n’étaient pas contents. Croyez-vous que RadjaNainggolan soit heureux actuellement ?

Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?

Ce match contre le Pays de Galles m’a appris qu’un coach et un joueur ne pouvaient pas toujours avoir le contrôle sur tout ni sur tout le monde. Nous avions bien entamé la partie, nous menions 1-0, nous avions eu l’occasion de faire 2-0 puis soudain, quelque chose a crispé l’équipe et nous n’avons plus rien fait de bon. Nous avions beau donner des consignes, le subconscient prenait le dessus. Nous avons effectué des remplacements, cela a été mieux, Romelu Lukaku a placé une tête un rien à côté et, sur la contre-attaque, un Gallois a réussi le geste parfait. Nous avions compris que ce n’était pas notre jour. Ce n’était ni la faute des joueurs, ni celle du coach. Est-ce la faute de Guardiola si, contre Southampton, il aligne De Bruyne en pointe et que c’est un fiasco parce que l’équipe ne tourne pas ? Non, bien entendu. Ce qui me dérange, c’est l’opinion des gens qui ont joué au football et qui, aujourd’hui, ont oublié d’où ils viennent.

Quand vous regardez les Diables aujourd’hui, dans quelle mesure espérez-vous qu’ils perdent pour avoir raison ?

Je ne pense absolument pas à cela ! Ce sont des gars avec qui j’ai passé quatre belles années, avec qui j’ai encore des contacts et dont je ne veux que le bonheur. Les grands tests doivent encore venir mais je ne pense pas que la Belgique doive avoir peur de qui que ce soit. Et si, dans deux ans, elle fait mieux qu’avec nous, je serai le premier à faire la fête et à les féliciter. Car je suis un vrai Belge.

Par Christian Vandenabeele

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