Le grand bilan de la JPL (5/18) : Seraing entre miracle et service minimum
Suite de notre bilan de la saison des 18 clubs de Pro League. Ce samedi, on met le cap sur la Cité ardente pour dresser le bilan de la saison de Seraing, de retour en D1A. Si les Métallos ont sauvé leur peau au sein de la plus haute division du football belge contre le RWDM, lors des barrages pour le maintien/montée, les moments de réjouissance furent plutôt rares du côté du Pairay.
Le résultat
Présenté comme le candidat principal, voire exclusif à la relégation au coup d’envoi de la saison, le deuxième représentant de la Principauté liégeoise en D1A s’est finalement offert une saison supplémentaire au sein de l’élite. Un départ réussi, un mois de novembre exceptionnel et quelques points grappillés en cours de route face aux concurrents directs auront suffi à verrouiller la dix-septième place, avant qu’un but de Georges Mikautadze, déjà héros du barrage de l’an dernier, ne permette d’assurer le maintien. Dans la douleur, l’objectif initial est finalement atteint, malgré des emplettes estivales et hivernales plutôt minimalistes et un noyau qui faisait incontestablement partie des plus faibles de l’élite. La saison se boucle avec le sentiment paradoxal d’une mission accomplie, mais de très rares moments d’épanouissement, même la victoire à Sclessin étant arrivée au bout de l’un des matches les plus indigestes de l’année.
Le jeu
Accoutumés aux idées de Jordi Condom, les supporters d’Eupen auraient déjà pu prévenir leurs voisins : il y aura des buts. Amoureux des sorties de balle minutieusement préparées, le Catalan a remis ça au Pairay, avec des relances bien chorégraphiées pour emmener le ballon jusqu’aux pieds offensifs. Là, le flair doit faire la différence, et c’est surtout celui de Youssef Maziz qui fait des merveilles. Le problème, c’est que l’équipe doit en faire des tonnes pour parvenir à faire progresser correctement le ballon, et se déploie tellement en possession qu’elle en oublie de rester compacte à la perte. Les transitions défensives sont catastrophiques, que ce soit avec une défense à quatre ou à cinq, et demandent du changement.
Jean-Louis Garcia joue le rôle désagréable de l’anesthésiste. Le cinquantenaire français siffle la fin du spectacle, et boucle ses quinze sorties serésiennes avec un triste bilan offensif de huit buts inscrits. Le bloc est plus refermé, sans être spécialement plus solide, et l’exploit individuel des talents de devant doit désormais se faire sur soixante mètres plutôt que sur trente. Maziz disparait des feuilles de stats, le vif mais frêle Mikautadze se débat comme il peut mais ne marque plus que trois fois, dont une depuis le point de penalty. Le spectacle est fini et les rares points compensent à peine. Seraing essaie de souffrir, sans avoir le talent individuel ni l’organisation collective suffisante pour se confectionner un gilet pare-balles.
Le joueur : Ibrahima Cissé
Si en débuts de saison, ce sont surtout les buts de Mikautadze et les coups de patte de Maziz qui ont fait parler d’eux, c’est un cran plus bas qu’il faut descendre pour trouver le plus régulier des Serésiens. Ancien espoir du voisin rouche, Ibrahima Cissé présente les cuisses et l’énergie du milieu de terrain moderne, même s’il manque parfois encore de ce métier qui permet de gérer le tempo et les évènements autour du rond central. Presque la seule garantie d’un secteur défensif généralement trop limité.
Le jeune : Guillaume Dietsch
International espoirs chez les Bleuets, le dernier rempart du Pairay s’est installé entre les perches de l’élite avec le profil du jeune gardien scolaire, plus formé au jeu qu’au combat. Souvent malmené dans les batailles aériennes d’un championnat qui se joue aussi avec les épaules, Guillaume Dietsch aura finalement coûté pas mal de buts à ses couleurs (il termine la saison avec cinq buts encaissés de plus que « prévu », selon les prevented goals), mais présente une belle marge de progression quand ses niveaux athlétique et mental auront atteint le même seuil que sa qualité technique.
Le chiffre : 9
En moyenne, les Métallos ont tiré au but à neuf reprises lors de chacune de leurs sorties de la saison. C’est le pire bilan d’une élite souvent prolifique en occasions. Le témoignage d’un manque de qualité pour amener le ballon à proximité du but adverse, doublée lors de l’arrivée de Garcia d’une disparition complète de tout plan offensif autre que l’exploit individuel en contre-attaque. En treize matches de D1A sous ses ordres, les fans de Seraing n’ont vu que 36 tentatives cadrées.
Le futur
Avec l’air de celui qui sait de quoi il parle, Jean-Louis Garcia a prévenu ses supporters : « Ce ne sera jamais une saison tranquille. On reste un petit club. » Satellite d’un FC Metz qui se prépare à reprendre l’ascenseur vers la Ligue 2, le RFC Seraing devra mieux se préparer s’il ne veut pas que ce maintien acquis de haute lutte ne soit qu’un sursis. Certains joueurs ont enchaîné les titularisations malgré un niveau indigne de l’élite, alors que les structures générales du club ont été pointées du doigt aussi bien par Condom que par Garcia. La saison prochaine, le maintien sera encore l’indéniable objectif des Métallos. Ce sera sans le coach français. Sans doute aussi sans Maziz et Mikautadze. Pour compenser la perte probable de deux joueurs qui pèsent 57% des buts de Seraing cette saison, il faudra mettre au moins un peu la main au portefeuille ou constituer une cellule sportive digne de ce nom. De ce point de vue, les évènements de la saison écoulée incitent plutôt au pessimisme.
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