« A bout de souffle »: le fil de la saison du PSG
Sacré enfin, le PSG soulève son huitième championnat de France, non sans mal. Un épilogue en eau de boudin, à l’image de l’ensemble de sa saison. Compliquée.
ACTE I MERCATO AU RABAIS
Le 26 juin 2018, les départs du maestro Javier Pastore, et surtout la retraite de Thiago Motta, patron au milieu, annoncent la fin d’une ère et le début d’une nouvelle que les Parisiens espèrent glorieuse. Cette dernière doit notamment mettre fin à deux éliminations consécutives et prématurées en Ligue des Champions. Pour cela, le recrutement doit suivre.
Pourtant, la machine PSG, drivée par le Portugais Antero Henrique, tarde à se mettre en route. Il faut attendre le 12 août pour voir débarquer le jeune défenseur allemand Thilo Kehrer, inconnu au bataillon en France, qui révélera plus tard quelques lacunes lors des soirées de gala.
Puis, plus rien, ou presque, tandis que Thomas Tuchel, le technicien allemand fraîchement sorti de son année sabbatique, s’impatiente et réclame du renfort dans l’entrejeu. Mais seuls Juan Bernat, latéral gauche du Bayern, et Eric Choupo-Moting, attaquant venu gratuitement suite à la fin de son contrat à Stoke City, soldat de Tuchel à Mayence, arrivent au Parc sur le gong, lors du dernier jour du mercato.
La signature du Camerounais suscite les railleries, confirmées légitimes. L’ancien de Schalke 04 vient alors de facturer une saison difficile en Premier League : trente matches, cinq buts et une relégation. Dream Bigger.
ACTE II DE FLY EMIRATES À AIR JORDAN
Le PSG rappelle tant que possible qu’il n’est pas un simple club de foot comme les autres. Le 13 septembre, l’entité fondée en 1970 passe à l’acte et présente des nouveaux maillots en collaboration avec Air Jordan. Un blanc, un noir pour les matches européens, que les joueurs franciliens ne vont pas franchement salir, mais qui entérinent une première mondiale.
Jamais une marque de basket, celle du légendaire Michael Jordan en l’occurrence, n’avait sponsorisé une équipe de football auparavant. Une connexion » historique « , selon les mots du boss parisien Nasser al-Khelaïfi, qui fait réagir le Collectif Ultras Paris, au point d’afficher une banderole bien sentie, fruit d’une mûre réflexion :
» C’est un maillot de foot ou de basket ? ! « , lors de la réception du Stade de Reims le 26 septembre (4-1), sous les yeux du seul et unique MJ, qui a eu le droit à sa liquette numéro 23 pour l’occasion. Évidemment, les supporters un peu moins attachés à l’identité et à l’ADN de l’entité la porte de Saint-Cloud, ont pu se rendre dans les boutiques officielles du PSG et faire exploser les records de vente. Tout va bien.
ACTE III DOPAGE FINANCIER ET FICHAGE ETHNIQUE
Le 2 novembre, c’était censé être la fête. En battant Lille, à domicile (2-1), le PSG étale un record, encore un : celui de Tottenham, vieux de 57 printemps, avec une série de douze victoires consécutives depuis le lancement du présent exercice. Seulement, à cette date, un nouveau volet des Football Leaks dévoile les dernières machinations du PSG, accusé de gonfler ses revenus par le biais de contrats fictifs, tout en étant couvert par l’UEFA, personnifiée par les incontournables Michel Platini et Gianni Infantino.
Le cas Rabiot symbolise surtout les difficultés du PSG à faire briller les talents issus de sa formation et de l’extraordinaire vivier parisien.
Du pur » dopage financier » d’après Mediapart, qui révèle des contrats publicitaires volontairement exorbitants afin de » respecter » le fair-play financier. Des informations démenties par le board du club de la capitale hexagonale, englué dans la tourmente suite à d’autres révélations du même site d’information.
Outre une prime » éthique » versée à ses joueurs, le PSG utilisait un fichage ethnique lors des repérages de jeunes joueurs, décrits comme » Français « , » Maghrébins » ou » Antillais « , une pratique naturellement prohibée en France. Si l’enquête sur ce dossier est en cours, celle concernant le dopage financier a définitivement blanchi les Parisiens, grâce à un vice de procédure. Police partout, justice nulle part.
ACTE IV LE COME-BACK DE MAN U
Une affaire de soupçons de match truqué – concernant la réception de l’Étoile Rouge de Belgrade (6-1) – à peine étouffée, le PSG perd, coup sur coup, son ticket pour les demis de leur Coupe de la Ligue chérie (premier vainqueur de l’histoire en 1995 et quadruple champion en titre) en s’inclinant dans les derniers instants contre Guingamp le 9 janvier (1-2), puis son joyau brésilien, Neymar Jr, sur blessure le 24 janvier suivant.
Diminués, les Franciliens se rendent le 12 février à Old Trafford pour affronter un Manchester United bien pâle et l’emportent 0-2, au calme. Une démonstration qui rappelle dans sa célébration hâtive celle survenue deux ans plus tôt, au même stade des huitièmes de C1, face au FC Barcelone.
Mais cette fois, tous les observateurs convergent : il n’y aura pas de remontada bis. Manqué. Grâce, notamment, à un doublé d’un Romelu Lukaku déchaîné et d’un but sur penalty au bout de la nuit de Marcus Rashford, le club d’origine saint-germanoise manque encore son date avec l’Histoire et rentre bredouille à la maison.
Seul Marquinhos, aligné au milieu ce soir-là, faute de mieux, se pointe en zone mixte : » Comme on dit au Brésil, c’est le moment de manger la merde. Et pas trop parler « . La légende ne raconte pas s’il a apprécié.
ACTE V TUTU ET LA FUITE DES TITIS
Dans la défaite mancunienne, Adrien Rabiot s’amuse à » liker » une vidéo d’un Patrice Evra chambreur, en pleine célébration dans la Corbeille du Parc des Princes avant d’aller fêter ça en boîte de nuit. Du coup, la semaine dernière, l’ancien de Toulouse a de nouveau été relégué au placard pour ce pouce mal placé, après une première mise à pied à la mi-décembre, suite à la non-prolongation de son contrat.
En vrai, il symbolise surtout les difficultés du PSG à faire briller les talents issus de sa formation et de l’extraordinaire vivier parisien, représentés à l’heure actuelle par Alphonse Aréola et Presnel Kimpembe. Depuis la reprise qatarie en 2011, les exemples de fuites des cerveaux sont nombreuses : Kingsley Coman à la Juve puis au Bayern ; Moussa Dembélé à Fulham, aujourd’hui meilleur buteur lyonnais ; Jean-Kévin Augustin à Leipzig ; Dan-Axel Zagadou à Dortmund ; ou encore Mattéo Guendouzi à Lorient, désormais titulaire à Arsenal.
Cet été, il se pourrait que Christopher Nkunku rejoigne la triste liste des exilés malgré eux. Une hémorragie que Thomas Tuchel freine malgré lui, aussi, en titularisant régulièrement des » titis parisiens » pour pallier aux nombreuses blessures de son effectif. La Tuchel, l’hôpital et la charité.
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