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Anderlecht – Zahavi : dossier toxique

Le transfert d’Aleksandar Mitrovic et la reprise de Mousron en juillet 2015 ont fait entrer le  » président des agents « , Pini Zahavi au coeur du football belge. Décryptage d’un dossier hautement toxique.

Le footbelgate a-t-il fait des émules ? Le 14 novembre dernier, déjà, un mois après le tremblement de terre qui secoua le football belge, le club de Mouscron et les domiciles de l’ancien président Edward Van Daele, le président Patrick Declerck et du directeur général Paul Allaerts (trous trois auditionnés puis relaxés) sont perquisitionnés sous l’impulsion du juge d’instruction Michel Claise.

Pini Zahavi, c’est un facilitateur d’affaires, l’agent des agents.

Mercredi 24 avril, aux alentours de 9 heures, c’est ce même juge d’instruction bruxellois, spécialisé dans les matières financières, qui débarque à Neerpede, entouré d’une trentaine d’agents de police, pour fouiller les tiroirs de la maison mauve. Autant dire que l’opération ne passe pas inaperçue.

Entre le 14 novembre et ce 24 avril, entre le Royal Excel Mouscron et le Royal Sporting Club Anderlecht, un même personnage en toile de fond : Pini Zahavi, l’homme le plus puissant du foot mondial comme le décrit, le journaliste français, Romain Molina, dans la ManoNegra.

Celui qui a permis de dénouer le dossier Neymar lors de son passage au PSG, empochant au passage une commission de 10,7 millions. Un super-agent, qui ferre avec politiques et chefs d’états, et gère en sous-main, clubs, et fonds d’investissement.

Le sommet de la pyramide d’un foot business mondialisé à base de commissions cachées, de comptes offshores et paradis fiscaux.  » Il n’est pas le numéro 1 du game, il est le game. Il le contrôle de A à Z. « , pointe Molina.

L’arrivée de Mister Fix-it

Mister Fix-it ( » Le bricoleur « , surnom de Zahavi) fait une apparition remarquée dans le foot belge, lors de l’été 2015. À Mouscron d’abord lors de la reprise du club.

 » C’est un fonds maltais ( Gol Football Malta Ltd, ndlr) géré par Pini Zahavi qui investit « , explique alors l’ancien président Edward Van Daele.  » Cet homme est un agent israélien proche de Roman Abramovitch, mais nous ne l’avons pas rencontré directement.  »

Zahavi ne sera aperçu qu’à de rares reprises au Canonnier. D’ailleurs, l’ex-journaliste sportif n’apparaît publiquement que très rarement. Encore moins lors d’un transfert. Vous ne le verrez jamais poser fièrement aux côtés d’un joueur pour officialiser une transaction. C’est un facilitateur d’affaires, l’agent des agents.

Et pourtant, ce même été 2015, son nom filtre lors du passage d’Aleksandar Mitrovic et de Chancel Mbemba vers Newcastle. Le Sporting se félicite alors d’avoir fait banco lors de deux opérations.

Un an plus tôt, lors du passage de Steven Defour de Porto vers Anderlecht, Herman Van Holsbeeck s’enorgueillit d’avoir pu compter sur le rôle d’un autre célèbre entremetteur, bien plus connu chez nous, Lucien D’Onofrio. Avec l’aide de Pini ou de Luciano, Anderlecht croit intégrer une nouvelle dimension.

Mitrovic et commissions

Aujourd’hui, le parquet fédéral s’intéresse au dossier du transfert de Mitrovic vers Newcastle, qui comporte quelques zones d’ombre et plusieurs intermédiaires : Pini Zahavi, son bras droit Fali Ramadani (associé dans le rachat de Mouscron et présent déjà dans le dossier de Luka Milivojevic en 2013, puis de Marko Marin en janvier 2015 et par la suite dans ceux de Stefano Okaka ou Filip Djuricic), Christophe Henrotay (agent et ami de Van Holsbeeck), mais aussi le père de Mitrovic, Ivica, via sa société Mgobal.

