Bart Verhaeghe, président du FC Bruges : « Si les cotisations ONSS augmentent, nous ne pourrons plus avoir des Mignolet »
Dans une large interview sans langue de bois accordée au Krant van West-Vlaanderen, le président du FC Bruges parle de l’avenir des Blauw en Zwart et du football belge alors qu’une réforme fiscale prévoit de faire payer plus le milieu.
De nombreux supporters ont peur qu’un jour vous vendiez le Club à des investisseurs étrangers. Que pouvez-vous leur dire ?
Verhaeghe : « Avant tout, le Club restera toujours le Club. Vous ne pouvez pas changer l’ADN du FC Bruges. Pas de sueur, pas de gloire (No Sweat, No Glory dans la version originale), c’est la description parfaite. Ou encore : bluvn goan. Celui qui nie cela, ne réussira pas. »
Mais est-il concevable que le FC Bruges soit repris par des étrangers ?
Verhaeghe : (soupire) « Je ne peux pas affirmer cela. Le football est devenu un commerce international. J’espère également que le Club pourra rester dans des mains belges pour toujours. Nous l’espérons tous. Mais alors le gouvernement devra prendre le football au sérieux. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Nous recevons surtout le message que le football doit être taxé plus lourdement. »
MAUVAISE PERCEPTION FACE A LA REALITE
Le ministre Frank Vandenbroucke (Vooruit) souhaite que les footballeurs professionnels paient davantage de sécurité sociale.
Verhaeghe : (imperturbable) « Je n’entends jamais les gens dire quelle importance sociale a le football. Il ne s’agit pas seulement de taper dans un ballon. L’impact sur la société est gigantesque. C’est un exutoire important pour les gens. Ce n’est pas une coïncidence s’il peut remplir les contenus des médias pour la prochaine décennie. »
« A Bruges, nous employons 170 personnes. Nous travaillons avec les jeunes, nous assumons une responsabilité sociale. Regardez notre Fondation (qui soutient de bonnes causes, nvdr). De plus, les politiciens oublient que pendant la période du coronavirus, nous avons gardé tout le monde à bord, sans demander de soutien supplémentaire. »
« Nous avons payé plus de dix millions d’euros d’impôts en 2020, malgré la crise. Nous apportons donc notre contribution. Malheureusement, le débat est basé sur la perception que peuvent avoir des gens et non sur des faits. »
Vous faites référence à ce parallèle selon laquelle une femme de ménage paie plus de sécurité sociale que le gardien de but Simon Mignolet. N’est-ce pas le cas ?
Verhaeghe : (fermement) « C’est une caricature. Mignolet paie plus d’impôts que le Flamand moyen et continuera à le faire toute sa vie. De nombreux secteurs bénéficient d’un régime fiscal spécial parce que, sinon, ils ne peuvent pas être compétitifs dans le contexte international. Le football est l’un de ces secteurs. Nous avons pu devenir le numéro un mondial. On devrait être fier de ça. Mais que veulent faire les politiciens maintenant ? Enterrer le secteur ? »
N’exagérez-vous pas les choses ? Vous pensez vraiment que la nouvelle réforme pourrait tuer le football ?
Verhaeghe : « Absolument. Si les cotisations à l’ONSS augmentent, nous deviendrons moins compétitifs. Alors nous ne pourrons plus garder ou embaucher des Mignolet. Ce sont les faits. Aujourd’hui, nous sommes dans la moyenne de ce que sont les tarifs habituels en Europe pour les footballeurs. »
« Savez-vous ce qui est également oublié dans ce débat ? La pression fiscale extrêmement élevée dans ce pays, associée à l’inefficacité du gouvernement. Il n’y a aucun pays où les citoyens doivent payer autant à l’État. »
Vous devriez inviter Vandenbroucke et ses collègues.
Verhaeghe : (sourit) « Je ne demande qu’une chose aux politiciens : réfléchir avant d’agir. Pour une fois, laissez les émotions de côté et basez-vous sur des faits et des chiffres. Et écoutez le secteur. »
Lire l’entretien en entier sur le site de Krant van West-Vlaanderen (en néerlandais).