Cinq choses à savoir sur le SC Fribourg, le nouveau club d’Hugo Siquet
Les Breisgau-Brasilianer sont la surprise de ce début de saison outre-Rhin. Actuel quatrième de la Bundesliga, Fribourg est un club stable qui se maintient au sein de l’élite allemande depuis de nombreuses années sans faire de folies financières. Voici cinq choses à savoir sur le nouveau club d’Hugo Siquet.
Hugo Siquet va donc quitter le Standard à la fin de l’année civile pour sa première expérience à l’étranger. Comme Aster Vranckx cet été, il franchira le Rhin pour évoluer en Bundesliga où la colonie belge n’a cessé de s’étoffer ces dernières années avec notamment la colonie belgo-borussen composée d’Axel Witsel, Thorgan Hazard et Thomas Meunier et le quatuor de Loups Koen Casteels, Dodi Lukebakio, Sebastiaan Bornauw et Aster Vranckx à Wolfsburg. Avant eux, nos compatriotes avaient été à la mode du côté de Schalke 04 à la fin des années 90- début des années 2000 avec les Marc Wilmots, Emile Mpenza, Mickaël Goossens et Nico Van Kerckhoven puis au Borussia Moenchengladbach du coeur des années 2000 avec des Bernd Thijs, Wesley Sonck, Filip Daems et encore Nico Van Kerckhoven. Mais c’est un club beaucoup moins connu du public belge que rejoindra l’arrière droit du Standard et de l’équipe nationale des espoirs. Le SC Fribourg n’est évidemment pas un nom ronflant du football allemand. Il méritait donc bien une petite présentation.
1. Quatre fois champion de la D2 allemande et une fois sur le podium de la Bundesliga
Fribourg a accédé pour la première fois à la Bundesliga en 1993 après avoir remporté le titre en Division 2. Depuis 27 ans, le club de Bade-Wurtemberg est resté 20 saisons au sein de l’élite allemande. De 2006 à 2009, les Brésiliens du Brisgau, comme on les surnomme, sont retournés quatre saisons de suite dans l’antichambre du foot teuton. Les trois autres fois, le purgatoire n’aura jamais duré plus d’une saison. A l’exception de 1997 où ils sont revenus en Bundesliga en temps que deuxièmes, les « Rouges et Noirs » ont à chaque fois été champions. Actuellement quatrième de la compétition allemande, Fribourg n’occupe pourtant pas la meilleure place de son histoire. Pour sa deuxième saison en Buli lors de l’exercice 1994-95, l’équipe entraînée par Volker Finke va terminer troisième à seulement trois petits points du champion de l’époque, le Borussia Dortmund. Lors de la saison 2012-13, Fribourg terminera cinquième et fut sixième lors de l’exercice 2000-2001. Mais généralement, le club a l’habitude de se classer dans le ventre assez mou de l’élite allemande avec des douzièmes, treizièmes ou quatorizièmes places.
2. Surnommés les Brésiliens du Brisgau
Breisgau-Brasilianerdans la langue de Goethe, voici donc le surnom des joueurs de Fribourg. Pour en comprendre l’origine, il faut remonter au début des années 90 lorsque le club n’était qu’un jeune promu. Uwe Wassmer, Rodolfo Cardoso et Harry Decheiver. Trois noms associés à trois victoires mémorables contre le grand Bayern Munich en trois saisons, à chaque fois sur un score net (3-1, 5-1 et 3-1). Dans son Dreisamstadion à l’atmosphère famiale et chaleureuse, les hommes de Volker Finke déposent leur carte de visite au plus haut niveau du football allemand et s’attirent une cote de sympathie qui reste encore intacte un quart de siècle plus tard. Grâce à ses succès contre le Rekordmeister, Fribourg a construit sa réputation d’équipe sympa et attractive. Le Bayern Munich, aussi surnommé FC Hollywood en raison des caprices de certaines de ses stars, joue contre une équipe à l’opposé de ses principes, avec le collectif comme principale vedette.
Dans la ville la plus ensoleillée d’Allemagne, les Fribourgeois proposent un football de passes courtes et rapides que les observateurs de l’époque vont vite associer au jeu brésilien. L’équipe est majoritairement composée d’Allemands et la caution sudaméricaine du Joga Bonito se trouve dans les pieds de Rodolfo Cardoso, Argentin, et l’un des rares étrangers de l’effectif. Dans le football de Finke, les longs ballons n’existent pas et le jeu léché sera sa marque de fabrique, même lors des relégations. Même si depuis, le Bayern Munich a su trouver la parade face à ces Brésiliens de la Forêt-Noire.
3. Des entraîneurs à long terme
Alors que bon nombre de clubs licencient leurs techniciens à tour de bras quand les résultats ne suivent plus, Fribourg a opté pour une toute autre approche. Sur les trente dernières années, le club frontalier avec la Suisse n’a connu que trois coaches. Il y a eu tout d’abord Volker Finke qui est resté 16 ans à la tête des Breisgau-Brasilianer. Après une carrière anonyme en amateurs, il obtient de beaux succès comme entraîneur dans des clubs de moindre envergure comme Steligen, Halvese et Norderstedt. Il débute à Fribourg en 1991 et le club passe de la 13e place de la seconde division allemande à la 9e avant de se rapprocher des sommets et d’être promu en Bundesliga via le titre en 1993. Finke aime le jeu offensif et ses hommes vont faire plier le Bayern Munich trois saisons de suite comme on l’a expliqué plus haut. Une fois troisième et une fois sixième, le club navigue pour le reste entre la 12e et 15e place malgré son football attractif. Sous Finke, le Sport-Club effectuera la culbute à trois reprises pour remonter directement la saison suivante lors des deux premières relégations. Après avoir échoué à deux reprises au pied du podium de la Bundesliga 2, le fidèle technicien sent qu’il est peut-être temps de céder le flambeau. Il deviendra ensuite sélectionneur du Cameroun.
