Philipp Lahm
La chronique de Philipp Lahm sur Xavi: « De nos jours, le charisme du coach est crucial »
Xavi is back. Grâce à lui, le FC Barcelone espère revivre l’ère grandiose qu’il a connue sous Pep Guardiola. Xavi a été un footballeur de classe mondiale grâce à sa technique, mais aussi sa vision du jeu. Le petit Catalan s’érigeait en véritable stratège et formait un duo complémentaire avec Andrés Iniesta. Xavi, c’était le métronome de l’équipe, Iniesta, l’homme qui devait distribuer le ballon.
Xavi convenait parfaitement à la philosophie du Barcelone version Guardiola. Xavi, Iniesta, Carles Puyol et Lionel Messi, tous ces joueurs ont incarné l’idée que toutes les positions sont interchangeables dans un football total. Ensemble, ils portaient l’équilibre entre attaque et défense à un autre niveau. La taille n’était déterminante ni dans le compartiment offensif ni en défense.
J’ai eu l’opportunité de rejoindre Barcelone à cette époque. Me produire avec tous ces grands noms eût été formidable. En y repensant, les larmes me montent aux yeux, mais en tant que gamin de Munich, je rêvais de remporter la Ligue des Champions avec mon club de toujours, le Bayern. Je ne me serais jamais pardonné d’avoir été absent à Wembley en mai 2013.
Mais les temps ont changé. Le Barça n’a plus gagné la Champions League depuis 2015. Il n’a même plus disputé de finale.
Le football barcelonais requiert une maîtrise technique parfaite et une grande intelligence, mais ses adversaires l’ont compris depuis longtemps. En 2010 déjà, José Mourinho et l’Inter étaient parvenus à empêcher le Barça de marquer. En demi-finales, l’équipe du Portugais avait barricadé le rectangle. Depuis lors, le principe de « parquer le bus » est devenu acceptable. Le football est devenu plus physique, plus dynamique. De nos jours, de nouveaux acteurs majeurs tels que Trent Alexander-Arnold, N’Golo Kanté, Paul Pogba, Alphonso Davies et Erling Haaland ont éclos. Que des athlètes qui, excepté Kanté, ressemblent davantage à Usain Bolt qu’à Xavi, qui ne mesure que 1m70.
Le Barça est-il suffisamment armé?
Au niveau économique, les cartes ont également été redistribuées. En 2011, Barcelone et le Real Madrid avaient de loin les plus gros budgets du monde, suivis à distance respectable par Manchester United (365 millions d’euros), le Bayern (320 millions) et Chelsea (250 millions). Maintenant, une dizaine de clubs européens disposent d’une enveloppe d’un demi-milliard, et deux fois plus de clubs se disputent les meilleurs joueurs et coaches.
Jadis, Arsène Wenger, Alex Ferguson et Johan Cruijff avaient le temps de devenir de véritables légendes de leur club. Désormais, ce sont des exceptions. Jürgen Klopp a eu la possibilité de former une équipe pendant quatre ans, mais chez un underdog, Liverpool. Les tout grands entraîneurs, comme Mauricio Pochettino, Thomas Tuchel, Antonio Conte ou Carlo Ancelotti, changent de club tous les deux ou trois ans. Il est difficile de changer beaucoup de choses en un laps de temps aussi court, mais ils ont compris qu’il est plus important de créer une bonne ambiance et d’être accepté par les vedettes.
Zinédine Zidane, lauréat de la Ligue des Champions trois saisons d’affilée avec le Real de 2016 à 2018, l’a lui-même reconnu: « Je ne suis pas le meilleur coach qui soit sur le plan tactique. » Mais son charisme lui permettait de sublimer son équipe. De nos jours, ce ne sont pas la philosophie ni des idées géniales qui font la différence, mais l’aura d’un entraîneur.
Du charisme, Xavi est possède également. Mais le Barça est-il suffisamment armé pour remporter des titres? Xavi va-t-il jouir de la confiance de la direction, à un poste auquel ses deux prédécesseurs réunis n’ont pas survécu deux ans? Autant de questions qui vont accompagner celui qu’on considère comme « le sauveur du Barça » dans la tâche considérable qui l’attend.
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