Comment Robert Lewandowski est devenu une machine à marquer inarrêtable ?
Marquer des buts lui semble aussi naturel que respirer. A 33 ans, Robert Lewandowski est presque toujours au bon endroit dès qu’il s’agit de propulser un ballon au fond des filets. Quel est son secret ? Et pourquoi est-il le grand favori pour le Ballon d’or cette année ?
Il y a huit mois, Bild, le célèbre quotidien allemand, demandait à Jürgen Klopp quel était le meilleur footballeur avec lequel il avait travaillé au cours de sa carrière. Sa réponse fut immédiate: « Robert Lewandowski ». L’ancien coach de Lewy au Borussia Dortmund n’a pourtant pas dans ses habitudes d’abuser du terme « meilleur » quand on lui pose ce genre de questions, mais il était visiblement heureux de faire une exception avant d’argumenter son choix. « C’est extraordinaire ce qu’il a su tirer de son potentiel », a commencé le technicien né à Stuttgart. « Il n’a pas sauté une seule étape pour devenir ce phénomène de buteur. Pas une seule. Il s’est immergé dans le jeu et sait quoi faire et où aller dans chaque situation. Lewandowski est une machine inégalée. », conclut Klopp
Au cours des six dernières saisons, le Bomber polonais a marqué plus de quarante buts pour le Bayern Munich à chaque exercice. Et cette nouvelle saison est bien partie pour s’inscrire dans la même lignée. Après dix-huit matches officiels cette saison, son compteur affiche déjà… 24 buts. Au cours de l’année civile 2021, il a déjà inscrit 72 buts et délivré 14 passes décisives en club et en sélection. Des statistiques insensées qui appartiennent aux univers parallèles créés par Lionel Messi et Cristiano Ronaldo au cours de la deuxième décennie du XXI siècle. « Robert qui marque des buts, c’est comme le soleil qui se lève tous les jours », déclarait voici deux mois Joshua Zirkzee, prêté par le Rekordmeister bavarois à Anderlecht, dans un entretien au Laatste Nieuws. Le capitaine des Jong Oranje l’a longtemps observé à l’entraînement à Munich. Il a découvert que le secret de Lewy réside dans une consistance presque absurde. Il ne rate jamais ou presque une occasion qui s’offre à lui.
Atteindre un tel niveau demande du temps et beaucoup de travail. Lewandowski est un footballeur qui a dû façonner son talent. À dix-neuf ans, il a compris qu’il devait en faire plus que certains pour réussir au plus haut niveau du football polonais. Ce n’est qu’un an après son transfert de Lech Poznan au Borussia Dortmund qu’il a vraiment tourné la page, a-t-il déclaré à France Football dans une interview datant de juin 2020. Agé de 22 ans, Lewandowski a commencé à regarder le football d’une manière différente grâce à l’aide de Jürgen Klopp. C’était comme si l’on lui donnait un microscope qui lui permettait de découvrir un tout nouveau monde à travers l’oculaire.
L’INTELLIGENCE EN MOUVEMENT
Demandez à quelques entraîneurs ou joueurs de Bundesliga quelles sont ses qualités et vous obtiendrez l’ébauche d’un attaquant de rêve. Personne ne peut être beaucoup plus complet que Lewandowski. Pourtant, il existe un élément spécifique qui est mieux développé chez lui et qui fait ressortir toutes ses autres qualités: son intelligence de déplacement. Le Polonais effectue toujours la bonne course au bon moment. Lorsqu’il surgit au premier poteau devant un gardien ou un défenseur, cela semble souvent dû à une inattention de l’adversaire. Mais c’est une question d’interprétation. Lewandowski est passé maître dans l’art du timing de ses courses. « Il sent les choses comme personne. Robert est très intelligent », a récemment déclaré sélectionneur polonais Paulo Sousa à Sky Sports. « Il pose toujours des questions, veut savoir exactement ce que nous prévoyons, s’enquiert de notre stratégie pour certains matches, demande pourquoi nous préférons un joueur plutôt qu’un autre et s’interroge sur certains ajustements tactiques. Robert écoute attentivement lorsque nous discutons de tactique avec l’équipe et comment nous analysons notre jeu et celui de l’adversaire. Il comprend toujours très vite et très rapidement. »
INSTINCT DU BUTEUR
Selon Lewandowski, le sens du but est une qualité essentielle pour un attaquant de haut niveau. C’est même son essence. Il a été repéré par le Borussia Dortmund, qui voyait en lui un attaquant talentueux capable de marquer facilement. Mais le Polonais a surtout compris qu’il ne s’améliorerait jamais s’il se fiait uniquement à cet instinct. Dans de nombreuses interviews, Robert Lewandowski parle des effets de son travail : sans cesse répéter les mêmes gestes, les mêmes déplacements, apprendre à s’adapter à toutes les situations et améliorer au maximum le don qu’il possède. Son instinct de buteur s’est bonifié car il marque des buts presque tous les jours depuis dix ans. « Nonante pour cent des buts sont liés à votre cerveau qui fonctionne encore suffisamment vite et à votre niveau de concentration », expliquait l’attaquant dans les colonnes de France Football à l’été 2020. « Si vous êtes fatigué, vous réfléchissez automatiquement plus lentement. Dans la surface de réparation, vous n’avez que 0,1, voire 0,2 seconde pour réfléchir, prendre une décision et la mettre en pratique avec le ballon. C’est ce que nous travaillons pendant l’entraînement, pour produire des mouvements automatiques et des tirs automatisés. Que ce soit depuis la gauche ou la droite, cela ne doit pas avoir d’importance. Vous devez être prêt. Vous ne pouvez pas perdre du temps à réfléchir, vous devez le faire. Si vous pensez trop à votre action, c’est contre-productif. »
Personne n’a été plus régulier que lui au cours des deux dernières années. Lewandowski s’est assuré une place dans les livres d’histoire en battant l’ancien record de buts de Gerd Müller. Il aurait pu recevoir le Ballon d’Or l’année dernière si France Football n’avait pas annulé l’élection en raison de la pandémie de coronavirus.
Lewandowski a semblé un peu agacé par cette décision qu’il a trouvée injuste au regard de ses performances. Mais il a continué stoïquement à faire ce qu’il fait depuis des années maintenant. Marquer un but puis un autre puis encore un autre, comme lee soleil qui se lève chaque jour. S’il devait recevoir le Ballon d’or ce lundi soir, ce ne serait donc une récompense plus que méritée.