Anderlecht à la recherche du couple offensif idéal
Joshua Zirkzee? Christian Kouamé? Benito Raman? Ils pèsent une vingtaine de briques à eux trois, mais Anderlecht peine à trouver un vrai tueur. Partons à la recherche du couple idéal.
Une question parmi beaucoup d’autres avant le coup d’envoi d’Anderlecht-Beerschot: quel duo de pointe VincentKompany allait-il lancer cette fois sur la pelouse? Parce qu’on a du mal à y voir clair, à déceler une continuité. Le coach lui-même semble avoir du mal dans ses recherches de la compo idéale. Chaque semaine, ça bouge sur différentes portions du terrain, mais tout devant, c’est frappant. Il suffit d’analyser son onze de base lors des cinq derniers matches de championnat. Contre Gand, on a eu un couple Christian Kouamé-Yari Verschaeren. À Ostende, c’était une paire Joshua Zirkzee- Christian Kouamé. Contre Bruges, Zirkzee et Verschaeren. À Saint-Trond, nouveau changement de programme avec Zirkzee et Kouamé. Et puis donc, pour la venue de la lanterne rouge dimanche dernier, Kompany a opté pour une association Benito Raman-Kouamé. La deuxième fois seulement qu’ils commençaient un match ensemble, après celui du 12 septembre contre Malines.
Raman, Kouamé et Zirkzee totalisent onze buts en championnats. Moins que le seul Frey.
Tu veux jouer avec moi? Ou pas? Si on prend les trois Anderlechtois au profil de numéro 9, on relève peu d’interactions entre eux, peu de combinaisons. Benito Raman a inscrit ses buts en championnat sur des assists de FrancisAmuzu, SergioGómez et TaylorHarwood-Bellis. Ceux de Joshua Zirkzee l’ont été sur des services de Gómez, Amuzu, Harwood-Bellis et Verschaeren. Et Christian Kouamé a exploité des passes décisives de Gómez et KristofferOlsson.
Pour ce championnat, Anderlecht a fait le pari de recruter trois hommes qui sortaient d’une saison plus que compliquée. En Bundesliga et Coupe d’Allemagne, Benito Raman avait juste inscrit cinq buts avec un Schalke 04 à la dérive qui a fini par basculer en deuxième division. En Serie A et Coupe d’Italie, Christian Kouamé avait fait moins bien encore, ne trouvant le chemin du goal qu’à deux reprises. Et c’était encore pire pour Joshua Zirkzee, actif brièvement en Bundesliga, en Serie A, en Supercoupe d’Allemagne et même en Ligue des Champions avec le Bayern puis Parme: pas une seule réalisation à son compteur. Trois nouveaux venus dans le dur, donc. Trois gars qui, ensemble, pèsent près de vingt millions en valeur marchande. Mais aucun n’a encore vraiment décollé après douze journées de championnat. À eux trois, ils totalisent seulement onze buts. Une misère. Le seul MichaelFrey fait mieux avec l’Antwerp alors qu’il n’a coûté que deux millions, soit une brique en moins que Raman, le seul des trois attaquants anderlechtois qui a été acheté. GeorgesMikautadze par exemple, revenu à Seraing en septembre et qui découvre la première division, est plus efficace que Raman, Kouamé et Zirkzee. Difficile, donc, de conclure pour le moment que le pari de la direction bruxelloise est une réussite.
Aucun des trois ne respire la pleine confiance. On essaie de lire dans les têtes.
La confiance et la frustration
Abordons d’abord la confiance des employeurs. Quand un Anderlecht obligé de compter ses sous met trois millions pour transférer Raman et lui offre un contrat qu’on ne propose normalement plus dans ce club, ça veut dire que la confiance est réelle. Pour les deux autres joueurs, le Sporting aurait souhaité une option d’achat dans le contrat de location. Mais le Bayern a refusé cette clause pour Zirkzee et la Fiorentina a fait de même pour Kouamé. Preuve que, malgré leurs derniers mois difficiles, on croit toujours en eux dans ces clubs.
Et puis, pour un Zirkzee, retourner à Munich après sa pige belge semble toujours une évidence. « Le chapitre du Bayern n’est pas refermé », lance-t-il dans une interview accordée récemment au magazine néerlandais Voetbal International. « Mais je n’y pense pas trop pour le moment, tout mon focus est sur Anderlecht et l’équipe nationale U21. » Il a emmené dans son appartement à Bruxelles les trophées déjà gagnés avec le Bayern, dont la réplique de la Ligue des Champions gagnée en 2020 contre le PSG. À ce moment-là, on en faisait encore un futur titulaire, à court terme, dans ce club. Mais il a ensuite connu quelques bas. C’est l’explication de son prêt à Anderlecht, avec la concurrence actuellement trop forte pour lui dans le noyau bavarois. RobertLewandowski, KingsleyComan, EricMaximChoupo-Moting, SergeGnabry, ThomasMüller, LeroySané, c’est trop haut. Zirkzee a autrefois fait la Une du journal allemand Bild, qui a aussi écrit: « Les autres jeunes de son âge passent leur permis de conduire ou obtiennent leur diplôme d’humanités, lui il met des buts décisifs pour le Bayern. » Un temps, on l’a aussi considéré comme le successeur naturel de Lewandowski. À l’Alllianz Arena, des supporters se baladent avec un maillot floqué à son nom. Mais il est entre-temps loin de cette gloire. Si son aventure belge n’est pas convaincante, pas sûr que le Bayern le relancera dès la saison prochaine dans son process.