Son successeur Robin Dutt aura un mandat bien plus court même si on peut le considérer comme long en comparaison de ce que l’on peut voir dans d’autres clubs. Grâce à son attaquant Mohammadou Idrissou, il ramène le club de Brisgau parmi l’élite dès sa deuxième saison sur le banc de touche. Il le maintiendra ensuite deux saisons avec une 9e place lors de la seconde qui attirera l’attention du Bayer Leverkusen. La suite de la carrière de celui qui entraîne désormais Wolfsberger en Autriche ne sera pas aussi brillante.
Marcus Sorg lui succède quelques temps en provenance de la 2e équipe du club. La dégelée au Bayern sur le score de 7-0, ce qui reste la plus lourde défaite des Breisgau-Brasilianeren Bundesliga, propulse son adjoint Christian Streich à la tête de l’équipe. L’homme est toujours le maître à bord sur le navire de la rivière Dreisam. Après avoir maintenu le club, Streich qui a terminé sa carrière de joueur à Fribourg alors en 4e division parvient à maintenir le club parmi l’élite depuis lors à l’exception d’un aller-retour avec un titre de champion dans l’antichambre de l’élite teutonne lors de la saison 2015-2016. En dix ans au club, Streich compte quasiment autant de victoires que de défaites (134 pour 136) en plus des 100 matches nuls obtenus. Son meilleur résultat final avec le SCF est une cinquième place lors de la saison 2015-2016. Un classement qu’il améliore pour l’instant et qu’il espère pouvoir conserver, même s’il reste encore 21 journées à disputer.
4. Un stade flambant neuf
Depuis le 16 octobre, le Sport-Club évolue au sein d’une arène flambant neuve. Elle a été inaugurée à l’occasion de la réception du RB Leipzig et le match s’est terminé sur un partage (1-1). Le premier but signé dans cette nouvelle enceinte n’aura pas été l’oeuvre d’un joueur local puisque c’est le SuédoisEmil Forsberg qui a fait trembler les filets sur un pénalty converti à la 32e minute de la rencontre.
Le nouveau stade baptisé Europa-Park compte 34 000 places et est situé dans le quartier de Wolfswinkel. Avant ce déménagement, les Breisgau-Brasilianer évoluaient dans le Schwarzwald-stadion et ses quatre tribunes séparées. L’enceinte inaugurée en 1954 et rénovée dans sa forme actuelle dans les années 90 comptait 24 000 places et a porté différents nom au cours de sa « carrière » (Stadion an der Schwarzwaldstraße, Mage Solar Stadion, Badenova-Stadion et Dreisamstadion).
5. Stabilité, jeunes du cru et joueurs fidèles, maîtres-mots de la politique sportive
Au fil des années, Christian Streich est parvenu à construire une équipe solide défensivement, jouant des contres mortels grâce à des ailiers très rapides. Articulé dans un 3-4-3 offensivement qui peut se transformer en 5-4-1 en phase défensive, Fribourg est actuellement l’équipe de Bundesliga qui a encaissé le moins de buts. (13 en 13 rencontres tout comme le Bayern Munich). Les flancs offensifs Vincenzo Grifo et Woo-Yeong Jeong sont les deux joueurs les plus influents de la zone d’attaque. Depuis 30 ans, Fribourg aime s’appuyer sur des joueurs allemands, idéalement formés au club, et qui s’inscrivent dans la durée.
Comme le défenseur et capitaine Christian Günter (présent depuis 2012) et le milieu de terrain Nicolas Höfler (présent depuis 2010), tous deux issus du centre de formation de l’équipe au maillot rouge et noir. Même un élément comme l’Italien Grifo est devenu un fidèle puisqu’il est présent au club depuis 2015 malgré des passages à M’Gladbach (2017-18) et à Hoffenheim (première partie de saison de 2019-20).
Parmi les autres cadres installés depuis des saisons au Schwarzwald-Stadion, on citera aussiNiels Petersen (actuel meilleur buteur de l’histoire du club avec 94 buts, passé par le Bayern et arrivé en 2014), l’ailier français Jonathan Schmid , lui aussi formé au club mais qui lui a été infidèle cinq saisons avant de revenir en 2019. Enfin, le leader technique hongrois de l’équipe Roland Sallaien est à sa quatrième saison dans la Forêt-Noire après son arrivée en 2018 en provenance de l’APOEL Nicosie.
En signant à Fribourg, Hugo Siquet a donc fait le choix de la stabilité et d’une atmosphère familiale. Si certains observateurs prédisent une belle carrière à l’arrière droit, il est possible vu l’environnement de son nouveau club qu’il s’y installe dans la durée et devienne peut-être, en référence au sobriquet de son nouveau club, le « Cafu de Brisgau ».
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