Bilan du mercato d’hiver: les clubs belges ont plus rempli leurs caisses que les dernières années
Au cours de ce mois de janvier, les 18 clubs du Royaume ont dans leur grande majorité plus pensé à faire rentrer de l’argent dans les caisses avant d’investir. Même si certaines opérations ratées pour diverses raisons peuvent avoir tronqué certaines choses. Evaluation chiffrée du mercato de la Jupiler Pro League.
Alors que la Premier League a dépensé sans compter et possède de loin la balance la plus négative en ce premier jour de février, le marché belge est pour sa part resté plutôt calme. Le nombre d’opérations réalisées a été moins important que d’habitude, même si comme à chaque fois divers deals n’ont pas pu se conclure pour de bonnes ou de mauvaises raisons.
La Jupiler Pro League est ainsi la 6e ligue européenne à avoir fait rentrer le plus d’argent dans ses caisses. Sur la plus haute marche du podium, l’on retrouve le championnat portugais bien aidé par Chelsea avec le recrutement pour 121 millions d’euros d’Enzo Fernandez. Cette transaction à elle seule explique en grande partie le bénéfice de 140 millions réalisé par la Liga Portugal Bwin. Si le FC Porto qui n’a pas dépensé un euro et n’en a pas reçu non plus et le Sporting avec une balance négative de 3,5 millions sont restés plutôt calmes en ce premier mois de l’année, Benfica a largement compensé grâce à Fernandez les 16 millions investis sur la paire de jeunes scandinaves Andreas Schielderup et Casper Tengstedt. Le départ de l’Argentin permet ainsi à la balance des Diabos vermelhos d’afficher un bilan positif de 111,80 millions.
La Premier League (et surtout Chelsea) a dopé le marché
Chelsea a clairement dopé les finances de pas mal de clubs du Vieux Continent et par conséquent celles de leurs championnats. C’est en effet la seule transaction de Mykhaylo Mudryk, dans une Ukraine où le ballon rond ne tourne pas à son rythme habituel en raison du conflit avec la Russie, qui explique en très grande partie le résultat financier positif de la Premier Liga locale avec 97 millions d’euros de rentrées. L’ailier de Chelsea a ainsi rapporté à lui seul 70 millions, sans compter divers bonus qui pourraient encore s’ajouter, au Shakhtar Donetsk.
La Eredivisie complète le podium avec 74 millions d’euros de balance positive pour les 18 clubs locaux. Aux Pays-Bas, c’est le PSV Eindhoven qui gonfle à lui seul ce bilan avec 81 millions reçus pour ses transferts sortants. Noni Madueke, pour lequel les insatiables Blues ont dépensé 35 millions, et Cody Gakpo, qui a rapporté 42 millions pour son départ à Liverpool, expliquent en grande partie ce chiffre.
Après ce trio, l’on retrouve la Ligue 1 (balance positive de 71 millions d’euros), l’Eliteserien de Norvège (38 millions) puis le championnat belge, qui avec 36 millions de revenus engrangés, devance de peu la Serie A (35 millions) et la Superligaen danoise (34 millions). On est bien loin de la balance largement négative de la compétition anglaise (-729,5 millions). D’autres championnats comme la Bundesliga, la Fortuna Liga tchèque, la Super Lig turque ou la Super League 1 grecque sont aussi en perte. Mais on ne parle que d’une balance négative comprise entre 100.000 et 2,5 millions d’euros. Clairement, c’est de l’autre côté de la Manche qu’est désormais donné le ton des mercatos. Une véritable Super League avant l’heure.
Seulement six clubs avec une balance des transferts dans le rouge en Belgique
Dans notre pays, seuls six clubs sur les 18 présentent un bilan négatif à la fin de ce mois de janvier. Mais celui-ci n’excède pas le million, la palme revenant à OHL qui a investi cette somme pour attirer Emmanuel Toku). Le podium est complété par Charleroi (-750 000 euros), l’Antwerp et Eupen (- 600.000 euros).
Les clubs qui ont le plus reverdi leurs finances sont Westerlo (+12,2 millions, grâce surtout à la vente de Lyle Foster à Burnley), Anderlecht (+8,3 millions) et Genk (+5,25 millions). Ces deux derniers se sont montrés les plus actifs dans le recrutement entrant puisque les Mauves sont les deuxièmes plus dépensiers du Royaume avec les 4,2 millions investis dans le seul Anders Dreyer, alors que les Limbourgeois ont engagé un trio (Yira Sora, Tolu Arokodare et Anouar Aït El Hadj) pour 13,5 millions d’euros. Le départ de Paul Onuachu pour Southampton en échange de 18 millions d’euros a largement compensé ces arrivées, même si dans le cas de la seconde citée, l’opération ne se serait pas réalisée si le colosse nigérian n’avait pas cédé aux avances de la Premier League.
