Vincenzo Nibali va tirer sa révérence: « Il n’est jamais parvenu à emballer les foules et n’a pas réussi à susciter des vocations »

Le Requin de Messine pointe actuellement à la 53e place du classement général de cette Vuelta à plus d’1h30 de Remco Evenepoel. Comme un passage de témoin pour celui qui a remporté les trois grands tours au cours de sa carrière.

Jamais dans son immense carrière, Vincenzo Nibali n’a été suspecté de dopage. « Jusqu’à preuve du contraire, comme on dit en Italie, il a toujours roulé au pain sec et à l’eau. Ça donne un relief supplémentaire à sa victoire au Tour de France », explique Marco Pastonesi, le biographe de celui qu’on surnomme « Le Requin de Messine ». Il ajoute: « De tous les coureurs modernes, il est celui qui se rapproche le plus de la vieille école, dans le sens positif du terme. Il était actif d’un bout à l’autre de la saison, on le voyait dans les courses du printemps et il était toujours là au Tour de Lombardie. Il aurait pu rouler du temps de Coppi et Bartali. Il suffit d’observer attentivement son visage qui traduit la souffrance, l’effort. On ne lui a donné aucune victoire, il a mérité tout ce qu’il a gagné, il ne doit rien à personne. »

Malgré son palmarès impressionnant, Vincenzo Nibali n’a jamais atteint le statut mythique, immortel des campionissimi du passé. De même, il ne rivalise pas avec ces champions sur le plan de la popularité. « Il n’est jamais parvenu à emballer les foules, il n’a pas réussi à susciter des vocations. Il n’a pas le caractère explosif de Mario Cipollini, il n’a pas le côté mystérieux d’un grimpeur comme Pantani. Il n’a pas déclenché le même effet dans le public que Valentino Rossi dans le sports mécaniques ou Alberto Tomba en ski. Nibali a été et est toujours une référence dans sa discipline, mais ça s’arrête là. »

Nibali est dans le cercle très fermé des sept coureurs qui ont gagné les trois grands tours.

Pastonesi pense que si Le requin de Messine n’a pas dépassé les frontières de son sport, sa personnalité renfermée y est pour quelque chose. « Il est incroyablement timide, très sérieux et concentré sur sa vie privée. Quand vous lui posez une question, il vous répond sans vous regarder dans les yeux, comme si c’était un réflexe pour se protéger. Souvent, le premier mot de sa réponse est niente (rien), comme s’il n’avait en fait rien à raconter. Mais ce n’est absolument pas le cas. Si vous arrivez à lancer une conversation profonde, il devient très ouvert et très direct. Alors, il arrête de peser chaque mot. Mais il est concis, il va droit au but. Il n’a toutefois pas l’aura, en public, d’une Federica Pellegrini, notre championne de natation. Elle pourrait présenter le Festival de Sanremo. Nibali ne serait qu’un invité. C’est ça, la différence. »

Lire ce reportage complet sur Vincenzo Nibali dans notre ZONE + ou dans notre hors-série de Sport/Cyclisme Magazine consacré à la Vuelta et aux championnats du monde.

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