Portrait tactique: Nicolas Raskin, le pitbull en pantoufles
Le milieu de terrain du Standard passe au microscope.
Souvent, les jeunes joueurs grandissent à l’écart. Pris sous une aile, et surtout installés sur elle, là où les irrégularités de l’audace comptent plus d’avantages que de risques. Même sur les pelouses de Pro League, là où la jeunesse est devenue un incontournable fonds de commerce, les adolescents titulaires autour du rond central restent une denrée rare. Nicolas Raskin en ajoute même une couche, en habitué de l’exceptionnel. Premier enfant des années 2000 à fouler les pelouses belges, il est parvenu à se tailler un costume d’indispensable dans le secteur le plus et le mieux fourni du noyau rouche, là où Samuel Bastien et Gojko Cimirot avaient pris l’habitude de faire la loi.
Raskin montre les dents quand il n’a pas le ballon, puis ses pieds quand il l’a récupéré: le gendre idéal de Sclessin.
Si l’enfant de Waremme incarne le Standard mieux que les autres, c’est sans doute parce qu’il attaque toujours, même quand il défend. Un football agressif, qui joue toujours avec les limites. Celles du règlement quand il faut jaillir dans les chevilles d’un adversaire pour récupérer le ballon, et celles de la géométrie quand l’heure est à l’offensive et qu’il est temps de se précipiter vers l’avant. Un jeu à risques, mais qui colle parfaitement avec l’idée que Sclessin se fait de son gendre idéal: un homme qui montre les dents quand il n’a pas le ballon, puis ses pieds quand il l’a récupéré. Si son meilleur poste n’est pas encore une certitude, entre un rôle de sentinelle devant la défense ou un profil qui s’infiltre jusqu’à la surface adverse, Raskin est indéniablement de ceux qui ramassent les poubelles en costard.
Si son avenir peut s’envisager un cran plus haut, c’est parce que le football est à l’ère de la pression, et que les cuisses puissantes du nouveau patron du jeu liégeois lui permettent de dévorer sans peine les quelques mètres qui le séparent du porteur du ballon. C’est aussi parce que derrière la discipline de ses passes soignées se cache une envie débordante de peser sur les événements qui se déroulent de l’autre côté du rond central, plus près du but adverse que du sien. Pour Nicolas Raskin, chaque prise de balle est le début d’une occasion potentielle. Et chaque seconde de possession est ainsi jouée pour se rapprocher de l’objectif. Un style presque à contre-courant dans ce Standard de Philippe Montanier qui pensait avant tout à ses consignes de sécurité avant de décoller, mais une explication de la fraîcheur apportée par son profil à un football souvent trop somnolant.
Pour compléter le portrait-robot du milieu moderne, Raskinator ajoute à sa panoplie un contrôle orienté précis et un crochet court ravageur pour se sortir de la pression adverse. Derniers paramètres d’un prototype programmé pour régner.
Chiffres
7,63
Dans sa volonté permanente de faire avancer le jeu, Nicolas Raskin réussit 7,63 progressive passes par match, ces passes qui font gagner au moins dix mètres à son équipe sur le terrain.
44
Le style agressif du milieu de terrain rouche a déjà amené l’arbitre à siffler 44 fautes contre lui cette saison. Seul Joachim Van Damme (Malines) le surpasse dans ce domaine.
50,3%
Incarnation de ces joueurs qui aiment défendre en avançant, le numéro 26 du Standard réussit plus de la moitié de ses récupérations de balle dans le camp de l’adversaire. Défendre sans subir.
2
Il aime prendre sa chance à distance, quatorze tirs, mais n’a cadré qu’à deux reprises.
80,8%
Souvent au-delà des 85% chez les milieux, le taux de passes réussies de Raskin dépasse à peine la barre des 80%. Plus que la marque d’une imprécision, celle d’un goût prononcé du risque.
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