Le quotidien Le Soir, via les Football Leaks, révèle que le passage de l’attaquant serbe vers le nord de l’Angleterre aurait rapporté 16,5 millions d’euros à la trésorerie d’Anderlecht. Alors que celui de Mbemba tourne autour des 12 millions d’euros. Un joli pactole pour le club bruxellois.

Moins pour le Partizan Belgrade (club propriétaire de Mitrovic avant son arrivée en Belgique) qui n’a jamais touché les 20% de la plus-value sur le transfert. Au montant du transfert du duo Mitrovic-Mbemba, il faut encore soustraire d’importantes commissions qui sont venues remplir les poches des agents précités.

Dans nos colonnes, Herman Van Holsbeeck reconnaissait :  » Oui, des commissions extraordinaires ont été données pour des transferts extraordinaires comme celui d’Aleksandar Mitrovic et Chancel Mbemba qui ont rapporté 30 millions au club grâce à l’arrivée dans ces dossiers de Pini Zahavi ou Fali Ramadani.

Même chose pour le transfert de Youri Tielemans (dont l’agent était alors Christophe Henrotay) à Monaco pour 25 millions. Je pense que tout le monde en sort gagnant. Le club, le joueur, et leurs agents.  »

Van Holsbeeck-Ramadani-Zahavi

Après cette nouvelle perquisition qui fait suite à celle du footbelgate en octobre, le nouveau manager sportif des Mauves, Michael Verschueren, a tenu à rappeler que  » Ce n’est pas Anderlecht qui est visé mais certains agents.  » Et, par corollaire, l’ancienne direction.

Lors des transferts de Mitrovic et de Mbemba en 2015, Verschueren Jr avait, devant le Conseil d’administration, sonné la sonnette d’alarme concernant les trop importantes commissions accordées. Mais le soutien indéfectible du président Vanden Stock à son directeur général n’autorisait aucune remise en question de la politique des transferts.

Suite à sa mise à pied du RSCA en avril dernier, Herman Van Holsbeeck s’est reconverti comme agent et travaille essentiellement sur la Belgique et les Pays-Bas pour le compte du  » super agent  » macédonien d’origine albanaise, Fali Ramadani.

Après être intervenu dans le prêt de Marko Grujic (Liverpool au Hertha Berlin en août), Van Holsbeeck, avait tenté de transférer le jeune talent anderlechtois, Jérémy Doku vers Liverpool et de s’intercaler dans celui de Alen Halilovic vers le Standard. Sans succès. Ramadani avait de son côté failli faire capoter le transfert du milieu croate en mettant un coup de pression au directeur du Milan AC, Leonardo.

Si la Belgique n’est qu’un embryon de sa toute-puissance, Pini Zahavi a continué à déployer sa toile sur notre territoire et étendre son réseau. Il y a un an, l’un des dirigeants les plus importants de notre football avait été convié à Londres, où l’agent israélien passe la plus grande partie de son temps, pour partager la table et une bouteille de Château Cheval Blanc (à 8000 euros ! ).

Escroquerie à dimension internationale

Suite à la perquisition de mercredi dernier, Zahavi s’est montré très serein.  » Ils peuvent vérifier tout ce qu’ils souhaitent concernant ce transfert. Tout est écrit noir sur blanc dans le contrat. C’est parfaitement légal. Le tribunal peut continuer à chercher, il ne trouvera rien.  »

L’un de ses proches se montre plutôt perplexe quant aux suites de l’enquête.  » Le système Zahavi, c’est de l’escroquerie à dimension internationale. Je vois difficilement comment il pourrait être inquiété par la justice belge.  »

Et pourtant notre  » petit  » parquet fédéral semble décidé à faire tomber le patron du foot mondial. La suite au prochain épisode.

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