Rüdiger : « J’ai le sentiment qu’on attend de moi que je me taise. Mais je le dis bien fort : je ne le ferai pas »
L’international allemand de Chelsea, Antonio Rüdiger, parle des cris de singe et autres insultes dans les stades.
Antonio Rüdiger à propos…
…des cris de singe à son encontre à Tottenham : « À l’heure de jeu, j’étais au piquet de corner. J’ai subitement entendu des cris de singe. J’ai donc fait un geste de singe pour signaler le fait à l’arbitre. La Premier League a demandé aux joueurs de signaler ce genre d’incidents. Mais après le match, les responsables de Tottenham n’ont pas trouvé de preuve. Je me demande comment il est possible que personne n’ait rien entendu, dans un stade de 60.000 places. Je passe donc pour un menteur. J’ai le sentiment qu’on attend de moi que je me taise. Mais je le dis bien fort : je ne le ferai pas. Ce que j’ai éprouvé en entendant cela ? C’était comme si je n’étais pas un humain mais une bête. Un singe. Je pense que nul ne peut le comprendre s’il n’a pas vécu pareille situation. Je me suis senti incroyablement seul contre Tottenham. Et, de fait, après, je suis resté seul. »
…des réactions qu’il attend : « J’aimerais que plus de footballeurs élèvent la voix. Ça n’a rien à voir avec la couleur de la peau. Nous sommes tous des joueurs. C’est pour ça que je ne comprends pas que ça se produise. Et il n’y a pas que le racisme : il y a aussi l’homophobie, l’antisémitisme… Et seules les personnes visées parlent. Quelques-uns de mes coéquipiers sont venus me soutenir après l’incident de Tottenham mais, à ce moment, j’avais surtout envie d’être seul. Puis Harry Kane, le capitaine de Tottenham, s’est dirigé vers moi et s’est excusé à plusieurs reprises. Je lui ai dit : « Tu ne peux rien y faire, tu n’as pas à t’excuser. » Mais il voulait que les gens comprennent que c’était un signal, que son club ne partageait pas les idées du coupable. Ça m’a fait du bien. »
…de Moussa Marega qui a quitté le terrain après des insultes racists : « J’ai bien étudié l’affaire. Marega a pris une carte jaune. Quand il a voulu quitter le terrain, ses coéquipiers ont voulu le retenir. Il n’a donc même pas eu le soutien des siens. Il était complètement seul. Ça m’a fait de la peine et c’est une preuve de plus que quitter le terrain ne sert à rien si les coupables ne sont pas identifiés et punis car à la longue, on devient soi-même la tête de Turc. »
Par Peter Ahens et Jörn Meyn
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