Pourquoi le Beerschot s’enfonce dans la crise
Révélation de la saison passée, le Beerschot est dernier du championnat. Souffre-t-il de troubles de croissance ou le mal est-il plus profond ?
Marc Noé, le coordinateur de l’école des jeunes du Beerschot, assure désormais l’intérim suite au renvoi de Peter Maes, dont l’approche radicalement différente de la tactique positive de ses prédécesseurs a eu des effets désastreux. Il n’est cependant pas le seul responsable du un sur 24 de la révélation du premier tour il y a un an.
Le Beerschot n’a pas profité de la campagne des transferts pour résoudre les problèmes apparus au second tour : le manque de bagage footballistique, une défense trop poreuse, ainsi qu’un manque de sens du but. Raphael Holzhauser reste une des rares éclaircies, mais Marius Noubissi est blessé et Tarik Tissoudali est parti en hiver. Le départ de celui-ci s’est révélé particulièrement néfaste, car il formait un bon duo avec l’Autrichien et il aurait pu être évité si le Beerschot avait prolongé à temps un contrat qui arrivait à terme. Mais le club s’est décidé trop tard, ce qui a poussé Tissoudali à La Gantoise. Ce n’est là qu’une des erreurs commises ces dernières années. Le club a aussi laissé partir Jan Van den Bergh gratuitement à Gand pour le racheter 500.000 euros un an plus tard. Ce sont des choses qui arrivent quand on dirige cinq clubs en même temps, comme c’est le cas de Jan Van Winckel, qui s’occupe du Beerschot, d’Al Hilal, de Sheffield United, de Châteauroux et de Kerala United (Inde), des clubs réunis dans United World, dont le siège est situé à Genève. Les Anversois n’ont pas de management local fort, capable de trancher, qui connaisse le club et la ville. Mais voilà, Van Winckel gère le porte-feuille du prince saoudien et est le principal décideur sportif.
Le Beerschot a besoin d’un management local fort.
Tout a commencé il y a deux ans. Le président Francis Vrancken a compris qu’il ne pouvait assurer seul la survie financière d’un club en D1A. Il s’est donc défait de ses parts, passant de 100% à 12,5% du capital, Philippe Verellen en détenant également 12,5. Le reste est depuis en mains étrangères. L’ancrage local a disparu, on n’entend plus parler de la construction d’un nouveau stade ni d’un complexe d’entraînement, pas plus que de l’ambition d’aligner au moins un tiers de joueurs formés au club. Faute de cellule de scouting propre, le club a délaissé le marché belge cet été, misant sur de jeunes étrangers susceptibles d’être revendus avec bénéfice dans quelques années. Le tout sans savoir dans quelle division le Beerschot évoluera ni ce que rapporteront ces transferts s’il ne s’extirpe pas vite de sa spirale négative.
Le club ne dispose pas de joueurs belges en suffisance et c’est ainsi que le week-end dernier, il a été contraint d’emmener un jeune, Mohamed Amine Belhadj (19 ans) à Ostende, afin de pouvoir coucher les six noms noir-jaune-rouge requis par le règlement sur la feuille de match. Bizarre pour un club où les Belges ont compté le plus de temps de jeu après Malines et le Standard la saison passée.
Depuis quelques années, la présence de gardiens de la culture du club, de joueurs belges et de jeunes du cru offrait aux nouveaux venus étrangers un nid chaleureux. Ce n’est plus le cas, avec 18 nationalités différentes, alors que pendant des années, les supporters s’étaient moqués de la légion étrangère de leur rival de Deurne.
Le nouvel entraîneur du Kiel va être confronté à une mission quasi impossible. Il risque davantage de perdre la face que de connaître le succès. Le week-end dernier, le Beerschot a approché son ancien entraîneur, Will Still, actuellement entraîneur adjoint à Reims et cité du côté d’Anderlecht.
Quel qu’il soit, le nouvel entraîneur devra convaincre ses troupes afin d’inverser la tendance et d’éviter que le conte de fées qui a débuté il y a quelques années ne s’achève par un drame.
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