Raman n’est pas moins confiant que Zirkzee. Convaincu d’être plus fort qu’au moment où il avait quitté la Belgique pour l’Allemagne, il est sûr d’avoir le niveau pour devenir incontournable dans l’équipe de Kompany. Une confiance qui a dû grandir au fil des semaines parce qu’au moment de son retour, il était loin sur le plan physique et au niveau psychologique. Sa dernière saison avec Schalke l’a un peu démoli. Il a entre-temps reconnu qu’il manquait méchamment de rythme en début de saison et il avait aussi dû se remobiliser dans la tête, tellement ça avait été compliqué sur la fin dans la Ruhr. « Si j’étais resté six mois de plus là-bas, j’aurais arrêté ma carrière », a-t-il avoué il y a quelques semaines. Les Anderlechtois voient un Raman différent par rapport à ses frasques gantoises, un gars assagi, plus mûr grâce notamment à sa paternité. Mais on a toujours un Raman qui sait montrer les crocs et s’interroger publiquement quand il n’est pas dans l’équipe de départ après avoir fourni un bon match. Ce fut le cas après le déplacement à Ostende et la réception de Bruges. Les deux fois, il avait marqué le but de l’égalisation en étant monté au jeu, mais ça ne lui a pas offert une place dans le onze pour le match suivant. Niveau confiance, Kouamé semble un peu moins loin que les deux autres. Une grave blessure au genou, une saison complètement ratée en Italie, un tournoi olympique en mode mineur et des statistiques qui doivent encore décoller avec Anderlecht, ça abîme. Il a marqué deux fois lors de la démonstration collective contre Malines (7-2) à la mi-septembre. Entre-temps, seulement un but dimanche face au Beerschot. Largement insuffisant pour un attaquant dont la valeur marchande n’est pas loin des dix millions et qui, il y a deux ans, en valait 22.
La relation avec le coach
Les trois joueurs sont des choix directs de Vincent Kompany, convaincu qu’ils ont le bon profil pour le jeu qu’il veut appliquer. Après le nul à domicile contre Bruges, un match dans lequel Raman était monté et avait été décisif, le T1 lui a fait une déclaration par médias interposés: « J’ai de l’amour pour lui. C’est un gars spécial. Il te tient parce qu’il donne tout. Mais Beni, c’est Beni. C’est un élément libre et créatif. Je savais qu’il allait apporter un brin de folie. Il est bien dans le groupe et dans l’équipe. » Kompany loue aussi son « énergie incroyable. » Dès le mois de mars, Anderlecht s’était intéressé au dossier Raman mais il était, sur papier, trop cher vu les finances du club. La direction avait alors regardé ailleurs mais, indépendamment de l’aspect financier, Raman restait un premier choix.
Kouamé a aussi un lien fort avec l’entraîneur. « J’ai choisi Anderlecht parce que le jeu visé par Vincent Kompany me convient », a-t-il déclaré à son arrivée. Et après ses premières minutes avec le Sporting, Kompany lui a renvoyé la balle: « Vous avez tous vu ce qu’il pouvait nous apporter. » Même relation d’amour entre le coach et Zirkzee. Au moment où ce joueur arrive chez nous, Vinnie lâche qu’il est « trop bon pour le championnat de Belgique ». Zirkzee a réagi récemment à cette punchline dans Voetbal International: « J’ai entendu ça, oui. Quand ça vient de Vincent Kompany, c’est évidemment un compliment énorme. On a du respect pour n’importe quel entraîneur, mais encore un peu plus pour quelqu’un qui a fait une carrière pareille. Par contre, je ne le suis pas quand il dit que je suis trop bon pour jouer dans ce championnat. »
L’ambition internationale
Kouamé a fait ses débuts avec la sélection A de la Côte d’Ivoire il y a deux ans. Entre-temps, ça a été compliqué et il est souvent resté en dehors du noyau. Il a fait son retour au début de ce mois et a disputé deux morceaux de matches. Il totalise six matches et n’a pas encore marqué. Il aurait pu profiter des Jeux de Tokyo pour se mettre en évidence et gagner ses galons en équipe A, mais il n’a pas été brillant là-bas. Il a eu pas mal de temps de jeu au Japon, trois matches complets, mais là aussi, il a été improductif. Raman, lui, ne cache pas qu’il entend profiter de son retour chez nous pour se mettre en évidence et retrouver peut-être le noyau des Diables. Il y a deux ans, il a juste eu droit à une petite minute. Entre-temps, plus rien. Il dit qu’il est devenu plus complet grâce à ses saisons en Allemagne et n’abandonne donc pas ses ambitions internationales. Pour Zirkzee, l’aventure avec l’équipe représentative des Pays-Bas doit encore commencer. Il est appelé depuis la catégorie U15 et joue aujourd’hui avec les U21 pour lesquels il a marqué trois buts lors des dernières semaines. Pour les Néerlandais, ça ne fait pas de doute, il montera prochainement en équipe A s’il s’impose à Anderlecht. Il y a quelques mois, l’ancien international WimVanHanegem avait fait campagne pour que le Zirk accompagne le groupe à l’EURO.
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