Deux mercatos à la balance positive
La moitié des équipes de Pro League n’a pas investi un euro au cours des 31 derniers jours, se contentant de joueurs en fin de contrat ou de prêts. Et parmi celles-ci, l’on retrouve pourtant le FC Bruges, l’Union Saint-Gilloise, des équipes visant plutôt le haut de tableau, ainsi que le Standard. Le ton est bien différent de celui de l’été où les formations du Royaume avaient le chéquier qui brûlait plus dans les mains, sans doute en raison des températures plus chaudes des mois de juillet et d’août. A l’exception de Saint-Trond, d’Ostende et de Seraing, tous les cercles de l’élite avaient effectué quelques dépenses. Même si tous n’avaient pas été jusqu’à investir 48 millions comme le FC Bruges, 22 millions comme l’Antwerp ou 12 comme le Racing Genk.
Les meilleures balances positives de l’été étaient à mettre au crédit de ces derniers avec 29 millions en retour dans les caisses, d’Anderlecht (+14,6 millions) et… d’Ostende (+9,85 millions favorisés par le levée de l’option d’achat par Bologne sur Arthur Theate (6,75 millions)). Au total, 11 clubs de l’élite se trouvaient dans le vert et un en équilibre, même si pour certains comme le Standard ou Zulte Waregem, le bénéficie n’était que de quelques dizaines de milliers d’euros. Le bilan de la Pro League à l’échelle européenne était là aussi excellent avec une cinquième place et 58,34 millions reçus de balance positive. Le classement était une fois de plus dominé par le Portugal avec 235 millions supplémentaires dans les caisses que d’investis en recutement.
Avec 59,8 millions de revenus de transferts sortants, l’on a tout simplement connu le mercato d’hiver le plus rentable de l’histoire du championnat de Belgique. Lors de la saison 2019-20, l’on avait connu le précédent record avec 55 millions de revenus. L’an dernier, seulement 35,6 millions étaient rentrés dans les caisses des cercles du Royaume. Et forcément, la balance est aussi la meilleure avec 36 millions en plus sur l’ensemble de Pro League pour 33,8 millions il y a trois saisons.
Moins de transactions, mais pas moins de dépenses
Y-a-t-il au moins de transactions effectuées lors de ce mois de janvier qu’au cours des années précédentes ? Avec seulement 52 recrues entrantes enregistrées, jamais on n’avait eu aussi peu de nouveaux arrivants lors du mercato d’hiver depuis 20 ans et l’hiver 2003. On est loin des 81 de la saison 2015-16 ou des 71 de l’année dernière. Lors de la saison 2013-14, on avait aussi accueilli peu de nouveaux joueurs en janvier, avec seulement 56. En moyenne, sur les dix dernières années, la Pro League accueillait en moyenne 68 transferts entrants au cours du premier mois de l’année.
Ce n’est pas pour autant que les montants investis ont suivi la même courbe vers le bas. Lors des 31 derniers jours, les formations du championnat de Belgique ont signé des chèques pour un montant total de 23,8 millions, soit 400.000 de plus que douze mois auparavant. C’est aussi supérieur à la moyenne de 21 millions d’euros dépensés pour les transferts entrants dans les dix dernières années. Lors de l’hiver 2017, les clubs de Pro League avaient la fièvre acheteuse avec 38 millions d’euros investis dans du sang frais. Le montant dépensé de cette année est le deuxième plus important de la dernière décennie.
Dans le sens des sorties, c’est le même constat avec seulement 66 partants. L’an dernier, ils étaient encore 84 à quitter notre championnat à cette période de l’année, alors que le record date de l’exercice 2019-20 avec 92 départs. Sur la dernière décennie, 82 joueurs en moyenne quittaient la Belgique au cours du premier mois de l’année.
Clairement, le mercato d’hiver 2023 n’aura pas été aussi chaud que certains l’avaient prédit. Et peut-être que cette plus grande stabilité ne portera pas préjudice à la qualité globable de notre petit championnat.
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