Vincent Mannaert approche de l'atterrissage © Gettyimages

Avant de partir, Vincent Mannaert veut sauver le mercato brugeois

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

S’il quittera Bruges en fin de saison, Vincent Mannaert n’a pas encore classé ses derniers dossiers. L’état du noyau du Club est son principal chantier.

Quelques jours avant de trancher sur son avenir, il pensait encore à celui de son Club. Vincent Mannaert est un homme de réseaux et de réunions, adepte des journées trop longues parce que presque maladivement contraint de mettre le nez dans chacune des décisions prises au sein de l’institution. Ce n’est sans doute pas un hasard si aucun directeur sportif n’est parvenu à s’installer dans la lumière ou dans la durée au sein du FCB, piloté par le duo que forme depuis plus d’une décennie le CEO avec son président Bart Verhaeghe.

Pour imaginer le futur brugeois, Mannaert planchait intensément sur une nouvelle orientation à donner au recrutement des Blauw en Zwart. Le résultat de mercatos inégaux, avec de plus en plus de millions dépensés mais un taux de réussite paradoxalement devenu trop aléatoire. Voici quelques années, l’intéressé racontait à Sport/Foot Magazine, presque comme une prophétie : « À Zulte, j’étais toujours jaloux de mes collègues qui travaillaient dans des grands clubs, avec de plus gros budgets. Dix ans plus tard, je peux vous affirmer que c’est plus dur de travailler avec beaucoup d’argent. Quand tu n’as pas d’argent, tu te fermes de facto à énormément de marchés. Ici, le cercle de recherches ne s’arrête jamais. »

Son Bruges a attiré des talents venus de partout. D’un buteur colombien à un maître à jouer biberonné au Barça, en passant par des colosses brésiliens, des artistes scandinaves ou des tauliers des pelouses belges. Un ensemble disparate qui, longtemps, a formé une machine fluide et inarrêtable, trustant quatre titres de champion de Belgique entre 2016 et 2022 avec quatre entraîneurs différents. « Un entraîneur principal est important mais un grand club doit parvenir à dépersonnaliser son succès », répétait Vincent Mannaert dès le retour au sommet, quand le spectre d’un départ de Michel Preud’homme planait sur le stade Jan Breydel. La suite lui avait d’abord donné raison, jusqu’à ce qu’il décide de propulser un Carl Hoefkens inexpérimenté sur le devant de la scène. Bruges a progressivement perdu un fil qui s’étiolait déjà depuis le départ de Philippe Clement quelques mois plus tôt.

Cette perte de maîtrise a dû sembler douloureuse à un homme qui s’est toujours efforcé de tout contrôler. Intrusif pour ses coaches, qu’il semblait choisir volontairement peu renommés pour avoir une certaine influence sur eux, il aimait surtout la sensation de ne rien laisser au hasard. Chaque membre du personnel brugeois, un pôle presque décuplé en une décennie, passait un entretien d’embauche harassant, durant parfois plusieurs heures, avec le CEO qui se réservait ensuite l’implacable verdict. L’homme pouvait monter dans les tours de façon spectaculaire face à ceux qui lui tenaient tête, mais son exigence a contaminé les bureaux du fastueux Belfius Basecamp de Westkappelle, centre d’entraînement le plus impressionnant du pays.

Depuis peu, pourtant, Bruges semblait partir dans tous les sens. Le recrutement, longtemps vanté pour son côté réfléchi, s’est fragmenté. Les tauliers sont partis, le capitaine historique Ruud Vormer puis l’ambianceur-soldat Clinton Mata, et le vestiaire s’est rempli de jeunes à l’immense potentiel, parfois recrutés au détriment d’une ligne de conduite collective. Simplement parce qu’ils étaient trop forts pour ne pas être là. La saison dernière, les patrons du noyau ont fait part de leur mécontentement face à ce groupe trop nombreux et plus assez hiérarchisé. Bruges a du talent à revendre, mais peine à trouver la bonne formule pour l’agencer sur le terrain, même en faisant appel à un coach plus expérimenté comme Ronny Deila.

En constatant ce manque de caractère et de métier dans son vestiaire, Bruges a paniqué. Dedryck Boyata est arrivé, comme s’il fallait une nouvelle fois prouver qui était le patron à une concurrence renforcée de Diables rouges (Alderweireld à Anvers, Vertonghen à Anderlecht), mais n’a pas résolu les problèmes défensifs qui s’aggravent au fil des ans. Dennis Odoi était déjà venu comme un pompier, mais n’a jamais atteint l’ampleur des Vormer, Hans Vanaken ou Simon Mignolet.

Aujourd’hui, le noyau du Club ressemble à un puzzle de talents dont on ne saurait pas joindre toutes les pièces. Cela inquiète Vincent Mannaert, au point d’encore y consacrer de nombreuses heures de ses journées si bien remplies alors que l’heure du départ approche désormais à grands pas. Parce qu’à l’heure de refermer la porte bleue et noire, il faudra que tout soit préparé dans les moindres détails. Les exigeants sont allergiques au hasard.

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